Archives de catégorie : Argentine

Buenos Aires

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Le navire-école « La Libertad »

On ne va pas refaire le coup de la sérendipité, mais quand même… On arrive à Buenos Aires, où en principe on ne connaît personne, si ce n’est vaguement, par email, un copain de copain, voileux lui aussi. Un vrai. Et ça suffit pour l’alchimie, pour sortir de la routine de la préparation du bateau pour l’hivernage…

L’équipage de Kousk Eol au grand complet se fait embarquer pour une découverte de Buenos Aires avec deux guides extraordinaires: Éric et Ximena ont décidé d’éduquer ledit équipage aux us et coutumes de la vie des porteños.

– Premier soir : petit tour dans les vieux quartiers et remise à zéro des calibres concernant la taille adéquate et raisonnable pour un steak. Minimum 500 grammes dans l’assiette, 3 ou 4 cm d’épaisseur cuits à point au barbecue (on l’a joué petits bras : on pouvait aller jusqu’à 900g d’après la carte!), évidemment accompagnés du malbec qui va bien, de la vallée de Mendoza of course…

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– Deuxième soir : séance tangos chantés au bistrot/restaurant Los Aureles, en fonctionnement depuis 1893… Rien que des petits jeunes d’au moins 80 ans qui repassent le répertoires des grands, dans un cadre qui n’est pas sans rappeler les vieux bistrots/cafés concerts parisiens : la plus en forme est une chanteuse de 95 ans, avec une pêche d’enfer ! Ce qui semble surprenant est que tout le monde, jeunes et moins jeunes connaissent le répertoire. Émouvant et prenant.

– Troisième soir : il se trouve qu’une des dernières légendes du tango, Rodolfo Mederos, se produit avec son bandonéon et son orchestre au Torquato Tasso, haut lieu de la culture tango à Buenos Aires. Que des aficionados dans la salle, qui connaissent tous les morceaux: visiblement pas un coin à touristes. Quatre bandonéons dans l’orchestre, avec piano, violons, guitare, contrebasse: même quand on n’y connaît rien, les mélodies du tango vous prennent aux tripes ! Ce sera l’apothéose de ce court séjour dans la capitale argentine…

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Rodolfo Mederos seul et avec son orchestre

Merci encore, Eric et Ximena ! Mais vous vous exposez gravement à nous revoir un de ces jours…

Eric a lui aussi son site. Jetez-y un coup d’œil : c’est un grand navigateur, qui a tiré des bords avec Poupon, Brel, Moitessier, entre autres, et navigué sur presque toutes les mers. Et une mine de renseignements : mouillages, météo, routes, …

Ce soir, vol vers la France pour fêter Noël en famille… Retour début Janvier 2014.

 

Salvador-Buenos Aires (by Frank)

Although this blog never had an intent to describe the truth objectively, it may be interesting to provide, sometimes, testimonies from crew members so that the reader can build her/his own opinion… This time, this also fulfills the (non-)objective of demonstrating some respect to our non-French speaking friends.

Here is a record of the trip from Salvador to Buenos Aires, as lived by a famous pirate, Frank.

Nov 21:

Arrived in Rio again, from the sea this time, after fast transit from Salvador. Quick stop only, to get some sleep & do some adjustments on boat. Leave tonight for overnight sail to next stop, clear Brazil paperwork, then stock-up & leave Saturday morning for Uruguay, maybe 6-7 days run. Plan is reach Buneos Aires 11/30 or 12/1. If so, no flight change, Carol. Can’t be sure yet.

Nov 27:

Hello world!

Had to stop at Rio Grande, in far south Brazil, as bad weather tonight & Thursday AM made getting to Uruguay a bit risky. What’s that saying about discretion and valor?
Pulled into a marine research institute.The guard told us to leave (I think), but the Director came out and invited us to stay….great people!
Hope to leave tomorrow PM and go directly to Buenos Aires, getting there Sunday, 12/1, as the trip so far was quite fast. We will see!
Looking forward to some Argentine beef on Sunday (and Monday, and Tuesday), washed down with a good bottle or two of Malbec! Yum!!

Cheers, Frank

Dec 2:

Hello crew!

Arrived BA yesterday evening, just about on schedule. This is the final, thrilling episode of the travels of the intrepid mariners!

Trip from Rio Grande was a bit longer than expected, because we had calm winds & sea for pretty much half the journey.

Arrived at the (extremely wide) mouth of the River Plate Saturday afternoon, still ~170 miles to BA, and at nightfall we reached the entrance to a very long, narrow and shallow channel (130 miles long),marked by illuminated channel markers, thinking, we’ve done it, smooth sailing up the river overnight, cruise to BA, steak dinner… Relax and enjoy! WRONG!

Right there we were hit by a completely un-forecasted gale, that blew all night, with very rough water throwing the boat around. The auto pilot was unable to cope, so we spent all night trying to keep the boat in the marked channel by physical effort, navigating only by going from one lighted channel marker to the next, soaked, cold and tired, one person always at the helm, while the other tried to get warm or rest for a few minutes, the boat screaming along at crazy speeds through the gale (no brakes on these things, and because of the restricted channel width, no option to change course). Just when we thought it couldn’t get worse, we get notification of a stream of commercial ships (cargo, tankers…) coming down the channel from BA. No choice, we now had to get out of the channel, as there was not enough room in the channel to pass, with the boat careening all over the place, and the big ships definitely couldn’t (and wouldn’t ! ) leave the channel, as they would hit bottom. So there we were, running at speed outside the channel, expecting at any minute to run aground in the dark. The ships eventually passed after a couple of hours, so we survived that scare and got back in the channel… Relax…..sort if!

Then it got really bad! One of the channel markers was faulty, no illumination in the dark, wet weather. We hit this thing really hard. Actually, first thought was that we had run aground, until we glimpsed the dark buoy flying past and bouncing off the boom. These thing are steel & concrete, probably 12 feet tall, above water, and maybe weigh over a ton, so a real problem if you hit one at any speed, and we were going really fast. Quick damage assessment…… We hit a glancing blow, but it made a small (non-structural) dent in the hull, and the boat was still watertight. Morning revealed where the buoy hit the boom, the topping lift (line that supports the end of the boom, up to the top of the mast) was gone, but at least the (brand new) boom wasn’t broken!

The gales and rough water kept up until around mid-day Sunday, progressively declining until we had calm, sunny conditions for the final few hours run into BA, tired, hungry, but determined to get a steak dinner.

Sailed 2000 miles and all this happens in one 18-hour period……. You couldn’t make up this stuff!

Now at a very nice marina in the center of BA, shops, restaurants etc in a recently resonated waterfront area.

An up market steak dinner tonight, few chores tomorrow, then late flight from BA to Houston, then connection to San Francisco.

Here endeth the final message.

Ciao, Frank

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Two foreigners being exposed to proper Argentinian culture…

De Rio Grande à Buenos Aires

Nous partons comme prévu de Rio Grande vers 18h UTC le 28 novembre, laissant le professeur Barcellos à ses projets, avec la marée cette fois, et sur la fin du coup de vent. Comme à l’arrivée, nous slalomons entre les pêcheurs et leurs filets en travers du chenal…

Petit temps une fois en mer : le moteur sera plusieurs fois sollicité. Nous trouverons une flotte de pêcheurs assez importante la première nuit : on ne s’ennuiera pas pendant les quarts !

Nous passons la frontière entre le Brésil et l’Uruguay, à une 20e de milles au large de l’Arroyo de Chui, vers 18h50 UTC le 29 novembre. Seulement 135 milles en 24h cette fois : on est loin des 180 milles auxquels nous commencions à nous habituer…

La météo tient ses promesses jusqu’à l’entrée du Rio de la Plata : alternance de vent d’Est et de thermique. Croisière de vieux (que nous sommes!).

Mais ça va changer !

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Lever de soleil et vent arrière…

Arriver à Buenos Aires en remontant le Rio de la Plata : c’est comme Rio et sa baie, non ? Ben, pas tout à fait… Le Rio de la Plata, c’est un peu le Kuala Lumpur du coin: eaux boueuses à souhait, charriant branches et autres jacinthes d’eau ! L’estuaire est immense : 120 milles à l’embouchure entre Punta del Este et la Punta Rasa, et 160 milles de l’embouchure à Buenos Aires, en longeant un interminable chenal.

Alors nous, pour varier les plaisirs, on se fait le chenal par vent du Nord (donc près serré dans certains passages, 3 ris et 1/2 trinquette) de 25 à 35 nœuds (le chenal fait 0,2 milles entre bouées)… Et par nuit noir foncé: la pleine lune que nous avions au départ de Salvador s’est fait sa malle quasi mensuelle…

Pourquoi un chenal sur si long ? Tout simplement parce que le Rio Grande dépose une quantité énorme d’alluvions, et que le fond n’est que de quelques mètres, passant parfois sous la barre des 3 mètres !

On se fait même un peu peur : la nuit noire, c’est bien pour voir les balises du chenal. On est en zone B, donc rouge à droite, vert à gauche pour entrer dans les chenaux… Super facile. Sauf quand une balise est en panne et qu’on la confond avec la suivante : grosse frayeur lorsqu’elle touche Kousk Eol ! Du coup, tout le monde sur le pont : à deux s’est facile… Un à la barre, l’autre à la carte et au GPS… Et rappelez vous, le vent s’est levé, contre toute attente : la nuit sera longue !

Il faut aussi vous dire qu’on doit évidemment partager avec d’autres yachts : pétroliers ou porte-conteneurs, quand on se croise de si près, ça secoue ! Putain de vague d’étrave ! L’AIS prouve ici son utilité.

Récompense : nous arrivons dimanche 1er décembre au soir à Buenos Aires et Kousk Eol est amarré à un ponton dans les anciens docks réhabilités, dans le centre ville, où il passera les fêtes de fin d’année. Classe…

Et nous : parillada arrosée de malbec demain soir. Finis les fejoadas, moquecas et autres caipirinhas !

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Kousk Eol est un joli bateau, et les Argentins s’y connaissent en jolis bateaux!

Deux semaines pour faire les 2000 milles entre Salvador et Buenos Aires, avec deux stops d’une journée : Kousk Eol marche décidément bien (mais aussi, quel équipage!).

Le plus dur a finalement été de tout faire en Anglais, pour cause d’équipier Jamaico-Britanico-Américain : le vocabulaire technique (les insultes marines en font partie!) du personnel navigant s’est fortement enrichi. Frank, if you use Google to translate this, don’t trust the translation ! I will definitely miss the nice cooking..

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Cuisine simple selon Frank…

Petit complément à l’article sur les couilles des Glénans : saviez-vous que la boucle qui coince TOUJOURS un bout devant passer librement dans une poulie ou une filière au moment le plus critique* s’appelle « ass hole » en Anglais ? Henry : peux-tu nous trouver une explication à cette référence au moins scatologique sinon plus, sans ressortir le coup du foc qui tue ?

Note

*  On ne trouve des bouts qui ne coincent pas que sur les bateaux qui ne naviguent pas. Point.

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La « fameuse » Place de Mai à Buenos Aires