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Des mécréants au paradis : sur la piste de Joshua Slocum.

À St Hélène, il n’y a que des Saints : c’est ainsi que se nomment eux-mêmes les habitants de l’île. Je vous pose donc la question : où trouve-t-on le plus de Saints ? Justement : en conséquence, St Hélène est synonyme de paradis. CQFD. Continuons.

St Hélène est aussi connue pour avoir été sélectionnée par les Anglais comme destination exotique pour la première offre de vacances longue durée et « all inclusive » pour clients de marque. En l’occurrence, notre little big man à nous. En vrais précurseurs, ils devançaient ainsi le Club Med de largement plus d’un siècle.

Ajoutez à cela que comme par hasard, St Hélène est idéalement située sur le trajet du Cap aux Antilles, au premier tiers de cette traversée.

Vous conviendrez facilement qu’il nous était impossible, dans ces conditions, de sauter cette étape, où passer deux ou trois nuits à peu près au calme, et refaire le plein d’eau…

Kousk Eol au mouillage…
Capitainerie et douanes.

St Hélène est une île volcanique d’environ quinze kilomètres sur huit, qui culmine à un peu plus de huit cents mètres, dont la capitale est Jamestown, au nord, où se trouve aussi le seul mouillage. L’île est en effet entourée de falaises inabordables. C’est une dépendance britannique où y vivent quatre mille cinq cents habitants, qui bat sa propre monnaie : la livre de St Hélène. Les quelques voitures y roulent donc à gauche : il y en a tellement qu’une immatriculation à quatre chiffres est suffisante…

PAs trop compliqué pour les contredanses…

Le bel aéroport tout neuf mais mal orienté1 devrait aider à sauvegarder le statut de paradis de l’île, la préservant d’invasions massives, clientes des concurrents modernes des premiers organisateurs de villégiatures exotiques. En attendant, il alimente bon nombre de discussions et critiques, sur l’incompétence des experts et la gabegie des pouvoirs publics.

Jeamestown est en dehors du temps. L’église anglicane du centre est la plus ancienne de l’hémisphère sud. Plusieurs maisons sont de style colonial, avec leurs colonnades et leurs galeries. Les Saints ne semblent pas rancuniers : une rue de la capitale a été baptisée « Napoleon Street ». Bon d’accord, c’est une rue et pas une avenue. Ceci dit, il n’y a pas beaucoup d’avenues sur l’île…

La plus vieille église anglicane du Sud.
La porte de la ville de Jamestown.
La rue NApoléon.

Bonhomme de neige vu par les petits Saints…

L’hôtel Consulate notamment est très pittoresque : belle façade à colonnades et galeries, avec un intérieur très riche. La salle à manger en particulier, dont une grande partie des boiseries et des meubles provient d’épaves du siècle dernier. La pièce maîtresse du plafond est en fait le grand mât d’un voilier qui a terminé sa carrière ici.

Façade du Consulate Hotel.
Salle à manger du Consulate.

La population est très cosmopolite et métissée. L’île est très dépendante des importations de denrées de toutes sortes, et de ce fait, la vie y est plutôt chère, comme en Polynésie ou en Nouvelle-Calédonie. Le choix dans les deux ou trois « super marchés » est directement lié à la date du dernier passage du cargo approvisionneur qui fait la rotation avec Cape Town et Ascension toutes les deux semaines. Ce bateau, le RMS2 St Helena, est le dernier du genre dans le Commonwealth. Pour les courses, c’est donc un peu problématique, et cher. De plus, la sécheresse des six derniers mois fait qu’il y a très peu de légumes ou fruits locaux.

RMS St Helena.
On décharge du gros!

Même s’il y a une prison dans le centre de Jamestown, la criminalité ici ne semble pas être un gros souci : les prisonniers partent accomplir des tâches civiques vaguement escortés. La banque ne bénéficie d’aucune protection particulière : l’accès à l’arrière des guichets n’est même pas fermé ! Heureux pays !

La prison.

Au syndicat d’initiative, nous réservons un tour de l’île avec visite du Coin des Français et de la distillerie la plus isolée du monde, pas moins : ce sera pour lundi. Car le samedi et le dimanche, tout est fermé… Il ne faut pas oublier que nous sommes ici pratiquement en Grande-Bretagne.

Pour le moment, nous sommes samedi, et cet après-midi, la France joue contre l’Irlande au rugby, tournoi des Six Nations oblige. Les Anglais que nous croisons vont jusqu’à nous encourager… Des Anglais supportant les Français, vous y croyez, vous ? « You have to understand, we hate Irish even more than French, so you will have lots of supporters this afternoon ! ». En se débrouillant bien, on arrivera peut-être à réhabiliter Napoléon avant ce soir3.

Bernard à côté d’une célébrité locale.

Petite anecdote rappelant à ceux qui l’auraient oublié, et qui ne jurent que par croissance à deux chiffres, que notre planète est limitée. Devinez qui mouille à côté de Kousk Eol ? Pentagram, le voilier anglais d’Emma et Andrew, que nous avions rencontré l’an dernier à Christmas. Ils sont à St Hélène quelques mois, pour travailler et remplir les caisses de leur Oyster 41 afin de pour voir continuer leur voyage.

St Hélène est aussi un sanctuaire à requins baleines réputé : nous n’en avons pas vu pour l’instant…

Bon : ça fait peut-être un moment maintenant que vous vous posez la question : « Mais pourquoi Sur les traces de Slocum ? », non ? Eh bien figurez-vous que le grand Joshua Slocum, premier circumnavigateur solitaire, à la fin du dix-neuvième siècle s’il vous plaît, s’est arrêté à St Hélène en 1898.

D’autres célébrités ont aussi fait escale ici, comme Haley venu y observer sa comète.

Dimanche 26 février 2017. Nos voisins toulousains, sur Iò, sont partis ce matin : nous les retrouverons sans doute à Fernando de Noronha. Le RMS St Helena lève l’ancre peu après pour le Cap. Comme tout est fermé aujourd’hui, nous en profitons pour bricoler, ranger et faire une petite lessive. La bande anti-UV du génois attendra un peu : le vent ne permet pas une manipulation sereine… Une inspection de la coque montre que les sangles de mise à l’eau ont un peu frotté l’anti-fouling tout neuf : rien de grave, mais dommage. La plaque de caoutchouc autour du sail-drive, elle, a bien tenu.

Le programme pour cet après-midi est chargé : montée de la Jacob’s Ladder vers le quartier résidentiel, lessive et internet. Pour aller à terre, le plus simple est d’appeler sur le seize de la VHF le ferry boat : service public utilisé par tous les marins du coin pour rejoindre leur bateau, deux livres aller-retour, départ à l’heure ronde, mais finalement très pratique, car le quai est très exposé à la houle.

Le ferry boat.

La Jacob’s Ladder, en fait un très raide escalier, monte sur un peu moins de deux cents mètres vers Ladder Hill où une grande partie des îliens habitent. Nous compterons six cent cinquante-neuf marches, mais un panneau au sommet en indique six cent quatre-vingt-dix-neuf. Un Saint nous explique qu’en fait, l’escalier a été refait et qu’il comporte effectivement un peu moins de marches. Bon, ça fait malgré tout plus de mille trois cents marches aller-retour. Excellent pour les articulations des genoux ! On va peut-être revoir le concept de paradis…

Et on y va!
Avant la montée…
Un peu plus tard…

Au sommet, magnifique vue sur Jamestown et sa petite baie. Nous apercevons même sous la surface l’épave du SS Papanui, qui s’est échoué chaudière en flamme il y a plus de cent ans.

Jamestown côté port.
Et côté terre.
Vous la devinez, l’épave du Papanui?
Kousk Eol et Pentagram au mouillage.

Redescente vers la ville pour essayer de se connecter au reste du monde. On ne vient certainement pas à St Hélène pour la qualité de son internet : la minute coûte une fortune et le débit est le plus lent que nous ayons pratiqué jusqu’à présent. Le meilleur endroit est paraît-il le Ann’s Place, un restaurant qui semble être le lieu de rendez-vous des navigateurs qui font escale ici. Il y a bien un yacht club, mais ce dernier n’est là que pour respecter la tradition : le bâtiment est décrépit et vide, manque de membres pratiquants… Il ne prend vie que lors d’étapes de courses au large passant dans le coin. En attendant, nous réussissons péniblement à récupérer un premier jeu de GRIBs pour nous rassurer sur la météo des prochains jours. Les essais avec Skype n’arrivent qu’à consommer nos précieuses minutes sans beaucoup de succès.

Ann’ Place.

Avant de rentrer au bateau, il reste à laver un peu ce qui sent le bouc à poil long et humide depuis plusieurs jours à bord : le jus gris qui continue à sortir au bout du troisième rinçage est un peu décourageant. Mais nous sommes forts : nous ne repartirons de St Hélène qu’avec du linge ne cocotant pas à plus d’un mètre.

Comme le dernier ferry boat est à dix-huit heures ce soir, nous mangerons à bord, après avoir étendu notre petite lessive : Kousk Eol se trouve transformé soudainement en bateau-lavoir…

Lundi 27 février. Nous avons prévu de repartir ce soir vers Fernando de Noronha. Donc, aujourd’hui, il faut faire les formalités dites de clearing out avec l’immigration, la capitainerie et la douane. Il faut aussi payer le ferry boat pour toutes nos traversées : ce qui restera des livres locales fixera les limites de nos dépenses de la journée. Sans trop traîner car, rappelez-vous, c’est aussi aujourd’hui que nous nous baladons autour de l’île.

En conséquence : capitainerie, quarante et une livres pour l’utilisation de la bouée et des sanitaires. Ferry boat : quarante-cinq livres pour nos différents allers-retours entre le bateau et Jamestown. Immigration : zéro livres, car nous ne restons que trois jours, et nos passeports s’ornent d’un magnifique tampon de St Hélène. Puis enfin la douane, qui nous donne notre « clearance out ». Dehors, Peter, notre chauffeur, nous attends dans une Rover aussi âgée que lui.

La visite de l’île peut commencer : nous nous dirigeons vers la partie haute par une route étroite et raide. La vue est rapidement magnifique, sur les petites vallées encaissées, les sommets verdoyants et une mer omniprésente. La cascade en forme de cœur, qui domine la maison où Bonaparte passa ses quatre premiers mois sur l’île, est à sec, confirmant la sécheresse dont souffre l’île.

La cascade Heart Shaped et la première m&ison de Bonaparte sur l’île.

Notre première étape est la distillerie la plus isolée du monde : un passionné s’est installé avec alambics et cuves à fermentation. Il concocte des alcools de figues de barbarie locales. Sinon, il importe canne à sucre et raisin d’Afrique du Sud pour élaborer du vin et du rhum, qui sert ensuite de base pour une liqueur au café et une autre au citron, locaux eux aussi. Production minimaliste, pour connaisseurs uniquement : ce brave homme est seul pour les commandes, la fabrication et la distribution, qui ne semble pas dépasser les limites de St Hélène.

La dégustation terminée, nous sommes armés pour nous attaquer au lourd ; la tombe de Napoléon, isolée en pleine nature, poignante de simplicité. Rien à voir avec le Panthéon…

Puis la route continue vers Longwood, la dernière résidence de l’empereur déchu, morceau de territoire acheté par la France pour conserver la mémoire de Bony, comme disent les Anglais un peu sarcastiques… La demeure est magnifiquement restaurée, véritable musée dont le conservateur est français, à la gloire de celui qui a fait trembler toute l’Europe. Il n’y a pas à dire, Napoléon a bénéficié là d’un bon appart4

Longwood.
Touriste avec la gardienne des lieux.

Notre visite se poursuit sur des routes toujours exiguës, nombreuses et en bon état. Le haut de l’île abrite quelques pâturages, et des réservoirs pour assurer l’alimentation en eau des Saints : essentiels, car cette année, le manque de pluie pendant les six derniers mois a créé une situation de sécheresse critique. Notre trajet passe au pied des crêtes sommitales, sous le Diana’s Peak, point culminant à un peu plus de huit cents mètres.

Diana’s Peak au loin.

Au pied de la crête se trouvait le camp qui hébergeait les prisonniers boers de la guerre avec les Anglais fin dix-neuvième. L’étape suivante est Plantation House, le magnifique manoir du gouverneur de l’île, avec court de tennis privé. Les jardins abritent des tortues géantes qui viendraient des Galapagos.

Plantation House.
Butcher’s Grave.

Puis nous redescendons doucement enfin vers Jamestown pour un rapide casse-croûte avant de nous préparer à partir, et pour dire au revoir à Emma et Andy de Pentagram, mais aussi à Heidi et Jérôme qui arrivent tout juste du Cap sur leur Fleur de Sel.

Redescente sur Jamestown.

Nous n’aurons pas revu les autres voiliers partis avec nous de Cape Town : Papa Jo, Sea Rover, Teakita… Ce sera pour une autre étape.

__________
1– Où les vols commerciaux refusent de se poser, le jugeant trop dangereux…

2– Royal Mail Ship : navire des messageries royales britanniques.

3– Raté pour cette fois : les buveurs de Guiness ont mis la pâtée aux éleveurs de coqs…

4– Copyright Mathias. Comme promis, les jeux de mot vaseux sont, et resteront, gratuits.

Du Cap à St Hélène

Dimanche 12 février 2017. La météo devrait être favorable en début de semaine : vent fort mais portant, et une mer raisonnable. Il faut donc faire les formalités de sortie d’Afrique du Sud au plus vite. Comme le Cap est un port d’entré actif, les différentes administrations sont ouvertes tous les jours, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Payou arrivant vers vingt heures de la Réunion, nous commandons un taxi pour vingt heures trente. Qui n’arrivera jamais, et donc nous partons à pied : le coin n’est pas recommandé de nuit, mais à quatre, nous nous sentons suffisamment en sécurité. Et en fait tout se passe bien. Nous allons d’abord voir les autorités portuaires, chargées de vérifier que nous avons payé notre place à la marina, et que nous sommes en ordre de marche : un formulaire rempli d’avance décrit Kousk Eol et son équipement.

Le blanc-seing obtenu, il nous faut aller voir maintenant l’immigration : l’agent de service nous dit alors qu’il nous faut aussi une lettre du maître de port. Retour chez les autorités portuaires : « Mais monsieur, le maître de port ne travaille ni les dimanches, ni les nuits : il faudra revenir demain matin. Et puis de toute façon, il n’y a pas besoin de lettre, et il n’y en a jamais eu besoin. ». Retour à l’immigration : « Si, il faut cette lettre. Je vais vous donner un exemple pour montrer aux autorités portuaires. ». Nous jetons un coup d’œil à la lettre : rien à voir avec notre situation ! C’est une demande de dérogation pour les navires de commerce qui n’ont pas réussi à obtenir une place à quai dans le port… La hiérarchie finit par venir voir ce qui se passe et explique à l’agent que nous avons raison, ce qui crée un peu de tension. Mais nos passeports sont finalement tamponnés.

Dernière étape : la douane. Il est maintenant vingt-deux heures passées. Le bureau est allumé, mais vide… Après une demi-heure de vaine attente, un gardien nous dit d’essayer un numéro de téléphone, qui répond au bout du troisième essai : une voix nous dit que quelqu’un va arriver. Effectivement, une voiture officielle arrive vingt minutes plus tard, d’où descend un douanier, qui attaque d’entrée en nous disant qu’il fallait passer dans les vingt-quatre heures de notre arrivée au Cap pour nous déclarer, et que donc il allait nous infliger une amende… « Mais Monsieur, nous n’étions pas au courant… ». Là aussi, la hiérarchie intervient, nous explique que nous sommes en tort vis-à-vis de la loi, mais comme nous n’avons dépassé les vingt-quatre heures de délai que de trois heures, elle nous fait grâce, à titre exceptionnel, de l’amende. Mais il ne faudra pas recommencer, espèce de galopins !

Bref, au bout de deux bonnes heures, à plus de vingt-trois heures, nous tenons enfin notre autorisation de partir, en règle. Nous avons rencontré plusieurs voiliers qui partent sans faire les formalités et sans rien dire…

Retour au bateau, pour une courte nuit avant d’aller faire quelques ultimes courses au Water Front.

L’équipage avec quelques inconnus au Waterfront…

Le treize, vers quatorze heures, les emplettes sont rangées à bord : il ne reste plus qu’à faire le plein de gas-oil. Comme le vent souffle encore fort, autour de trente-cinq nœuds, nous utiliserons les bidons : la pompe n’est pas trop loin, mais le trajet sur l’eau un peu sinueux et étroit…

Et vers seize heures, profitant lâchement d’une saute de vent, nous larguons les amarres. La saute est de courte durée, mais nous sommes sortis sans encombre de notre place : il ne reste plus qu’à maintenir une bonne vitesse pour garder le bateau sur sa trajectoire, car maintenant le vent pousse de travers entre les rangées de voiliers…

Sortis du port, le vent n’a pas faibli : comme il pousse de l’arrière, nous ne mettons que deux tiers de génois, et faisons tout de même des pointes au-dessus de neuf nœuds. Nous installons la trinquette à la tombée du jour, gage de tranquillité pour cette première nuit en mer.

Cape Town et la Table Mountain au loin.

Les vagues sont un tantinet irrégulières, et Kousk Eol roule, rendant l’amarinage des nouveaux un peu sportif. Mais les premiers quarts de nuit se passent sans problème, même s’il a fallu être assez vigilant à cause de la présence de cargos et autres pétroliers.

Mardi 14 février. Il fait un temps magnifique, mais très frais ! Ni le vent du sud, ni le courant Benguela, lui aussi du sud, n’apportent de la chaleur… Les cirés sont de sortie pour la nuit : la condensation n’améliore pas le confort.

Kousk Eol continue à bien avancer, un peu en avance sur nos prédictions. Malgré une vitesse supérieure à huit nœuds, Payou attrape un rainbow runner d’au moins cinq kilos : sashimis et carpaccio ce soir ! Parce qu’à midi, l’équipage s’est jeté sur les derniers pavés de bœuf sud-africain, dégustés avec une petite salade tomates-choux-concombres.

Ça sent le sashimi…

La météo contrôle comme prévu l’évolution du vent, qui tombe un peu le jour suivant. Du coup, la grand-voile est enfin hissée, et comme la houle se calme un peu, une certaine forme de confort s’installe à bord, malgré une mauvaise surprise.

La pompe de cale s’est déclenchée cette nuit, dans une mer plutôt turbulente. Cette fois, ce n’est pas de l’eau douce. Tous les passes-coque sont vérifiés, ainsi que les vannes : ce ne sont pas eux les coupables. Il faudra investiguer ailleurs… En attendant, deux seaux d’eau sont écopés. Il semblerait que ces fuites n’apparaissent que quand la mer est forte : certainement une piste à suivre !

Jeudi 16 février. Aujourd’hui, le temps s’est couvert, et le vent commence à se réchauffer progressivement plus nous montons vers l’équateur. Une petite bonite accepte de se laisser attraper par le Payou décidément en grande forme : nous en prendrons soin ce soir, de cette bonite. Le Payou qui s’est essayé toute la nuit à la pêche au calmar : plusieurs prises, mais qui lâchaient au moment de la sortie de l’eau.

Quart dit « actif ».

On notera au passage que le skipper n’a pas que de bonnes idées : pour éviter de sangliériser1 trop vite l’intérieur, il suggère fortement à l’équipage de prendre les repas dehors et de faire la vaisselle à l’eau de mer dans le cockpit. Résultat : trois fourchettes et un couteau par quatre mille mètres de fond. Les beaux couverts signés Wauquiez… Quand on aime, on ne compte pas.

Kousk Eol, indifférent à toutes ces vicissitudes, continue à fendre le flot gaillardement. Bon, évidemment, la météo ne facilite pas toujours la navigation : après du largue sous bon vent, il faut subir un souffle plus mollasson venant de l’arrière, imposant de lofer pour ne pas voir les voiles claquer et le bateau rouler. Et donc rallonger notre route.

Finalement, comme nous nous éloignons trop de la route, le vent tournant, nous empannons le génois que nous tangonons pour nous rapprocher du vent arrière : la mer s’étant un peu assagie, Kousk Eol ne devrait pas trop rouler. On vous le disait qu’on n’avait pas une vie facile à bord…

17 février. Aujourd’hui, journée de merde. Il fallait bien que ça arrive. Pas de la faute de Kousk Eol qui va nous tailler un peu plus de cent quatre-vingts milles en vingt-quatre heures, donc avec une météo favorable. Non, le problème est ailleurs. Le Payou, qui avait été embauché pour tenter de remplacer le DD2 côté approvisionnement halieutique, merde (Il faut savoir utiliser les verbes de circonstance et ne pas tourner autour du pot, ne serait-ce que pour tenter de justifier le salaire des académiciens.), donc, merde plutôt grave pour sortir ne serait-ce qu’un fretin même menu de la nôtre mer. « Oui mais j’ai eu plein de touches ! ». Ah ouais, et tu les cuisines comment, tes touches ? Du coup le Nanard fait la gueule parce qu’il n’a pas les sushis, ah non : les sashimis auxquels il prétend avoir droit journellement. Cricri fait lui aussi la gueule, persuadé qu’il était d’être venu avec des pros de la pêche prêts à partager avec lui leur technique prédatrice de fretins en tout genre. Et le Glaude fait une tronche à rallonge à cause de ces bouts de nylon et autres fibres soit disant modernes qui freinent Kousk Eol dans son impétueuse conquête de l’infinitude des vastes océans3… Il faut avouer qu’avec deux poissons en sept cents milles, deux leurres perdus et un certain nombre de ratés, la rentabilité est à revoir. Le seul qui s’en sort honorablement est encore une fois Kousk Eol, avec une très régulière moisson matutinale de poissons-volants qui s’échouent sur le pont toutes les nuits. Une vraie journée de merde, vous disais-je.

L’équipage en action.

20h30 : profondément vexé, Payou finit laborieusement par nous sortir une petite bonite, juste avant que la nuit ne s’installe… Du coup Bernard retrouve le sourire et promet un poisson au four pour le prochain repas : bonite aux oranges à la mode Kousk Eol. Bernard promet une publication au Gault et Millau dès son retour.

Dimanche 19 février 2017, une heure : nous franchissons le Caprice du Tropicorne, événement que nous avons chélébré dignement et shobrement, par antichipachion.

Non, là c’est le café du matin.

Et ce n’est pas fini : à 5h43 UTC nous sommes à la longitude de Toulon-Darse Vieille, 5°55,8’E… Café pour tout l’équipage ! Sans vouloir entrer dans un exposé trop abscons sur les arcanes de la topologie, stricto sensu le tour du monde est accompli. D’accord, ça fait mesquinement petit joueur : quand nous aurons croisé notre route de départ, le tour du monde sera moins contestable. Mais évidemment, l’apothéose sera le retour à notre point de départ : le ponton visiteur de la Darse Vieille de Toulon, sous les hourras de la foule en délire après quatre ans d’absence. Pas moins.

En attendant, voici deux jours que nous sommes vent arrière, un ris dans la grand-voile et deux tiers de génois tangonné, et vingt nœuds qui poussent. Avec une houle courte de trois mètres, Kousk Eol roule d’un bord sur l’autre, nous obligeant à revoir les concepts de confort à bord. Mais nous avançons : presque cent quatre-vingt-dix dix milles les dernières vingt-quatre heures. Ste Hélène est maintenant à sept cent cinquante milles.

Aujourd’hui midi : rougaille-saucisses sud-africaines-piment maison de St Denis. Basse manœuvre du père Payou pour contourner la fixation de l’équipage sur des mahi-mahi dont la réalité devient chaque jour plus hypothétique, et profiter d’une baisse d’attention de Bernard pour lui faire passer ça pour des sashimis réunionnais… Christian suggère de demander à André d’échanger la procédure toute neuve de récupération de GRIBs par Iridium contre une, validée et opérante, à écrire, sur les particularités de la pêche à la traîne à bord de Kousk Eol. Ça se tient…

Bon, il faut quand même l’avouer : le rougaille-saucisses, ça passe bien.

En attendant, les jours passent mais ne se ressemblent pas : les nuages ont pris le dessus sur le bleu du ciel, nous arrosant même de quelques gouttes, et perturbant l’alizé.

21 février. Les grains n’ont pas cessé cette nuit, plus actifs que les jours précédents, provoquant des sautes de vent en force et en direction. Le pilote s’y perd un peu et la barre doit être reprise à la main plusieurs fois. Au matin, l’alizé est globalement passé plus à l’est : il est temps d’empanner, car, bâbord amure depuis le départ, nous commencions à nous éloigner sérieusement de notre route. Tribord amure cette fois, le cap est bien meilleur : Ste Hélène est maintenant à un peu plus de quatre cents milles.

Le temps gris et le vent apparent4 ne permettent pas de recharger les batteries : il faut faire tourner le moteur. Nous en profitons pour produire aussi un peu d’eau douce.

Les jours passent et se ressemblent : Payou à la ligne dès potron-minet, et le soir toujours rien dans les assiettes qui ressemble même de loin à ne serait-ce qu’un alevin… Bof : Bernard nous a concocté une potée aux choux rouges pour midi qui devrait nous caler quelques heures.

23 février. A onze heures, St Hélène n’est plus qu’à cent cinquante milles. Nous continuons à tirer des bords de grand largue dans une mer désordonnée et sous le passage régulier de nuages à grain. Il faut continuellement régler le bateau pour que les voiles ne claquent pas. Le vent arrière, génois tangonné, nous mettrait sur une route directe, mais roule beaucoup trop. Les alizés et la houle qui va normalement avec ne sont plus ce qu’ils ont été : peut-on mettre ça sur le compte du réchauffement climatique ?

En attendant, la température est sérieusement remontée5: plus rien à voir avec Cape Town. Capots fermés, on est mieux dans le cockpit que dans le carré, mais le soleil, même voilé par les nuages, reste agressif. L’ombre fournie par l’auvent du barreur est très recherchée !

Est-il vraiment utile que je vous parle encore une fois du Payou ? Vous l’aurez déjà compris, persévérant autant qu’atteint profondément dans son honneur de pêcheur, il6 trie ses leurres « Rapala ou poulpe ? Vert émeraude ou rose fluo ? », les change régulièrement, se plaint de l’état de la mer, de la couleur du ciel, rallonge sa ligne pour la raccourcir cinq minutes plus tard, reste invariablement prostré à l’arrière du bateau, lance de sporadiques « Encore une touche ! », suivi de « Je comprends pas : à la Réunion, ça mordait toutes les cinq minutes ! », quand ce n’est pas : « C’est la faute à Kousk Eol qui va trop vite ! ». Fâcheusement, en fin de journée, et non moins invariablement, Bernard range son couteau à filets qui aura encore une fois été émorfilé pour rien…

Faute de grives…

Les deux autres hypocrites, Christian et Claude, font profil le plus au ras de l’océan autorisé par leur arthrose, en demandant, avec toute la solennité requise : « Au fait, on mange quoi, ce soir ? ». Le seul point positif dans toute cette histoire est que les citrons (verts) normalement destinés à l’agrément du carpaccio ou autre tartare promis se retrouvent spontanément à remplir d’autres fonctions festives autant que conviviales se déroulant traditionnellement en début de soirée.

Des nuages nous lâchent sur la tête quelques litres. Bernard en profite pour prendre une douche, au liquide vaisselle : il a lu sur l’étiquette « Super dégraissant élaboré dans nos laboratoires ultramodernes. Élimine toutes les graisses, même les plus tenaces. », et en a déduit, tout naturellement, qu’il perdrait ainsi quelques kilos sans trop de mal…

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis : à force de tirer des bords, nous rallongeons trop notre route. Donc, la mer se calmant un peu et le vent tombant légèrement, nous passons vent arrière, en route directe avec le génois tangonné. Et ça tient.

Vendredi 24 février. Enfin : presque… Le bateau n’a pas arrêté de rouler toute la nuit, rendant l’équipage grincheux le matin par manque de sommeil. C’est bien la première fois que tout le monde était prêt pour son quart sans avoir besoin de le secouer…

À six heures trente, St Hélène est en vue, à vingt-cinq milles, sous de gros nuages… Petit déjeuner joyeux suivi d’un expéditif empannage pour se mettre droit sur la pointe nord-est : Jamestown, la capitale et unique mouillage, est de l’autre côté. Kousk Eol a même le droit à un toilettage rapide pour accueillir à bord les autorités, descendantes des hôtes de l’ex-empereur.

St Hélène au loin.

St Hélène ressemble à un château fort avec ses falaises abruptes et hautes (Diana’s Peak : 820 m) : les similitudes avec la Table Montain qui domine la ville du Cap sont nombreuses, faisant douter les sceptiques du bord : « On n’aurait pas tourné en rond, des fois, ces dix derniers jours ? Hein ? ». En tout cas, on comprend le choix pas les Anglais, après l’île d’Elbe : inexpugnable et isolée !

Ça sent l’écurie!

Midi trente : après appel au harbour master, nous nous amarrons à une bouée en face de Jamestown. Et à peine l’amarre sécurisée, les autorités sont à bord pour expédier les formalités d’entrée et nous expliquer ce qu’il y a à voir sur l’île. Ça c’est de la douane !

Devant Jamestown.

Nous aurons mis dix jours et demi pour cette première « grande » traversée pour Christian et Payou : plutôt rapide selon les habitudes de Kousk Eol pour un trajet de mille sept cents milles (plus en fait avec les zigzags). Cependant on nous apprend que nous sommes arrivés un peu trop tard pour délivrer l’empereur…

L’équipage a maintenant bien pris ses marques : Claude s’est fait virer des fourneaux, remplacé par les trois lascars qui rivalisent de créativité gastronomique. Les pauses « repas » sont très attendues à bord ! Il faudra surveiller l’évolution : ce n’est pas à St Hélène que nous ferons beaucoup de provisions, donc nous allons devoir taper dans les boîtes de conserve, le riz et les pâtes…

Au fait : Payou nous a promis du poisson pour la prochaine traversée vers Fernando de Noronha. Quelques ricanements condescendants se font entendre…

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1– Prière de se référer à l’article de référence sur la taxinomie des équipiers.

2– On aurait pu se douter que le challenge était intenable.

3– Eh ben ouais !

4– Kousk Eol est au grand largue, allure où le vent apparent est pratiquement le plus faible.

5– Vous le notez, le subtile d’une la transition aussi habilement amenée ?

6– Est-il besoin de préciser qu’il est né un 1er avril, le bougre ?

Kousk Eol est reparti !

Samedi 11 février 2017, 6h45 : Kousk Eol largue les amarres de la marina du False Bay Yacht Club de Simon’s Town. Cette première étape sera courte : une soixantaine de milles pour rejoindre le Cap, afin de faire les formalités de sortie d’Afrique du Sud, et récupérer notre quatrième équipier, Payou.

Héron dans la marina, attendant le départ de Kousk Eol pour retourner pêcher tranquillement.

La soirée précédente fut plutôt mouvementée : le vent est monté à plus de cinquante nœuds, créant un certain affolement chez les bateaux au mouillage, obligeant les marins du South Africa Sea Rescue à sortir leur bateau de sauvetage et leur zodiac. Vite débordés, ils nous (Bernard et Claude) appellent à l’aide sur le zodiac pour aller aider un couple de Brésiliens au bord de la panique. Nous les aidons à s’amarrer et avons droit à des accolades émues… La météo annonce une accalmie dans la nuit : pourvue qu’elle ne se trompe pas ! Un dicton local dit qu’il ne faut pas chercher l’aventure en Afrique du Sud : ici c’est l’aventure qui vient vous chercher !

Pour nous remettre de ces émotions, nous dégustons un dernier eisbein1 au resto de la marina.

Et trois eisbeins, trois! Nous, on est pour la simplification du travail des serveurs.

Un peu avant…

Comme nous vous le racontions, nous sommes arrivés en Afrique du Sud depuis maintenant plus d’un mois, consacré surtout à faire du tourisme, en Namibie et autour du Cap, deux régions que nous ne connaissions pas. Dire que nous avons adoré notre périple serait largement en dessous de la vérité.

Dunes à Sossusvlei.
Dans le désert du Namib.
Lionnes dans le parc d’Etosha.
Près du Cap Agulhas.
L’Indien à gauche, l’Atlantique à droite…
Puisqu’on vous le dit qu’il y a des manchots sur la côte de granit rose…

On vous racontera tout ça un de ces jours : la prochaine traversée vers les Antilles devrait offrir du temps libre !

Depuis une semaine, Kousk Eol est à terre : quelques petits travaux sont nécessaires avant de repartir. La coque, pas nettoyée depuis notre départ de Nouvelle-Calédonie, s’est recouverte de trois à quatre centimètres d’un mélange d’algues, de vers et de coquillages du plus bel effet : probablement une solution à explorer pour bénéficier de nourriture fraîche pendant nos traversées, mais légèrement handicapant côté vitesse… Nous en profitons aussi pour refaire l’antifouling.

La capote, après quatre ans de bons services et une réparation rapide au Brésil, a carrément explosé sous les assauts des zéphyrs sud-africains : Adrian Batista nous est conseillé par la marina et nous en coud une toute neuve. Beau travail, qui paraît solide, avec un cache-soleil pour protéger les panneaux transparents, et des rails pour la fixation sur le pont (au lieu des boutons pression, fragiles et inadaptés).

La nouvelle capote, avec sa protection anti-UV semi-transparente.

Le réservoir d’eau avant fuyait lors de la traversée mouvementée depuis la Réunion : le tuyau de remplissage, trop court, s’était défait. Nous en profitons pour refaire l’ancrage sur le fond de la coque en stratifiant un anneau d’accroche.

L’instrument assurant l’interface du sondeur et de la vitesse sur l’eau avait rendu l’âme2: le défunt est remplacé par un bel écran plus récent. Raymarine fait bien les choses : la nouvelle génération est compatible avec l’ancienne, avec bien sûr achat et installation des bus et adaptateurs qui vont bien, obtenus contre l’échange d’un nombre d’euros non négligeable. C’est du moins ce que proclame la notice. Vous vous doutez bien que la réalité est légèrement différente : une journée de prise de tête, évidemment imputable uniquement à l’incompétence de l’électronicien du bord, avant la disparition de tous messages d’erreur.

L’hélice avait pris du jeu, et les joints de l’axe se sont usés et laissent entrer l’eau, transformant l’huile du sail-drive en ersatz de mayonnaise. Bonne occasion de tout revoir. L’hélice, une Max Prop, est démontée, nettoyée, graissée et remontée : aucun jeu. En fait, l’anode montée sur l’hélice avait pris du jeu en s’érodant, et frottait contre l’axe, appuyant sur ce dernier suffisamment pour provoquer du jeu dans le boulon retenant l’hélice, et l’usure des joints. Heureusement rien de grave, mais le mécano nous recommande de ne pas remettre d’anode sur l’axe d’hélice : celle sur le sail-drive et celle à l’arrière de l’hélice sont suffisantes.

La Max Prop remise à neuf.

Certains bouts sur Kousk Eol montrent sont usés : ce serait pas mal de les changer. Nous nous faisons indiquer le magasin de l’usine qui fabrique les cordages en Afrique du Sud, et qui se trouve au Cap : Southern Ropes. Une vraie caverne d’Ali Baba, où les cordes sont vendues au kilo ! Jusqu’à cinq fois moins chères qu’à la maison ! Drisse de grand-voile et bosses de ris font peau neuve…

Kousk Eol trépignait (sous les rafales à quarante nœuds et plus) pour être remis à l’eau…

Nous louons une voiture pour faire les courses, sans oublier les antidépresseurs à large spectre : la région du Cap produit d’excellents vins, à des prix plus que raisonnables3. Nous en profitons pour manger nos derniers steaks avant longtemps : la viande ici est excellente, et à des prix défiants toute concurrence.

10h45 : Cape Point et le Cap de Bonne Espérance émergent de la brume qui nous accompagne depuis un bon moment, à moins de quatre milles au nord. La descente depuis Simon’s Town s’est faite au près avec quinze à vingt nœuds de vent : une bonne remise en jambes ! Malgré le courant contraire, Kousk Eol a bien avancé ! Nous commençons maintenant notre remontée vers l’équateur… Pour essayer d’arriver à la Martinique autour du 10 avril.

Au bout du doigt, le Cap de Bonne Espérance.

Au fait : « nous », ce sont Bernard, Christian et Claude. Un petit dernier doit nous rejoindre demain depuis la Réunion : Pierre, dit Payou. Payou a, entre autre, la lourde responsabilité d’apporter un peu de sang jeune à l’équipage. Christian, lui, s’est porté garant de l’approvisionnement régulier en poissons. Les recettes sont prêtes… Bernard, si vous avez bien lu les chapitres précédents, est le frimeur qui se prétend champion du monde de quarter tonners, il y a bien longtemps. Et accessoirement frangin du milieu entre Claude et André.

La météo est conforme aux prévisions : le vent tombe et impose à Volvo de travailler un peu. Puis une brise de sud-est s’établit : Kousk Eol fait des pointes à neuf nœuds au petit largue. Si nous avons ce type de temps pour la suite, nous ne nous plaindrons pas !

Table Mountain and the Twelve Apostles.
La Table Mountain, la montagne de Lion’s Head et le Cap.

Autour de nous, des dizaines d’otaries s’ébattent parmi des centaines de mouettes. Le nouvel antifouling de Kousk Eol les laisse apparemment indifférentes. Donnez vous du mal…

18h : nous nous amarrons place B11 dans la marina du Royal4 Cape Yacht Club, avec vingt nœuds de vent qui poussent. Mais tout se passe bien. Sur le ponton nous attendent Colleen et Anton. Anton est le frère de Dave, un ami et collègue de longue date, qui m’avait fait promettre de venir le voir si nous passions au Cap. Et donc, à peine arrivés, nous voici embarqué pour un excellent repas suivi d’un tour vers la montagne du Lion, qui domine le Cap : la vue de nuit est aussi impressionnante que celle de jour.

Cape Town by night, depuis Lion’s Head, avec la pleine lune…

A vingt-deux heures nous sommes de retour à bord, Christian avec son doggy-bag de koeksisters5. Et après une ultime vérification des amarres (car il devrait souffler fort demain), nous profitons de notre avant-dernière nuit sans quart.

Demain dimanche, nous devons rendre visite à l’immigration et aux douanes pour la sortie du pays : les bureaux sont ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Impératif si nous voulons partir lundi après-midi.

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1– L’eisbein est un jarret de porc, cuit en faisant griller la peau, donc croustillante. Une variante de ce que l’on peut manger en Alsace ou en Bretagne. Plutôt roboratif !

2– Et pourquoi les instruments électroniques n’auraient pas le droit d’avoir une âme ? Hein ?

3– Quoique : peut-on qualifier de raisonnables des tarifs incitant à la consommation de boissons éthyliques ?

4– Il faut au moins ça pour des républicains en circum-errance.

5– Une pâtisserie locale largement inspirée des gâteaux orientaux. Ou l’inverse…