Archives de catégorie : Uncategorized

traversée Pointe à Pitre-Toulon Mai-Juin 2021-Episode 1

Petit rappel de la situation

Kousk Eol avait traversé de Toulon à Pointe à Pitre autour de Noël 2019, et le projet était de naviguer aux Antilles pendant un an et demi. C’était évidemment sans compter sur ce putain de saloperie de merde de cochonnerie1 de Covid 19… Chacune de nos tentatives pour profiter de la douceur des îles s’est transformée en débâcle lamentable avec retour prématuré vers la métropole…

Pour éviter d’avoir à payer l’octroi de mer2 au bout des 18 mois fatidiques, la décision est prise de rentrer à Toulon. La date de départ pour cette traversée sera un compromis entre les autorisations gouvernementales et la situation météorologique.

L’équipage

Une traversée retour de l’Atlantique Nord nécessite assurément un équipage de choc… Les expérimentés recruteurs de Kousk Eol se sont mis en chasse et il faut dire que leur sélection est impressionnante :

  • À tout seigneur tout honneur : Jacques, dit l’Amiral, dispensera sa très grande sagesse sur ce bord. Passages du Cap Horn et du Cap de Bonne Espérance obligent, son expérience sera précieuse. Il a déjà travaillé sur au moins une vingtaine de scenarii pour cette traversée, poussant notre logiciel de routage dans ses limites… Il en sera à sa neuvième traversée.
  • Hervé, comme lors de la précédente édition, sera le petit jeune du bord. Breton revendiqué avec un lourd passé de régatier, il s’assurera que Kousk Eol soit à son maximum, avec comme seule dérogation à cette règle les moments où il faudra capturer un peu de protéines halieutiques.
  • Eric est un ami de plus de cinquante ans3 de Claude. C’est lui qui a emmené ce dernier faire sa première sortie en « gros » bateau, histoire de lui montrer qu’il existe autre chose que les dériveurs… Eric a gagné un Tour de France à la voile, et participé à de nombreuses régates, dont le terrible Fastnet de 1979. Lui aussi n’en est pas à sa première traversée .
  • Et pour finir, Claude, dit le Glaude, un des deux frangins qui se la pètent. Sans doute en reconnaissance de son côté dictateur, il fera office de skipper sur Kousk Eol. J’ai comme l’impression qu’il sera marqué de près au pantalon de ciré.

C’est pas un équipage de rêve, ça ?

Hervé, Jacques et Claude sont arrivés le 6 mai, après un vol sans histoire depuis Orly, dans un avion plein, vaccinés contre le Covid et testés négatifs. Une autorisation fournie par la préfecture de Guadeloupe précisant que préparer son voilier pour une transat retour était un motif impérieux a facilité les contrôles.

Kousk Eol était à son poste, propre et sec, gardé par nos voisins de ponton. La marina est un peu endormie suite aux mesures de confinement et de couvre-feu. Donc, le peu de gens sur les bateaux se regroupent le soir pour briser la monotonie ambiante : c’est ainsi que nous ne tardons pas à avoir nos voisins, et les voisins de nos voisins à bord un soir. Et parmi eux Eric Dumont, qui accumule deux Vendée Globe avec transats anglaises et routes du rhum à son palmarès, parmi une vie de régates prestigieuses. Tout ceci pour un total de cinquante-neuf traversées de l’Atlantique au compteur. Cinquante-neuf : nous sommes loin du compte !

________________________________

1 Ah, je me sens mieux !

2 Taxe sur certains produits d’importation dans les îles françaises.

3 Je ne vois pas ce qui vous fait rire, ici.

Vers Gibraltar, enfin…

Lundi 18 novembre 2019, 7 heures. Départ vers Gibraltar, que nous espérons atteindre avant la tombée du jour…

Les contes de GRIBB1
Aujourd’hui est un autre jour, et les météorologues, ces poètes si mal connus qui savent mieux que quiconque narrer le cumulus, l’aquilon autant que l’affusion orageuse, nous ont préparé une belle fable de leur cru, qui commence ainsi : « Vent synoptique 2 à 4 nœuds, rafales de 15 à 20 nœuds. ». Bref, nous sommes en Méditerranée… D’ailleurs, les bulletins météo préviennent : « Les rafales peuvent être supérieures à 40 % au vent. ». 40 %?

Et Benalmadena dans tout ça ? Une marina bien équipée, dont les architectes ont dû s’inspirer de Port Grimaud, en nettement plus kitch. Un assemblage de meringues tarabiscotées envahi l’été par les touristes (un peu plus calme en cette saison).

Les superbes appartements de Benalmadena.

La toile anti-roulis a été réparée et renforcée : les prochains coups de gîte sont attendus de pied ferme !

Nos copains de Kawaine, Dominique, Ghislaine et Julie, sont venus pour l’apéro hier soir, déguster la quiche préparée par Yan : eux aussi visent Gibraltar en fin de journée.

Le ciel est comme les autres jours très dégagé, et permet d’admirer le bétonnage massif de la côte, qui a dû être belle, il y a longtemps. Malaga, Marbella… Des noms qui font rêver ? Oubliez ! Passez votre chemin !

Après un démarrage prometteur sous voile, avec des pointes à 9 nœuds, c’est de nouveau Volvo qui prend le relais, trois heures après le départ. Et vers dix heures, le rocher de Gibraltar se profile au loin. Même les côtes d’Afrique, vers Ceuta.

Quelques fous de Bassan nous font des démonstrations de plongeon.

Entre temps, le vent est revenu, et les exercices de prise/lâché de ris s’enchaînent ainsi que les bords plus ou moins carrés. Et le rocher est maintenant à moins de vingt milles. Moment magique : nous tirons un bord sur le bon cap, dix milles à neuf nœuds sur une mer légèrement assagie.

Gibraltar, droit devant!

Et puis c’est la Tour Victoria, le phare du sud de Gibraltar : on roule le génois et la fin se fera au moteur. Le niveau d’excitation du bord atteint des sommets.

Victoria Tower.

Appel à la Marina Alcaidesa, juste au nord de Gibraltar : ils ont de la place pour nous, et nous attendent. 17 heures 15 : amarrés devant la capitainerie pour la paperasserie, puis 18 heures, à poste sur catway. L’Atlantique est en vue…

Le trafic dans le détroit…

Deux semaines jour pour depuis notre départ de Toulon : ce n’est certainement pas un record de vitesse, mais côté coups de vent, nous avons été gâtés !

Demain, journée repos, et visite du rocher.

___________________________

1 De François, lui aussi poète au nez bouché dès potron-minet.

Quoi de neuf sur Kousk Eol?

La coque qui défie le loch…
La quille qui titille…
L’émoi du génois…
La grand-voile qui rêve de lointaines étoiles…
La barre qui nous traite de snobinards…
Le mât qui se plaint du manque de tafia…
Le pataras, etcétéra.

Bref: il était plus que temps. Il fallait un vrai projet de navigation. Ça tombe bien : Kousk Eol n’a jamais fait la route des alizés vers les Antilles… Un trou énorme dans son CV, rédhibitoire pour un voilier qui prétend naviguer…

Cette lacune est sur le point d’être comblée : la traversée est prévue pour le 5 novembre au départ de Toulon, pour une arrivée à Pointe à Pitre avant Noël. Bon: on est d’accord, c’est quand même la météo qui décidera de la date de départ exacte.

On vous racontera tout ça. Si vous êtes sages…