Archives de catégorie : Articles de culture générale

Quart d’heure culturel : the Sandy Point

C’est comme ceci que les Anglais nommaient ce coin de terre il faut le dire, un peu désolé…

Punta Arenas : 113 000 habitants à l’extrême Sud de la Patagonie chilienne, capitale des régions de Magellan et de l’Antarctique Chilien (*). Ça, c’est ce que vous pourrez lire dans tout guide qui se respecte…

Pas de gratte-ciel : c’est très bas sur l’horizon quand on arrive de la mer. Pas de marina non plus : on accoste à l’unique quai-jetée normalement réservé à la marine marchande, aux pêcheurs et aux forces navales chiliennes.

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Punta Arenas

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Petit clin d’oeil à qui vous savez (ou pas)…

Mais la capitainerie est obligeante : lorsqu’il y a de la place, on peu s’y mettre. Après une première nuit au mouillage, c’est ce que nous avons pu faire. C’est nettement plus pratique pour aller faire un tour en ville ! Même s’il a fallu changer de côté du quai en pleine nuit parce que le vent s’était levé et nous poussait de façon inquiétante contre les énormes pneus qui servent de pare- battage. Les chandeliers n’y auraient pas résisté… Le vent montera à plus de 50 nds, mais une fois que nous aurons amarré le bateau du bon côté!

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Pare-battages le long du quai: notez la gîte des 2 voiliers, due au vent!

Punta Arenas, c’est facile : il y a une place centrale, à la gloire de Fernand de Magellan, premier plaisancier européen à s’être baladé sur les canaux du coin. Il semblerait que son épouse l’appelait Charles-Edouard en privé, mais cette anecdote est contestée par certains historiens. Ce qui est sûr est que ce skipper a tenté le premier tour du monde à la voile dans le mauvais sens. Mais l’histoire s’est mal terminée pour lui…

Le reste de la ville ne s’étend pas très loin tout autour.

C’est une ville récente (environ 150 ans), aux larges rues formant un quadrillage presque parfait, vivant de l’élevage (principalement de moutons), de la pêche, et surtout du pétrole et du tourisme.

Le tourisme, ce n’est pas vraiment pour la ville elle-même, mais Punta Arenas est un des meilleurs points de départ pour les excursions en Patagonie, sur l’eau ou sur terre.

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Punta Arenas: « LA » statue, quelques rues…

Punta Arenas bénéficie d’un climat exceptionnel : autour de 12°C l’été et à peine plus de 0°C l’hiver. Il y a d’ailleurs une station de ski sur une des collines alentour : vous n’en trouverez pas plus au Sud . Et les mois les moins chauds s’appellent « été » juste parce qu’on ne voulait pas inventer un mot nouveau, et probablement pour ne pas faire fuir les touristes.

D’ailleurs, alors même que ce ramassis de banalités est en train de s’écrire, le vent souffle à pratiquement 40 nds, il fait 6°C, et les nuages à grain déversent des giboulées de neige…

Pour nous, c’est la principale étape pour refaire les pleins : gas-oil, eau, nourriture, etc, avant de continuer vers l’Ouest et le Pacifique. Accessoirement, nous avons pu aussi prendre une vraie douche chaude : un luxe inouï après 12 jours de mer !

(*) Ne vous emballez pas ! Il n’est pas prévu, pour l’instant, d’aller faire les guignols là où même les ours ne vont pas…

Incitation au voyage…

Petit florilège non exhaustif des noms charmants et poétiques utilisés par les premiers marins découvrant la Patagonie pour baptiser les endroits remarquables: une vraie incitation au voyage !

  • Golfe des Peines
  • Baie de l’Espoir Ultime
  • Baie Désolée
  • Baie Inutile , Bras Inutile, Port Inutile (superbes, mais orientée W ou SW : cherchez l’erreur.)
  • Île de la Désolation
  • Fjord du Dernier Espoir
  • Port des Anglais
  • Île Déception
  • Fjord des Voleurs
  • Canal Diversion
  • Fjord Sans Nom
  • Île Nelson
  • Calanque du Bout de la Route
  • Port Désiré
  • Cap et Baie du Bon Succès (après avoir passé le Détroit de Le Maire !)
  • Fausse Calanque
  • Côte Inabordable
  • Îles de la Furie de l’Est
  • Rocher Solitaire
  • Îles du Danger
  • Étroitesse des Anglais
  • Passage Tortueux
  • Îlot «Méfiez-vous» (Beware)
  • Baie de la Désillusion
  • Île du Duc d’York
  • Canal des Abandonnés
  • Fjord Purgatoire
  • Îlot Précaution

Article de culture générale et technique: GRIBs et prédiction météorologique

Toujours dans l’espoir, même infinitésimal, de voir évoluer positivement la compréhension de la chose marine parmi nos fidèles lecteurs, l’équipage de Kousk Eol vous propose son 2e article de culture générale : comment savoir le temps qu’il fera demain et au-delà, alors qu’on n’a même pas la télé ?

Et la réponse est ? Je vous le donne en mille : les fichiers GRIB ! Ces fichiers magiques couvrent une zone géographique choisie et contiennent, sous forme codée, les informations sur le temps pour une période donnée : direction et force du vent, hauteur des vagues, quantité de pluie, température, …

Pour continuer dans la magie, ces fichiers peuvent afficher leurs informations en sur-impression de nos cartes électroniques de navigation, permettant (ça, c’est la théorie) d’adapter sa route pour profiter des conditions les plus favorables (le plus souvent, des moins défavorables).

Mais comment donc récupérer ces fichiers, me direz-vous, alors qu’il y a encore moins de Freebox (ou équivalent) que de télé à bord de Kous Eol ? Eh oui, les frangins DD et le Glaude, qui ont facilement tendance à se la péter quand ils le peuvent, ont ici joué plutôt cheap… Là, on entre dans le domaine de la magie noire : on utilise Iridium, bien sûr !

Iridium, c’est une technologie d’enfer, avec son propre réseau de satellites (un peu comme le GPS), qui permet de communiquer à partir de n’importe quel point du globe vers n’importe quel autre point du globe, en utilisant un bête téléphone portable .

Et c’est là que le bât blesse, que la belle histoire s’abîme… Parce que le téléphone, il n’a rien à voir avec votre smartphone. Il est gros, il a un tout petit écran noir et blanc, un interface utilisateur et une ergonomie à chier propres à pousser à bout l’ange le plus compréhensif, une fonction transfert de données limitée à quelques kilo-octets par seconde (si votre Freebox, ou équivalent, vous offrait 1 giga-octet par seconde, c’est à dire un million de fois plus rapide, vous changeriez de fournisseur illico), et les communications coûtent cher. Mais c’est quasiment le seul lien pratique avec le reste du monde dit civilisé. Donc sur Kousk Eol on a un Iridium.

Si vous avez bien suivi jusque là, vous en aurez aisément déduit que la taille du fichier GRIB à récupérer est un paramètre d’une importance cruciale . Si le fichier est trop gros, il coûtera cher, mettra une éternité à être transféré sur l’ordinateur du bord, et donc la transmission aura très certainement l’opportunité d’être interrompue (par exemple parce qu’un gros nuage à grain cachera le satellite…), nécessitant une retransmission, donc d’autres coûts et une augmentation du niveau d’énervement du skipper.

Donc il vaut mieux un petit fichier. Oui, mais alors, contiendra-t-il suffisamment d’information pour permettre de mettre sur pied la stratégie d’enfer qui garantira une arrivée à Salvador avant la fermeture du dernier bistrot ?

Et c’est là que ça devient intéressant… Que les discussions passionnées s’engagent… Étendue de la zone, point d’observation tous les degrés ? Les demi-degrés ? Prévisions sur 3 jours ? Sur 5 Jours ? Bref, on s’est mis d’accord une fois pour toutes après étude objective de tous les arguments avancés : pour le milieu de l’océan, ce sera une prévision sur 3 jours avec point toutes les 12 heures, maillage au degré, zone plus ou moins carrée de 8 à 10 degrés de côtés. Soit moins de 8 Ko à transférer. Soit environ 2 minutes de transfert tout compris…

L’image ci-dessous montre la formation du cyclone sur le Cap Vert : on comprend mieux pourquoi nous avons dû nous dérouter vers le sud-est avant de rencontrer des vent (et des mers!) plus favorables pour nous pousser vers le sud-ouest.

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Fichier GRIB montrant la formation de Umberto, et pourquoi nous étions poussés vers l’Afrique…

Le vent a forci les 2 jours suivants et la mer n’a pas aidé à avoir une navigation sereine…