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Traversée Galapagos-Marquises: 1e semaine (25 Avril-1er Mai 2015)

25 avril 2015: c’est le jour du départ… Le plein de gas-oil est fait. On finira de remplir le réservoir d’eau avant avec le dessalinisateur chaque fois que le moteur sera sollicité, pour éviter de lâcher encore quelques dollars… Les dernières courses sont expédiées: peu de choix, et là aussi, à des prix un peu exagérés. Et finalement, un dernier petit resto… 14h: l’ancre est levée et nous partons: 3000 milles devant nous avant les Marquises. En général, on compte 25 jours, en moyenne. Les GRIBs indiquent que les alizés sont bien installés: une quinzaine de nœuds de vent de Sud-Est pour les prochains dix jours. Ça devrait le faire… « French Curve », un voilier de San Diego (Californie) que nous avions rencontré à Puerto Villamil, est parti juste avant nous. « Full Circle », le catamaran des Texans David, Cindy et Larry, eux aussi rencontrés sur Santa Isabela et qui nous avait suivi à Puerto Ayora, devrait partir d’ici deux ou trois jours. Sophie et Benjamin, sur « Ouma », qui nous avaient annoncés leurs fiançailles à Puerto Baquerizo, ont eux levé l’ancre depuis presque deux semaines. On devrait tous se retrouver aux Marquises…

Nous quittons les Galapagos sans trop de regrets… Bien sûr, il y a la nature, fabuleuse, les animaux dits sauvages que l’on peut approcher de très près, les paysages volcaniques exceptionnels. Mais l’archipel prend trop des allures de pompe à fric… Tout est sous contrôle, et la moindre activité doit se payer. Au prix fort. Nous avons eu l’impression que les autorités font tout pour décourager les visiteurs en voilier. Les droits sont prohibitifs pour avoir seulement l’autorisation de rester dans trois mouillages uniquement. Hors de question d’utiliser son voilier pour se balader autour des îles! Il semble clair que les touristes arrivant en avion sont une manne préférable, car plus contrôlable. Et ce ne doit pas être évident pour l’Équateur de trouver le bon compromis entre protéger réellement le parc naturel et ne pas tourner dos aux revenus du tourisme. Mais ne jouons pas les blasés et ne boudons pas notre plaisir! Évidemment, nous sommes tout de même contents d’être venu admirer ce lieu mythique, si lié au nom de Darwin. Et c’est aussi un rêve de gamin de plus qui se réalise. Il manquait juste cette dimension de liberté que nous avons toujours apprécié pratiquement partout où nous avons laissé traîner notre coque.

Rassurons-nous: il y aura encore maints endroits qui nous ravirons durant la suite de notre périple… Pour l’instant, il faut avancer: 3000 milles, c’est long. Et le Pacifique est immensément vide, en tout cas au-dessus de l’eau…

Du coup, les chances de rencontrer des cons par ici sont extrêmement réduites. Les probabilités sont formelles: rien de comparable avec nos grandes villes, nos plages, voire nos mouillages au mois d’août! Ça vous donne un petit côté rassurant, ça, non? Qu’il puisse encore exister de par ce monde des endroits vierges de toute espèce de connerie? Donc, on en profite…

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Après un petit grain…

Les alizés sont bien établis: un vent de Sud-Est d’une quinzaine de nœuds nous propulse bon plein dans la bonne direction. Le code D alterne avec le génois et nous faisons des moyennes de plus de 180 milles par jour… Le bateau est bien appuyé sur tribord, et la houle plutôt régulière, parfois très réduite, parfois un peu plus forte, mais jamais dure. Kousk Eol avance bien! Les poissons-volants ne sont pas rares: nous « levons » régulièrement des vols de plusieurs dizaines d’exocets, que nous retrouvons régulièrement le matin sur le pont, avec quelques calmars.

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Un des nombreux levers de soleil…

Les quarts sont en général tranquilles: seuls quelques grains viennent légèrement perturber la régularité de la navigation. A trois, nous nous relayons toutes les 3h30, pour ne faire qu’un quart chacun part nuit. Eh oui, Gilles: encore une fois, la nuit sur Kousk Eol sera divisée en trois quarts… La voile, c’est pas forcément un truc de matheux trop rigoriste (Oui: là, on frise le pléonasme…).

Bien qu’environ un voilier tous les deux jours quitte les Galapagos pour les Marquises, nous n’avons pour l’instant vu personne sur l’eau, à part un chalutier une nuit, et deux cargos au loin. Le Pacifique est décidément immense…

1er mai, petit déjeuner: nous venons juste de faire nos premiers mille milles: un tiers du parcours en six jours. Pas mal! Il faut dire que les 180 milles par 24 heures deviennent la norme depuis quelque temps, maintenant que les alizés sont bien orientés et soutenus; 15 nœuds au petit largue. C’est pas pire, comme disent nos cousins de la Belle Province. Boris.

Les Galapagos: Santa Cruz

Le 20 Avril, notre zarpe en poche, nous quittons Puerto Villamil et Santa Isabela vers 5h du matin pour Puerto Ayora sur Santa Cruz, l’île la plus peuplée en descendants des primates dur rift est-africain.
Une quarantaine de milles à parcourir et nous arrivons dans la Bahia Academia, le mouillage devant Puerto Ayora.
Nous sommes attendus par un représentant de l’Armada qui vient inspecter Kousk Eol afin de vérifier que nous somme bien équipés côté sécurité.

La Bahia Academia est encombrée de bateaux emmenant les touristes, ainsi que par quelques voiliers faisant escale avant la Polynésie. La baie est très ouverte sur le Sud, et donc sur la houle du Pacifique: certaines nuits ne seront pas très confortables… Mais le fond tient bien!

Puerto Ayora est de loin la ville la plus développée de l’archipel: vraies rues, nombreuses boutiques, restaurants tous les 30 mètres, hôtels. La proximité de l’aéroport sur l’île de Baltra au Nord fait qu’il y a du monde dans les rues. Bref, pas la ville que nous avons préférée…

Henry nous rejoint ici: il nous accompagnera pour la traversée vers les Marquises.

Nous irons nous baigner sur une très belle plage, à la Bahia Tortuga, zone de nidification des tortues marines, et des iguanes marins. Température de l’eau idéale: à croire que c’est elle qui s’est ajustée aux désirs des touristes… Mais bon, ce serait peut-être pousser un peu loin les pouvoirs de l’évolutionnisme, non?
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Un centre d’interprétation sur les tortues et iguanes terrestres permet de mieux comprendre la faune particulière des îles, et les efforts faits pour la préserver.

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Cactus

pinson1 pinson3 pinson2Les fameux pinsons…

Certaines espèces ont déjà disparu depuis la présence humaine sur l’archipel. Ainsi, les Américains qui avaient construit une base aéronavale sur Baltra (dont l’aéroport est toujours utilisé), durant la seconde guerre mondiale, ont décimé la population d’iguanes terrestres endémiques de cette île, sans doute pour passer le temps… Les fermiers, eux, se contentaient de massacrer les tortues pour dégager de l’espace pour leurs élevages.
tortues IguaneTerrestre

MarieJo et Cathy repartent vers la France le 24 avril: nous partirons, nous, le 25 vers les Marquises, après avoir fait les dernières courses.
Courses rapides: peu de choix, et prix exorbitants: Santa Cruz dépend presque complètement de l’extérieur pour sa subsistance. Et un des derniers cargos d’approvisionnement a coulé avec toutes ses marchandises, faisant monter les prix!
Dans l’après-midi, accompagnés d’Irene, notre agent à Puerto Ayora (ça sonne bien, non? Comme dans James Bond…), nous allons voir les services de l’Immigration pour faire tamponner nos passeports. Irene nous avait prévenus: la fonctionnaire-préposée est une porte de prison, il faudra bien se tenir! Résultat: nous sommes accueillis par un sourire rayonnant, et raccompagnés une fois les formalités accomplies avec moult souhaits de bon voyage… Ébahie, Irene, qu’elle est… Eh oui, les frangins, avec le renfort d’Henry, y font pas toujours rien qu’à se la péter! Prétentieux? Mais où allez vous chercher tout ça? Et c’est pas la peine de le répéter à MarieJo et Cathy, bien sûr.

Demain 25 avril, on récupère notre linge à la blanchisserie, on prend un peu de pain, et on y va: 3000 milles pour les Marquises, c’est pas la porte à côté!

Avant de partir, les derniers échos gualapaguéños: hir et avant-hier, deux bateaux promenant des touristes ont coulé… Le premier s’est échoué sur des récifs, et le deuxième a tout simplement perdu son arrière, avec les deux moteurs hors-bord! Tout le monde a été récupéré.

Les Galapagos: Santa Isabela

Le 13, nous nous préparons comme prévu pour rejoindre Puerto Villamil sur l’île de Santa Isabela.
Au moment de partir, nous apprenons par notre agent que des algues ont finalement été trouvées sur notre coque, incompatibles avec un séjour dans le parc des Galapagos… Sachant que ces algues se sont développées alors que nous remontions du Sud dans le courant de Humboldt, qui traverse l’archipel…
Il faut sortir des eaux du parc pour caréner, en plein océan, avant de pouvoir rejoindre Santa Isabela. Soit 40 milles dans un sens, puis 40 milles dans l’autre. Et caréner dans la houle n’est pas forcément une partie de plaisir, même si l’eau est bonne!

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Un poisson volant se fait prendre sur notre pont…

Notre opération « nettoyage » finie, nous reprenons notre navigation, sans vent, vers Puerto Villamil, où nous arrivons par une nuit noire, avec des cartes très approximatives: 2 nœuds et au sondeur entre les hauts fonds. On trouve finalement une bouée pour nous amarrer pour le reste de la nuit.

Au matin, nous découvrons une dizaine de voiliers de différents pays, en escale avant de continuer sur les Marquises: nous ne serons pas seuls pendant la traversée! Certains sont arrivés directement ici, malgré l’obligation de passer d’abord par Puerto Baquerizo, ou à la rigueur à Puerto Ayora, sans que cela ne semble poser de problème majeur…

Le mouillage de Puerto Villamil est dans une espèce de lagune entourée par des récifs de lave, et relativement bien protégée. L’amplitude de la marée dépasse les deux mètres: des rochers et bancs de sable découvrent. Les requins pointe-noire, les otaries, les pélicans et les manchots viennent inspecter le bateau, eux aussi: spectacle dont nous ne nous lassons pas. Par contre, pas, ou très peu de taxis nautiques, tous très occupés à transporter les touristes, ceux qui paient vraiment, sur les bateaux de croisière. On gonflera donc notre annexe…

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Pas mal, l’annexe!
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La plateforme non plus…
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Voyons si la coque est propre…

Santa Isabela est de réputation l’île où la faune est la plus riche, avec des paysages volcaniques grandioses. Nous jouerons dons les touristes de base pour nous en mettre un peu plus dans les mirettes: Santa Isabela n’a pas volé son statut!
Le débarquement au ponton des annexes met tout de suite dans l’ambiance: manchots pêchant dans moins d’un mètre d’eau, et surtout, iguanes marins un peu partout sur le chemin d’accès, partageant le territoire avec les otaries.
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Une belle plage de sable de plusieurs kilomètres s’étend à l’ouest de Puero Villamil, barrée par endroit par des restes de coulées de lave noire.
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Nous nous payons une excursion vers Los Tuneles, une zone côtière où la lave a formé une multitude de canaux et de ponts naturels, et où quantité d’animaux marins ont trouvé refuge: tortues marines, requins, manchots, et bien sûr, la vedette, le fou à pattes bleues.

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Les animaux n’ayant rien à craindre de l’homme se laissent approcher en nous ignorant superbement… C’est quand même magique de nager au milieu des tortues, manchots, requins, raies! Ou d’approcher, enfin, les fous à pattes bleues.

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Pour compléter notre aperçu de l’île, nous prenons un taxi et un guide (obligatoire) pour le volcan de la Sierra Negra et le volcan Chico, que nous atteignons après une petite marche de 8 km.

La Sierra Negra offre le spectacle incroyable d’un cratère de 10 km de diamètre, empli de lave noire datant de la dernière éruption, en 2005.

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Le Chico est lui un ensemble de petits cratères que l’on rejoint en traversant d’anciens champs de lave rouge, barrés par une coulée plus récente, noire, laissée par l’éruption de 1979, la plus récente de cet ensemble de volcans.

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Puerto Villamil est un village en construction: rues en terre, maisons à moitié finies… Mais des chantiers à tous les coins de rue: la civilisation s’installe.