Dimanche 14 Juillet. Belle journée, mais pas de fanfare de fête nationale pour nous tirer de nos couchettes… Repas sur le pouce au seul bistrot du Puerte Deportivo Alcaidesa, puis préparatifs pour le départ vers Madère : plein des réservoirs d’eau, vérification du niveau d’huile moteur… pour découvrir une fuite au niveau de la pompe à eau . Démontage, inspection du joint, graissage et remontage. La fuite semble partie au rayon des mauvais souvenirs.
Nous partons finalement vers 16h30 avec un bon vent qui nous pousse hors de la baie d’Algesiras : une bande de dauphins, sans doute amateurs de bateaux racés et bien barrés, semble nous montrer la route en jouant à l’étrave …
L’arrivée dans le détroit est compliquée : vent de face, changeant et obligeant à jongler entre trinquette et génois, trafic maritime à surveiller lors de la traversée des rails… Nous rejoignons les côtes marocaines vers 19h30. Endroit propice aux libations révolutionnaires … La prise de la Bastille sera célébrée par des prises (modérées) de bordeaux, qui voyage ma foi fort bien. L’équipage est achevé par une vieille prune de derrière les équipets . Merci qui ? Merci Kesbi le magnifique !
Le vent et la mer continuent leur petit jeu, se faisant aider par la marée .Résultat: bords carrés d’anthologie durant la nuit !
Un coup d’œil aux traces GPS montre l’ampleur des dégâts…
Puis nous reprenons régulièrement du vent, d’abord dans le nez, puis s’orientant régulièrement vers le NNE: plutôt pas mal pour rejoindre Madère ! La vitesse du bateau monte autour de 8 nœuds, avec des pointes au delà de 9nds durant la 2e nuit en mer. Trois petits calmars suicidaires se sont échoués sur le pont: peut-être que l’alternative était de finir dans la gueule d’une dorade ?
On notera d’autre part une baisse notable dans la rigueur de la sélection des équipiers, si l’on peut en juger par le manque de précipitation à aller faire la cuisine par 30° de gîte, accompagné d’une utilisation anormalement longue des couchettes, sous le prétexte futile que là, ça passe mieux…
Mercredi 16 : le vent est relativement bien établi, après quelques velléités de coup de mou que nous réglons vite faite en menaçant de sortir le Code D. Nous ferons 170 milles en 24h : c’est pas pire…
Jeudi 17 : nuit de folie, avec le bateau régulièrement au-dessus de 8nds ! 96 milles en 12 heures… 180 milles en 24h . Nous devrions être à Porto Santo, première île de l’archipel de Madère, à une vingtaine de milles au NE de cette dernière, donc la première sur notre chemin, demain en milieu de journée avec un jour et demi d’avance sur nos prévisions.
Vendredi 18 : le bateau a bien avancé, sur une mer un peu chahuteuse. L’émeute à bord a été évitée de justesse, certain élément féminin se plaignant d’avoir été secoué plus que de raison pendant la nuit…
Pas mal d’oiseaux marins : le DD montre son savoir et nous épate en citant tous les noms. Faut pas jouer au puffin avec lui ! D’un autre côté, comme on n’a aucun moyen de vérifier la justesse des assertions…
Porto Santo est en vue depuis 9h. Nous arriverons vers 13h30 dans un port tranquille, accueilli par un douanier parlant français, qui nous aide à prendre nos amarres. La digue est pratiquement complètement taguée par les bateaux de passage…
Un peu moins de 4 jours pour cette première traversée d’un peu plus de 600 milles. Presque 1400 milles depuis notre départ de Toulon le 30 juin.
Vendredi sera une journée de repos, sans quart et bateau à plat… Samedi, nous repartirons vers Funchal, la capitale de Madère. Suite au prochain numéro!