Arica to Galapagos Islands on the good ship « Kousk Eol »

From our special reporter Frank Lawrence.
What follows is a brief description of the voyage from Arica, in Northern Chile, to the Galapagos Islands, a distance of approximately 1600 miles, and intended to take 10 -12 days, nonstop.
This text is for those deficient in the French language, of which I am one!
Pour le Français, je recommande « Google Translate » – Voila!
Arica is a small town very close to the border with Peru, which has Commercial harbor which provides the only access that Bolivia has to the sea. The town and it’s attendant ‘Yatch club’ is dominated by a truly enormous rock, several hundred feet high, and of volcanic origin on top of which is a war memorial which also a giant Chilean flag, as a reminder to Peru that this is now Chilean territory (Chile captured the place from Peru during a 19-century conflict, but they try not to be too bellicose about it, if you are blind and cannot see the giant flag on top of the giant rock! Arica’s other claim to fame, is that it has not had rain for 14-years

So much for the backdrop…..
Plan A was that we would depart Arica on the afternoon of March 26, as soon as I arrived and we did some last minute shopping for fresh provisions. Plan A didn’t survive until lunchtime. The ‘Armada’ had closed the port & small harbor due to big waves at the harbor entrance….nobody’s putting to sea, mañana! Ah yes, Armada is what the Spanish speaking Navies calls themselves – history lesson required? Armada equals Spanish naval disaster at the hands of Sir Francis Drake and the weather, for English speaking people…..maybe not the most auspicious name for your Navy.
So nothing to do, except retire to the yacht club for lunch & a beer (or two).

Next day, more of the same. Visit to the Armada offices for a prognosis, mañana! In fact the waves didn’t look too bad (except the occasional whopper), so we did what all good sailors do – have lunch – terrific empanada’s and Pisco Sour at the local bar.
So far, not much progress, and to boot, the local police closed the access road to the yacht club, as the waves were now in the process of demolishing the harbor walls (no kidding!).
Still, we had provisions to get, in anticipation that mañana would eventually come, so we walked past the police guarding the closed access road carrying our empty shopping bags and were duly noted and waved through – easy!

Loaded with many bags, we took a taxi back to the access road and started walking past the same police we had passed coming out. He looked at the mounds of shopping bags and decides we can’t go back in – huh? Only way back to the boat is down this access road. We protest and point to 2-weeks worth of fresh groceries – absolutely no joy. Fortunately, two naval officers pass by and we remonstrate with them, point to the provisions, point and then to the boat…..they wave us pass the police line – lucky! I take it all back, the Armada is great!

We get permission to sail, two days later than planned, and after much pleading by Claude & Andre, citing domestic discord if we are not in Galapagos by April 10 to meet the ladies. This seemed to work.

So, eventually, we set sail, pointed the boat Northwest, and basically maintained the same tack on a broad-reach point-of-sail (« Allure », pour le Francaise) for 7-days, while doing three hour shifts at night. Sea state was much calmer than I expected, with a good steady northerly wind of 10-15 knots and clear moonlit nights.

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Captain Frank

Few incidents, apart from twice catching floating fishing lines (in reality, more like ropes) 100 yards long, necessitating Andre diving under the boat to release them (really bad if you operated the engine and foul the propeller with these things).
Claude had me convinced we could see the mountains of Peru at dawn one morning, until we realized we were 250 miles off shore – too much rum the night before.

A little fishing, sometimes successful, (tuna and dorade) supplemented the provisions, except the one I call « Jonah », a ~10kg tuna that managed to slip the hook as s/he was being brought on-board.
« Jamaica Day » (or so I choose to call it) comprised eating « Stew Peas & Rice » to the sound of Bob Marley’s « Legend » album on a French boat in the Pacific. Only the Red Stripe beer was missing, but we had an adequate supply of rum to compensate.

Five hundred miles from the Galapagos, conditions changed, with lighter winds and a negative current, slowing our progress and necessitating occasional use of the engine to make any progress, until our arrival at the port of Baquerizo Moreno, capital of the Galapagos and point of entry to clear the official immigration & customs paperwork.

The ladies arrive tomorrow, so best behavior!

So endeth the crossing, 1658 nautical miles, 11-days, average speed 6.5 knots. Now to check out the islands and it’s famous wildlife.
One bit of advice: if you plan to visit the Galapagos, bring copious quantities of cash (US dollars) – you will need it, and then some more!

Rubrique technique: le « açôle »

Un des nombreux intérêts de naviguer en équipage cosmopolite provient de la richesse des échanges d’expériences qui en découle très souvent. Et c’est le cas avec notre copain Frank, jamaïco-britanniquo-américain. Après l’article sur les couilles des Glénans qui a établi la réputation de ce blog , voici donc un autre article sur les techniques de navigation et réglage de voiles résultant de ce brassage culturel, supplément gratuit pour les lecteurs à jour de leur abonnement.

Tout équipier embarquant sur un voilier dont le skipper aime un tant soit peu la voile aura vite noté que les manœuvres se doivent d’être exécutées rapidement et sans cafouillage, ne serait-ce que pour ne pas déclencher l’ire dudit skipper.

Tout équipier ayant un minimum d’expérience n’aura pas pu ne pas remarquer (Ben oui, et alors? Pourquoi, sous le prétexte que la voile est considérée par les béotiens comme un truc de manuels, on ne pourrait pas jongler avec les doubles négations? Hein?) le côté hostile de l’environnement d’un voilier: en plus des voiles, il y a plein de ficelles partout, qui s’emmêlent, se coincent, dans lesquelles on se prend les pieds, etc.

Et ces ficelles, non contentes d’encombrer le pont, font exprès de passer par des poulies ou des filières. Et c’est précisément sur cet aspect que va se focaliser le présent article: le passage des écoutes, drisses, bras, drosses dans les poulies et les filières.

La théorie voudrait que ces fameuses poulies ou filières facilitent l’action de tirer ou de relâcher ces non moins fameuses ficelles. Et une manœuvre qui se présentait pourtant bien, comme le fait de choquer le bras de spi pour étouffer ce dernier dare-dare, car le vent forcit et qu’il faut affaler sans tarder, tourne incompréhensiblement à la catastrophe parce que sournoisement, une ficelle coince dans une poulie ou une filière. Là où, pour nous skippers Français, il est tout à fait naturel de s’exclamer: « Fichtre, que diantre, la ficelle qui retient le spi du mauvais côté s’est malencontreusement coincée dans la poulie! La coquine! Manant-équipier, pourrais-tu s’il te plaît intervenir promptement, car la situation pourrait prendre un tour carrément désagréable avant longtemps? », le skipper américain, lui, élevé à l’école du pragmatisme anglo-saxon, criera simplement: « Açôle! », et l’équipier comprendra illico.

Une bonne photo valant bien mieux que le meilleur des discours, même écrit par votre serviteur, celle qui suit montre un exemple typique d’açôle.

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Açôle de base
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Açôle en pleine action…
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Açôle sournois…

Tout bout, écoute, drisse, même si garanti anti-vrillage par les meilleurs slogans marketing (surtout ceux qui rajoutent: « Si je mens je vais en enfer. »), est potentiellement sujet au açôle. Sachez-le. Et soyez dorénavant prompt à réagir au cri de « Açôle! » que ne manquera pas de lancer à un moment ou à un autre votre skipper préféré.

Ah, attendez deux secondes: Frank me glisse discrètement à l’oreille qu’il ne faut pas écrire « açôle » mais « ass hole ».

Au temps pour moi!

Mais ça ne change en rien le fond du problème. Et la morale de tout ceci (Eh oui, sur ce blog, même les articles hautement techniques ont une morale.) est que même si nous n’accepterons jamais aucun trouduc à bord de Kousk Eol, nous ne pourrons nous garantir d’être à l’abri des ass holes…

Traversée Arica – Galapagos

Difficile de décoller d’Arica: le jour prévu, 26 mars, du mauvais temps plus au Sud du pays a levé une grosse houle, qui génère des déferlantes de 3 à 4 mètres à l’entrée du port. Résultat: l’Armada interdit toute sortie…

Impossible de dormir durant la nuit: le bateau est secoué dans tous les sens, car le port est très ouvert sur l’océan. Et pire, nos deux bouées de mouillage dérapent! Nous ne sommes pas les seuls: plusieurs bateaux jouent à touche-touche toute la nuit. Heureusement, nous avions un peu anticipé et mouillé deux ancres: une à l’avant et l’autre à l’arrière.

Mais nous n’allons pas trop nous plaindre: au Sud d’Arica, c’est la catastrophe. Des pluies torrentielles ont emporté des villages entiers. La télévision montre en boucle les images des inondations: plus d’eau en une journée que durant les quatorze ou quinze dernières années dans ces régions quasiment désertiques!

27 mars: très légère amélioration, mais toujours la même interdiction de sortir… Ça va commencer à être chaud pour être à temps pour accueillir MarieJo et Cathy aux Galapagos!

28 mars: enfin, la houle est retombée, et le port à nouveau ouvert! Visite de l’Armada, de la douane et de l’immigration à bord: une demi-heure après, les passeports sont tamponnés et l’autorisation de partir délivrée! Nous n’aurons pas échappé cette fois non plus à la question qui tue: « Quel jour arriverez-vous aux Galapagos, et à quelle heure? ». On a beau expliquer que Kousk Eol est un voilier, et donc soumis aux caprices de la météo, et qu’il y a tout de même 1600 milles à parcourir, le formulaire prévoit cette information. Donc on arrivera le 8 à 12h00.

Bref, 14h03: nous partons enfin…

Nous ne reviendrons certainement pas à Arica en bateau: mouillage non sécurisé très ouvert sur le large, fonds incertains, cher pour les services rendus. Rétrospectivement, nous nous disons que nous avons eu de la chance lors de notre périple au Pérou et en Bolivie, en laissant Kousk Eol seul…

By the way, since Frank is on board, the official language on Kousk Eol has switched to English. Mais rassurez-vous: sur ce blog, nous nous contenterons de continuer à massacrer la langue française. De toutes façons, Shakespeare ne faisait pas de voile… Et Molière? Euh…

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Frank dans ses œuvres…

Nous hissons la voile, et, comme c’est rigolo, la drisse lâche et la voile retombe. Oh la facétieuse! Sauf qu’il faut monter là-haut, qu’on est en mer et que ça bouge. On met bien le génois pour stabiliser, mais ça bouge quand même! Dans ce cas les volontaires ne se précipitent pas: le coupable (qui avait foiré l’estrope entre le point de drisse de la grand-voile et la drisse) est vite pressenti… André, plongé dans « L’origine des espèces » (en préparation à l’arrivée aux Galapagos), en rajoute une couche en prétendant que de toute façon il valait mieux envoyer en haut du mât celui qui avait le moins été touché par les théories de Darwin, et n’était pas encore complètement descendu du singe. Un frère, ça?

Bref: la drisse est récupérée, re-fixée à la grand-voile, et cette dernière re-hissée: la brise thermique est encore vaillante et propulse Kousk Eol aux environs de huit nœuds.

Ici, le lecteur un peu attentif et au fait de la chose voileuse ne manquera pas de poser la question: « Mais pourquoi une estrope? Pourquoi pas une bête manille? Hein? ».

Le problème est que la drisse de grand-voile rague à la sortie du réa de tête de mât: au bout de quelques jours, la gaine de la drisse est complètement usée, et il faut en couper un morceau. Ou faire quelque chose. La drisse s’use, car elle ne tire pas parallèlement au mât et frotte contre le guide de sortie du réa lorsque la voile est débordée: défaut de conception de la pièce du point de drisse. L’estrope avait pour but de ramener l’axe de tire le long du mât.

Raté pour cette fois…

Vers 19h, les alizées reprennent le dessus: une dizaine de nœuds de vent nous poussent gentiment. Si ça ce n’est pas un temps à spi… Donc, le spi est mis en place, on espère pour un bout de temps!

30 mars: nous sommes toujours sous spi depuis le départ. Les alizées semblent bien accrochés, et c’est un vent de 10 à 15 nœuds du Sud qui nous propulse gentiment le long des côtes du Pérou.

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Encore un petit lever de soleil sur le Pacifique…

3 avril: les journées se suivent et se ressemblent un peu. Hier, nous avons passé la mi-chemin vers les Galapagos: plus de 800 milles parcourus depuis Arica. Les alizées de SSE continuent leur boulot, et le spi est resté gonflé pratiquement depuis le départ. Seuls un ou deux intermèdes orageux nous ont obligé à faire reprendre du service au génois, et encore, pas pour longtemps.

Le seul bémol est que nous n’arrivons pas à faire une route directe: dès que nous nous mettons un tant soit peu vent arrière, la houle nous fait rouler, et la grand-voile claque… Très inconfortable, et pas très bon pour le matériel. Mais une bonne occasion de réviser les notions de VMG!

Tous les soirs, nous espérons une dorade au bout de notre ligne: heureusement, même si l’espoir est censé faire vivre, notre frigo est plein… Nous avons plusieurs touches, mais soit le poisson décroche, soit le leurre casse avant la remontée à bord. Il va falloir très sérieusement réviser nos techniques de pêche!

Du coup, l’activité pré-prandiale principale qui permet de conclure encore une belle journée avant les quarts de nuit est l’apéritif, seul moment où nous nous autorisons un verre d’autre chose que de l’eau ou du thé: une cerveza, un verre de carmenere, voire un ti-punch… Si, si, Cathy!

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Équipier préparant son quart…

Aujourd’hui, nous (re)franchissons les 10°S, cette fois ver le Nord. Quel changement depuis la Patagonie! Il fait beau tous les jours, le vent s’est graduellement réchauffé, et le chapeau est de mise: ce n’est pas peu dire que le soleil rayonne! Au moins, les panneaux solaires sont contents.

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Un petit épisode de Game of Thrones?

 

13h30: nous croisons un voilier, le Sandonkan, chilien battant pavillon panaméen. Petit échange via la VHF: ils viennent des Galapagos et rentrent au Chili, contre le vent… Nous souhaitent un bon séjour aux Galapagos, le plus bel endroit sur terre selon eux. Eux non plus n’ont pas vu de bateau depuis plus d’une semaine: plutôt pas mal pour un monde avec sept milliards d’habitants! Profitons de cette chance!

Dans la soirée, une petite dorade suicidaire décide de s’accrocher à la ligne, et surtout, d’y rester jusqu’à ce qu’on la remonte à bord: filets de coryphène pour le repas de demain midi!

4 avril: nuit de merde à tenter de régler le spi avec un vent tournant et changeant de force sans arrêt, avec une petite houle vicieuse. Au matin, on se retrouve cap au 270° pour éviter que la grand-voile ne claque trop et ne secoue exagérément le gréement… Alors que la route directe est au 335°…

Qu’à cela ne tienne: ce jour, l’équipage de Kousk Eol va entreprendre LA manœuvre de cette traversée. A savoir: un empannage sous spi au soleil levant. Piece of cake: le spi et la grand-voile sont regonflés vite fait sur l’autre bord, les trois têtes sont indemnes, et le cap est au 335°!

Inspection rapide: le réglage des voiles est Boris et le bateau (re)file à presque 7 nœuds. Nickel.

Pourquoi Boris? Excellente question. Rappelez-vous: l’équipage est multi-lingual, et de plus mélomane. Il se trouve qu’hier soir, alors que nous devisions doctement sur les compositeurs que nous aimions, Boris Godounov est apparu dans la conversation. Frank: « OK, if this Boris is good enough for you, there is no reason it should not be good enough for me as well! ». Et ainsi, le réglage des voiles étant good enough, il est Boris.

CQFD. Sacré Boris! Pas un Mozart faux-coeur, lui.

Capillotracté? Bon d’accord, ça se dégrade un peu à bord. C’est juste pour se rattraper de ne pas avoir fait de jeux de mot vaseux sur Titicaca lorsque nous y étions…

Andre-Frank
Dure journée pour les marins…

Le temps qu’Iridium retrouve sa constellation et nous récupérons les derniers GRIBs avant d’arriver. Mierda! Le vent pour les trois prochains jours ne dépassera pas dix nœuds… Au grand largue, ça va prendre un peu de temps! Et la température est montée plus de 28°.

Par-dessus le marché, le ciel est nuageux et les panneaux ont du mal à récupérer quelques photons.

5 avril: finalement, une série de grains durant la nuit nous poussera à un bon train dans la bonne direction. Mais finalement, les grains s’arrêtent aussi et avec eux le vent… C’est Volvo qui prend le relais: on ne l’avait pas beaucoup mis à contribution jusqu’ici. Et on en profite pour recharger les batteries à fond: depuis deux jours, un plafond nuageux et un vent faiblard n’ont pas permis une recharge « naturelle » complète…

375 milles avant d’arriver: en principe, deux jours et demi pour Kousk Eol.

Heu: peut-être…

On passe la journée à jongler entre le Code D, le génois et le moteur, avec en plus un courant de un nœud dans le nez.

Une autre petite dorade se fait prendre et finira en ceviche pour l’apéro. Boris.

Andre-Dorade
Pôvre daurade!

Le soleil cogne: toujours 28° à l’ombre, et beaucoup d’humidité: nous transpirons par tous nos pores…

Les séquences « moteur » ont aussi permis de faire tourner le désalinisateur: nous avons pratiquement refait le plein d’un des réservoirs. C’est plutôt rassurant pour la suite.

Puis le vent reprend un peu, et nous passerons même une nuit tranquille sous Code D, et les Galapagos ne sont plus qu’à 180 milles au réveil, le 7 avril.

8 avril: l’Isla Gardner, la plus au Sud de l’archipel est en vue! Une quarantaine de milles pour rejoindre Puerto Baquerizo, sur l’Isla San Cristobal, où nous devons faire les formalités d’entrée en Équateur et dans le parc.

Nous revoyons des cibles AIS sur notre PC et la VHF se remet à crachoter: la civilisation n’est plus très loin!

15h30: on est devant le chenal d’accès au mouillage. Et on a vu notre premier fou à pattes bleues! Et 20 minutes plus tard, nous mouillons devant Puerto Baquerizo, sous la pluie…

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Puerto Baquerizo

Il n’y a pas une heure que nous sommes posés qu’une otarie (des Galapagos, of course!) vient se bronzer sur la plate-forme arrière de Kousk Eol!

Nous allons rester sur l’archipel environ trois semaines: on vous racontera tout ça.

Les Galapagos vont clore pour nous un autre chapitre conséquent de notre périple: les îles marquent en effet la fin de notre tour de l’Amérique du Sud… Nos petites têtes vont-elles arriver à emmagasiner tous les souvenirs, nos mirettes se souvenir de toutes les images, les couleurs?