29 avril. Le temps est évidemment encore couvert pour notre première navigation de nuit de 2016 : André et Maurice se font bien arroser pendant leur premier quart…
Le vent aurait pu être régulier s’il n’y avait pas de grains. Et la mer plus tranquille : au grand largue vers le nord-ouest avec une houle désordonnée sur les trois quarts arrière, Kousk Eol remue un peu. Mais avance bien. Un beau mahi-mahi se laisse attrapper : huit kilos au bout de la ligne, remontés et promptement découpés en darnes bien épaisses.

Menu de midi : carpaccio de daurade.

Menu du soir : darnes de mahi-mahi aux petits légumes.
Nous arrivons vers deux heures du matin, en même temps que le Taporo, le cargo qui ravitaille les îles, devant la passe de Teavapiti qui mène à Uturoa, la capitale de Raiatea. Il y a de la place dans le petit port, et nous nous amarrons à quai. Pour être réveillé le lendemain vers sept heures trente : il faut bouger car nous sommes à l’emplacement des catamarans qui viennent prendre leurs clients. Réveil un peu brutal après la navigation : nous n’aurions pas craché sur un peu plus de sommeil. On bouge un peu plus loin, et on se recouche. Cette fois c’est Véronique qui vient taper à la coque.

Alors, Véronique, il faut qu’on vous raconte : elle avait pris contact avec nous avant notre départ de France, via le blog, en nous disant qu’elle serait contente de nous rencontrer si nous passions à Raiatea. André pensait que c’était une copine de Claude, alors que Claude était sûr lui que c’était une amie du DD. Et donc nous attendions avec intérêt la rencontre avec Véronique…
Et Véronique était bien une connaissance des deux frangins, qui avait entre temps décidé de convoler et donc de changer de nom… D’où la confusion. Vite oubliée : Véronique est venue avec Jean-Gui et ils nous invitent chez eux pour le déjeuner. Accueil somptueux : douche (le luxe !), apéro copieux et repas délicieux pendant lesquels nous découvrons que Jean-Gui est un voileux de notre age, de la région de Toulon, avec qui nous nous découvrons, ainsi qu’avec Irène, foule de souvenirs et références communs, bien plus qu’avec Véronique ! Le monde est vraiment petit…


Pour faire durer ces bons moments, nous profitons même de la machine à laver…
1er mai : dimanche ET fête du travail, tout est fermé sur l’île. Il est temps de reprendre la route, cette fois vers Bora Bora. On sortira du lagon par la passe Paipai, à l’ouest de Tahaa qui partage ledit lagon avec Raiatea.

Petite traversée d’une vingtaine de milles vite avalés, comme les darnes de mahi-mahi qui restaient dans le frigo, et nous allons mouiller à l’ouest de l’îlot Toopua. L’arrivée dans le lagon de Bora-Bora est toujours aussi grandiose, malgré le piton dans les nuages.


Mais là, surprise, le guindeau qui se met en grève… Rien à faire : chaîne bloquée… On prendra donc le mouillage à la main : rappelez-vous, l’ancre fait un peu plus de vingt kilos, et la chaîne deux kilos et demi du mètre, et il y a une douzaine de mètres de fond. Saloperie de guindeau !
Le lendemain, on démonte le coupable. On en extirpe le moteur électrique. Branché directement sur une batterie ne provoque chez ce dernier aucun soubresaut : encéphalogramme plat. Eh merde : il doit avoir forcé et est sûrement grillé. Coup de fil à Papeete : marque inconnue ici, et il ne faut même pas penser à le rebobiner…

La suite du tour du monde promet de développer les biscotos.
2 mai : virée à Vaitape, la capitale de Bora Bora. Surprise : la piste boueuse de l’an dernier a été goudronnée. En chemin nous trouvons un petit chantier naval où nous laissons le moteur au patron un peu sceptique sur une issue positive : « Repassez demain en fin de matinée : d’ici là je verrai ce que je peux faire. Mais ne vous bercez pas trop d’illusions. ».
Et on avait oublié de vous dire : on est venu à la rame depuis le bateau parce que le moteur hors-bord, il ne marche toujours pas, lui non plus.

Dans le lagon, les paquebots à touristes se suivent ; le Paul Gauguin, le Princess of the Sea, le Wind Spirit. Chacun déverse sa cargaison cosmopolite dans le village. Nous nous demandons quel souvenir de Bora Bora vont emporter avec eux ces voyageurs qui n’auront passé que quelques heures à terre, dans les boutiques à souvenirs. En discutant avec l’un d’entre eux, nous avons la réponse : l’objectif est d’abord de faire une croisière. L’activité principale est sur le bateau. Celui-ci vient d’Australie, fait un stop ici, le suivant à Papeete, puis les îles Cook et les Fidji avant de rentrer, en une quinzaine de jours.
3 mai, onze heures : nous sommes comme prévu devant le chantier naval où nous sommes accueillis avec un grand sourire. Le moteur n’est pas grillé : c’est un des fils d’alimentation, complètement oxydé, qui n’a sans doute pas supporté la dernière surcharge de courant. Ça, c’est une excellente nouvelle !
Du coup, plein de courage, nous nous attaquons au moteur hors-bord. Re-démontage du carburateur : le pointeau d’alimentation en essence, commandé par le flotteur, est bloqué par une espèce de résine, résidu de carburant de piètre qualité qui a séché et tout collé lorsque l’essence s’est évaporée pendant notre longue absence… Comme la moitié des pièces sont serties, le démontage est un peu sportif, voire délicat pour nos gros doigts. Sans parler du remontage. Mais vous connaissez l’équipage de Kousk Eol : même pas peur… Et le petit Suzuki daigne à nouveau adopter un comportement proche d’une normale que nous ne pensions plus connaître.
Même la météo fait un effort : il ne pleut plus que rarement depuis deux jours, et le soleil fait des apparitions de plus en plus longues. Et la température baisse un peu.
Le lendemain, après qu’Irène ait vérifié son vol de retour vers Tahiti (vendredi à midi), nous partons mouiller au nord du lagon. Re-mouillage avec la Fortress en alu : le moteur du guindeau remarche, certes, mais il faut quand même remonter ce dernier…
5 mai. Nuit tranquille et sèche, tout seuls dans notre bout de lagon aux eaux turquoises, avec un vent entre quinze et vingt nœuds qui semble s’établir de mieux en mieux. Plutôt encourageant pour la suite.

Comme il fait beau, nous décidons d’aller à terre sur un des nombreux motus. Sauf qu’ici les locaux semblent avoir été dénaturés par l’abondance de touristes : la libre circulation le long de la bande littorale est un droit sur lequel on s’assied allègrement, avec l’appui de molosses qui n’ont de toute évidence pas hérité de l’affabilité dont les Polynésiens font généralement preuve. Retour donc sur Kousk Eol. Rien à voir avec l’impression de totale liberté vécue aux Tuamotu. Qu’à cela ne tienne : André donnera sa leçon de kite à Maurice à partir de l’annexe.

Finalement, une famille accepte que la leçon se passe devant leur coin : André tire quelques bords, puis c’est au tour de Maurice d’essayer de tenir l’aile en l’air. L’eau est à plus de trente degrés : un peu frais, mais on ne va pas faire les difficiles.
Ce soir il faut ranger le bateau car demain on lève l’ancre de bonne heure pour amener Irène à Vaitape pour son avion de retour.

Ah, au fait, vous vous en fichez profondément, certainement, mais le guindeau est remonté et semble fonctionner : on verra ça au prochain mouillage !
6 mai. Irène nous quitte ce matin. On se promet de se revoir avant les trente-cinq prochaines années.
Nous profitons de la capitale pour les dernières courses, les derniers GRIBs, et nous mettons le cap sur l’atoll de Suwarrow, au nord des îles Cook, à sept cents milles. Donc pas de mise à jour du blog avant quelque temps.

Je comprends rien à l’histoire de Véronique. Quand les hommes convolent ils ne changent pas de nom??
Le rédacteur avait il bu trop de ti-ponche??
Vous avez l’air de bien vous amuser!!
Bisous
Je t’expliquai… Le rédacteur boit trop d’eau, ce qui le laisse dans un drôle d’état.
Bisous de Pago Pago.