Piriapolis, vous dites?

Bonjour tout le monde ! Quand nous nous sommes quittés Dimanche 26 Janvier (je parle pour ceux –ou celles: vous n’allez pas recommencer!– qui suivent avec assiduité. Les autres n’ont qu’à rester devant la télé.), le suspens était à son paroxysme, absolument insoutenable : Kousk Eol partirait-il Mardi 28 comme prévu ?

Eh bien nous vous proposons de faire durer ce suspens quelque temps encore en déroulant avec vous le fil de nos folles aventures depuis cette journée…

Lundi 27 Janvier 2014

Nous nous réveillons, moral au beau fixe. André et Nico vont à Punta del Este voir le consul d’Argentine pour une sombre histoire de visas. On ne vous avait pas dit, mais quand nous avons découvert le problème avec notre quille, nous nous sommes dirigés vers le port le plus proche à la sortie du Rio de la Plata : Piriapolis. Petit détail : Piriapolis est en Uruguay, et selon nos passeports nous ne sommes pas sortis d’Argentine… Ceci n’a pas posé de problèmes aux autorités uruguayennes, mais le consul nous a conseillé de contacter les autorités maritimes argentines au plus vite…

Jacques et Claude eux restent sur le bateau pour les ultimes réparations : re-branchement de l’antenne du GPS dont la prise a mal supporté l’humidité, installation d’une charnière au panneau d’instruments pour pouvoir le basculer facilement en cas d’intervention en mer, …

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Intervention sur l’antenne GPS.

13h30 : le travel-lift se présente pour lever Kousk Eol ! Ça y est, cette fois c’est la bonne !

17h : comme promis Fikky (le responsable de la réparation) est là, et le déboulonnage de la quille peut commencer.

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La quille est descendue grâce à des vérins sur-dimensionnés!

Puis vient la phase de nettoyage de l’ancien joint entre quille et coque.

Puis… Mais c’est quoi ce truc qui s’en va ? On dirait de la fibre… Constat de Fiky : ces enfoirés de Salvador (d’après Nico, « enfoirés » est une traduction « soft » de l’Espagnol de Fiky) ont encore merdé ! La stratification entre la quille et la coque n’a pas tenu, sous-dimensionnée à nouveau… Et donc, pas de remontage de la quille aujourd’hui. Ni demain.

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Et la fameuse déstratification.

Coup de skype avec l’expert de l’assurance et avec le chantier Wauquiez (Merci Wim!) : pas très grave dans la mesure où cette stratification n’est pas structurelle , mais il faut descendre complètement la quille pour re-poncer le fond de coque, re-stratifier et re-coller. Donc immobiliser le travel-lift pratiquement une journée… Pas demain Mardi parce que Fikky régate. Mercredi ?

Du coup , apéro de marins pour se remonter le moral…

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MarieJo, Cathy: on peut tout expliquer!

Mardi 28 Janvier

Pour changer, pluie incessante sur Piriapolis : même le temps met un point d’honneur à montrer quelque solidarité avec le moral de l’équipage…

Le lapsus de notre nièce Manon nous souhaitant un non voyage (pourquoi le N est à côté du B sur les claviers, aussi?) prend tout son sens : n’aurait-on pas dû appeler ce blog « Voyage autour de ma quille » ?

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« Je pense qu’il faudrait monter un tout petit peu plus haut pour voir le Cap Horn! »

On essaie tout de même de réintégrer un peu le bateau : Nico aux fourneaux, les deux frangins la fourchette et le couteau à la main, et Jacques à la vaisselle…

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Duo infernal en cuisine…

Mercredi 29 Janvier

En principe, on doit discuter de la réparation avec Fiky aujourd’hui … 9h au bateau : personne… Du coup, on va voir nos nouveaux copains du Caïman, Igor et sa femme. Igor est Italien de père Hongrois vivant en Argentine : du coup , il parle un excellent Français. Patron de pêche, il a retapé une épave de 1925 achetée au poids de la ferraille. Le résultat est bluffant !

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Le « Caïman ».

Igor est plein de ressources : il vient de négocier 8 bidons de 25 litres de gas-oil inutilisés sur un voilier en réparation. Sans attendre, il transvase dans son réservoir. Soudain un « Hijo de puta ! » musclé fuse dans le port : les bidons sont en fait pleins d’eau… Igor est costaud : le hijo de puta en question s’en sort en troquant les bidons contre un lot d’accastillage conséquent ! La solidarité dans le milieu marin, c’est quand même quelque chose de fort.

A côté se trouve un petit voilier immatriculé au Québec : effectivement, l’équipage a l’accent qui va bien . A la question « Que faites vous dans le coin ? », la réponse est sans ambiguïté : « Ça fait 6 ans qu’on évite les hivers de mâârrde au Canada ! ».

Notre maîtrise de l’Espagnol uruguayen fait des progrès considérables : au « Una otra cerveza ! » de base, nous avons ajouté « Insistir ». Très important le « Insistir » : ne pas rester bloqué sur les « No es posible » ou « Despues » récurrents !

15h : toujours pas de Fikky…

18h : on ne verra pas Fikky aujourd’hui. Une journée perdue à nouveau.

 Petit résumé pour les feignants et ceux qui auraient des difficultés pour suivre :

  • nouveau problème, mais pas trop grave, mais il faut réparer quand même, mais on n’a toujours pas de date ;
  • le départ de Piriapolis étant lié au succès des réparations, sa date n’est toujours pas connue.

Au fait, question à caractère scientifique : auriez-vous remarqué vous aussi une quelconque dérive logorrhéique impactant ce blog, potentiellement engendrée par un état latent de non-navigation ?

Piriapolis : dernière longueur avant le départ ?

L’arrivée de Nico rajeunit un peu l’équipage et re-dynamise un peu l’ambiance… Les liens paternel autant qu’avunculaire (*) n’impliquent pas de lourdeur hiérarchique familiale et il trouve facilement sa place au milieu des vieux schnocks. Sa maîtrise de l’Espagnol nous sera précieuse pour la suite du voyage, ainsi que ses dons pour la pêche et la cuisine !

 (*) : cherchez pas ! Un bête pari entre le DD et le Glaude de mettre le mot «avunculaire» dans le blog, suite à une définition subtilement capillotractée de mots croisés. Ne râlez-pas : vous avez quand même échappé au «Avunculaire, on triomphe sans gloire !»… Et on ne veut même pas entendre: « Avenculo! ». Ah on sait, sur Kousk Eol, mettre à profit l’adversité pour parfaire notre culture, pourtant immense. Comme toujours, en toute modestie.

21 Janvier : la stratification est terminée ! Le travail semble sérieux, et l’épaisseur y est ! Le moral remonte… Du coup, nous nous permettons d’aller honorer notre copine Patricia !

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Patricia! Te quiero mucho! (Coucou Pat!)

22 Janvier : journée « repos ». Encore une petite couche de finition de gel coat sur les fonds pour faire beau. Dernière étape avant la remise à l’eau : soulever le bateau avec le travel-lift pour insérer du joint entre la quille et la coque, puis reposer la coque sur la quille et boulonner le tout. C’est prévu pour demain !

23 Janvier : nous sommes à 8h au port. Un pampero est annoncée : les gribs ne sont pas optimistes… Le plus fort semble être pour vendredi 24. Mini-réunion de crise avec le chantier et le conducteur du travel-lift : trop risqué. On reporte, et le moral redescend, sans doute par solidarité avec la pression atmosphérique. A peine la décision prise, le pampero avec un putain de grain nous tombe dessus: c’était effectivement la bonne décision !

Pour ceux dont les notion de météo seraient rudimentaires, voire nulles au point que même zéro ne pourrait en donner qu’une lointaine mesure, un putain de grain se situe exactement entre un grain d’enfer et un grain de fin du monde. C’est dire…

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Y a pas à dire: les grains dans le Rio de la Plata ont de la gueule!

Un véritable coin d’air froid, humide et noir nous fonce dessus. Le vent passe brutalement du Nord au Sud avec de belles rafales et la température chute: un magnifique pampero… Puis tout d’un coup, les seaux d’eau qui vont avec tout grain qui se respecte…

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Le chantier décide de consolider les madriers qui soutiennent Kousk Eol.

24 Janvier: il a plut toute la nuit, avec de belles rafales. Et ça continue: les gribs ne sont toujours pas très optimistes pour le reste de la journée. C’est sûr maintenant: pas de travaux sur la quille avant Lundi. Un autre week-end de folie se profile pour nous à Piriapolis…

Mais nous sommes bien d’accord: nous n’avons jamais été aussi près du re-départ!

Et une autre semaine à Piriapolis : billet d’humeur…

Deux semaines qu’on est coincé là… Et dire que ce blog devait à l’origine raconter nos navigations !

Bon d’accord, on ne va pas se plaindre…

Parlons-en des navigations : en ce moment, elles se résument aux allers-retours entre la marina et la ville… Avec passage obligé devant la plage, transformée tous les jours en gigantesque parrillada : ça se bouscule pour profiter du sable et du soleil ! Tout n’est pas négatif cependant: notre connaissance pratique de l’utilisation des préfixes «stéato-», «caco-» et «calli-» associés au suffixe «-pyge» frise la perfection ! Le 18e tournoi de volley de plage féminin de Piriapolis organisé ce week-end ne modifie que peu les statistiques : la consommation d’entrecôtes de bœuf uruguayen (excellentes!) arrosées de limonades et autres boissons gazeuses laisse visiblement des traces… Même le mate n’y peut rien…

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LE tournoi de volley et quelques amateurs de mate.

Ceci dit, les travaux avancent. Le fond de la coque est restratifié. La partie la plus critique est maintenant la mise en place des « équerres » de stratification entre les varangues et la coque : c’est elles qui supporteront les efforts de la quille.

Puis vient ensuite la pose d’un joint entre la quille et la coque, nécessitant de soulever le bateau.

Et enfin une inspection finale des autorités maritimes qui doivent donner le feu vert pour reprendre la navigation. Et essayer d’arriver dans le Sud avant la fin de l’été…

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Re-stratification de fond de coque.

Samedi 18 Janvier – Message de Roland et Anne : ils ne nous rejoindront finalement pas à Piriapolis, mais iront comme prévu à Ushuaïa, avec un programme un peu plus terrestre… Certainement un meilleur choix que de regarder avancer la réparation de Kousk Eol ! Dur de se synchroniser lors d’un tel voyage. Henry en sait quelque chose lui aussi !

Dimanche 19 Janvier – Nicolas lui nous rejoint un peu plus tôt que prévu… Un piratage de sa carte de crédit a un peu forcé sa décision !

Entre temps , nous apprenons que notre copain Gilles sur Girotiga vient de passer le Cap Horn, lui…