De Rio Grande à Buenos Aires

Nous partons comme prévu de Rio Grande vers 18h UTC le 28 novembre, laissant le professeur Barcellos à ses projets, avec la marée cette fois, et sur la fin du coup de vent. Comme à l’arrivée, nous slalomons entre les pêcheurs et leurs filets en travers du chenal…

Petit temps une fois en mer : le moteur sera plusieurs fois sollicité. Nous trouverons une flotte de pêcheurs assez importante la première nuit : on ne s’ennuiera pas pendant les quarts !

Nous passons la frontière entre le Brésil et l’Uruguay, à une 20e de milles au large de l’Arroyo de Chui, vers 18h50 UTC le 29 novembre. Seulement 135 milles en 24h cette fois : on est loin des 180 milles auxquels nous commencions à nous habituer…

La météo tient ses promesses jusqu’à l’entrée du Rio de la Plata : alternance de vent d’Est et de thermique. Croisière de vieux (que nous sommes!).

Mais ça va changer !

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Lever de soleil et vent arrière…

Arriver à Buenos Aires en remontant le Rio de la Plata : c’est comme Rio et sa baie, non ? Ben, pas tout à fait… Le Rio de la Plata, c’est un peu le Kuala Lumpur du coin: eaux boueuses à souhait, charriant branches et autres jacinthes d’eau ! L’estuaire est immense : 120 milles à l’embouchure entre Punta del Este et la Punta Rasa, et 160 milles de l’embouchure à Buenos Aires, en longeant un interminable chenal.

Alors nous, pour varier les plaisirs, on se fait le chenal par vent du Nord (donc près serré dans certains passages, 3 ris et 1/2 trinquette) de 25 à 35 nœuds (le chenal fait 0,2 milles entre bouées)… Et par nuit noir foncé: la pleine lune que nous avions au départ de Salvador s’est fait sa malle quasi mensuelle…

Pourquoi un chenal sur si long ? Tout simplement parce que le Rio Grande dépose une quantité énorme d’alluvions, et que le fond n’est que de quelques mètres, passant parfois sous la barre des 3 mètres !

On se fait même un peu peur : la nuit noire, c’est bien pour voir les balises du chenal. On est en zone B, donc rouge à droite, vert à gauche pour entrer dans les chenaux… Super facile. Sauf quand une balise est en panne et qu’on la confond avec la suivante : grosse frayeur lorsqu’elle touche Kousk Eol ! Du coup, tout le monde sur le pont : à deux s’est facile… Un à la barre, l’autre à la carte et au GPS… Et rappelez vous, le vent s’est levé, contre toute attente : la nuit sera longue !

Il faut aussi vous dire qu’on doit évidemment partager avec d’autres yachts : pétroliers ou porte-conteneurs, quand on se croise de si près, ça secoue ! Putain de vague d’étrave ! L’AIS prouve ici son utilité.

Récompense : nous arrivons dimanche 1er décembre au soir à Buenos Aires et Kousk Eol est amarré à un ponton dans les anciens docks réhabilités, dans le centre ville, où il passera les fêtes de fin d’année. Classe…

Et nous : parillada arrosée de malbec demain soir. Finis les fejoadas, moquecas et autres caipirinhas !

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Kousk Eol est un joli bateau, et les Argentins s’y connaissent en jolis bateaux!

Deux semaines pour faire les 2000 milles entre Salvador et Buenos Aires, avec deux stops d’une journée : Kousk Eol marche décidément bien (mais aussi, quel équipage!).

Le plus dur a finalement été de tout faire en Anglais, pour cause d’équipier Jamaico-Britanico-Américain : le vocabulaire technique (les insultes marines en font partie!) du personnel navigant s’est fortement enrichi. Frank, if you use Google to translate this, don’t trust the translation ! I will definitely miss the nice cooking..

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Cuisine simple selon Frank…

Petit complément à l’article sur les couilles des Glénans : saviez-vous que la boucle qui coince TOUJOURS un bout devant passer librement dans une poulie ou une filière au moment le plus critique* s’appelle « ass hole » en Anglais ? Henry : peux-tu nous trouver une explication à cette référence au moins scatologique sinon plus, sans ressortir le coup du foc qui tue ?

Note

*  On ne trouve des bouts qui ne coincent pas que sur les bateaux qui ne naviguent pas. Point.

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La « fameuse » Place de Mai à Buenos Aires

De Angra dos Reis à Rio Grande

Nous quittons sans regret Angra : temps pourri et marina pratiquant des tarifs de type extorsion. Il faut dire qu’elle n’a pas de concurrence… Nous nous étions arrêtés à la Marina Piratas, la seule ayant suffisamment de fond (c’est à dire tout juste plus de 2,5m) pour nous accueillir. C’est la première fois qu’on voit un port proposer un tarif horaire, sans ristourne : 7€/h ça donne de l’ordre de 160€ le lendemain ! Tout ça pour être en règle avec les autorités locales, charmantes au demeurant… La Marina Piratas porte bien son nom ! On vous la recommande chaudement !

Nous partons le 23 novembre au matin, après avoir refait le plein de gas-oil : petit vent pour traverser toute la baie d’Ilha Grande qui est grande effectivement! Mais malheureusement sous un ciel couvert…

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Dès que nous atteignons la mer, les conditions changent : bon vent de 20 à 30 nœuds de NE, et malgré les ris et la trinquette, nous filons avec des pointes à plus de 9 nœuds ! Nous avons la surprise, le 24, d’être rattrapés par Poujoulat Solosailor, un des candidats de la Jacques Vabre, à 155 miles d’Itajai, l’arrivée…

Nous faisons deux jours de suite 180 milles en 24 heures : le bateau marche bien ! D’ailleurs, un albatros à bec jaune ne s’y est pas trompé, et plane autour de Kousk Eol pendant plusieurs heures, évidemment pour lui rendre hommage.

Une mise à jour météo, via l’Iridium, nous indique un coup de vent de sud pour le jeudi 28 : nous décidons de nous mettre à l’abri et de nous reposer la nuit du 27 à Rio Grande, dernier port du sud du Brésil, en attendant des conditions plus propices pour terminer cette partie du périple.

L’entrée du chenal du port de Rio Grande nous laissera quelques souvenirs… Orage dantesque tout d’abord, avec éclairs de tous les côtés et tonnerre qui va bien, accompagné d’un déluge style chutes d’Iguazu. Puis évidemment nous n’avons pas pu tenir notre timing et à l’entrée du chenal, la marée descend : courant de 3 nœuds dans le nez et le chenal fait 12 milles ! Cela nous donne le temps d’admirer les dauphins et les lions de mer, nombreux dans ces parages.

Et il faut arriver avant la nuit au mouillage : le chenal est étroit, encombré par les bateaux de pêcheurs n’ayant aucun scrupule à tirer leurs filets en travers dudit chenal ! Le chenal est dragué à une 12e de mètres, mais en dehors, la profondeur est souvent de moins de 2 mètres sur d’immenses étendues d’eau. Pourtant Rio Grande est un grand port de commerce.

Et la profondeur de nouveau limite… Nous arrivons finalement, au bout de plus de 2 heures à un ponton, avec le soleil qui commence à se cacher. Nous découvrons qu’il s’agit du ponton du musée océanographique, et c’est le directeur en personne qui vient nous accueillir !

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Le ponton du musée océanographique de Rio Grande

Conditions pour pouvoir rester : lui donner un fanion breton, qu’il ne connaissait pas, et lui écrire ce que « voilier » nous inspire… Sacré bonhomme, qui a aussi monté une école pour sortir les jeunes brésiliens de la misère en leur apprenant les bases d’un métier «utile» !

Y a pas de raison : vous avez droit à l’exercice de style, en Anglais car le Français n’est pas trop pratiqué dans ces régions du globe…

« Sailboat » = « Serendipity »

A sailboat is ideal for unexpected encounters. Whatever is the degree of preparation for a journey, the plan will never go as intended…

This encounter is the perfect example. We were looking for a kind of refuge to wait for bad weather to pass and continue our trip. Instead, we found this incredible and improbable place in Rio Grande, directed by an incredible character doing great work preparing underprivileged youth to make a better life for themselves…. Serendipity !

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Prof. Lauro Barcellos and 2 students with « special needs »

Nous reprendrons la mer ce 28 en fin d’après-midi : fin du coup de vent et marée descendante. Prochaine étape : Buenos Aires à environ 400 milles, et la météo devrait être clémente…

De Salvador à Angra dos Reis

Nous partons le samedi 16 Novembre vers 14h, après quelques courses, pour une première étape d’environ 800 milles avant de laisser le bateau à Buenos Aires pour Noël. Frank est de la partie et a rejoint Kousk Eol depuis la Californie. Une bonne recrue car c’est un fin cuisinier !

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Frank dans ses œuvres.
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Juste après un grain.
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Le hamac à bananes, synonyme de maillot Speedo en Californie!

Henry devrait certainement avoir une explication. Et bien sûr, ne pas confondre avec le fil dentaire carioca !

Un peu de stress au départ : comment vont se comporter les réparations, même si nous avions déjà un peu testé la quille . Mais tout se passe bien, et nous mettrons moins de cinq jours pour rejoindre Rio et l’entrée dans la baie de Guanabara, rêvée par beaucoup… Petite escale de quelques heures au mouillage d’Urca, au pied du Pain de Sucre, sous le regard du Christ du Corcovado, pour attendre le bon moment pour repartir vers Angra dos Reis et arriver avec la marée.

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Entrée dans LA baie.

La petite étape (75 milles) entre Rio et Angra ne se déroulera pas comme prévu : fort vent du Sud contrairement aux prévisions météo, heureusement passager et lié à un front orageux assez actif. De nuit avec les éclairs, c’est assez impressionnant ! Et par dessus le marché, il faut slalomer entre les nombreux pêcheurs, ce qui rend les quarts assez actifs …

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Devant Copacabana, en allant vers Angra dos Reis.

Arrivée à Angra dos Reis vers 9h30 Vendredi 22 Novembre, après une jolie navigation dans la baie d’Ilha Grande : nous aurons tout l’après-midi pour faire les formalités de sortie du Brésil, entre la Police Fédérale pour l’immigration, la Douane et la Capitainerie de la Marine qui enregistre tous les mouvements de navires.

Et départ vers Buenos Aires prévu demain.

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Rencontre inattendue à Ilha Grande.