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De Nouméa à Port Moresby – 9-18 août 2016

La météo est bonne, les alizés de sud-est bien établis, et l’équipage au complet : nous partons le neuf août pour une traversée de presque mille quatre cents milles vers le nord qui doit nous amener à Port Moresby, capitale de la Papouasie-Nouvelle Guinée.

L’équipage cette fois est composé, en plus des deux terribles, de William, qui a déjà traversé l’Atlantique avec nous, et de Philippe, que nous avons rencontré à Wallis. Philippe fait de la voile depuis longtemps, mais n’a jamais eu l’occasion d’effectuer une « grande » traversée.

Quelques groupies nous aident à larguer les amarres : Sophie, qui compte pratiquement pour deux vu l’état de son ventre (elle doit accoucher vers le vingt), Catherine, l’épouse de Philippe, et Nathalie, l’épouse de Sylvain de Thétis.

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Parmi la foule en délire, quelques admiratrices inconditionnelles…

Petit passage à la pompe à gas-oil pour profiter de la détaxe à l’exportation. Où le pompiste nous accueille avec un « C’est quoi ce pavillon ? » agressif. Le pavillon en question est le pavillon de Nouvelle-Calédonie que nous avons hissé comme pavillon de courtoisie. Il se trouve que c’est le pavillon adopté par les Kanaks indépendantistes, et que le préposé au remplissage du réservoir est un Caldoche pur et dur1… Ce n’est pas la première fois que nous avons droit à des remarques. Ce qui semble le plus insupportable est que souvent les Néo-zélandais ou les Australiens en visite mettent ce pavillon plutôt que le français comme ils le devraient. Ce geste est loin d’être naïf et dénué d’arrières pensées…

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Le pavillon de toutes les tensions…

Départ tranquille : pratiquement pas de vent et mer plate dans le lagon. Nous sortirons par la passe de Dumbea juste à l’ouest de Nouméa.

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Nouméa au fond.

12h30 : la passe est franchie, et le vent monte un peu. Bonnes conditions pour le Code D : nous filons à environ sept nœuds. Puis une heure après, le vent monte progressivement autour de vingt nœuds : il est temps de passer au génois, et même de prendre un ris. Ce qui permet d’expliquer le fonctionnement de Kousk Eol à nos nouveaux équipiers.

Avec la nuit, quelques grains nous survolent, avec leurs sautes de vent. La mer devient un peu désordonnée : l’amarinage de nos marins à peine marris2 est un peu brutal, et l’accrochage de leur cœur mis à rude épreuve ! Le lendemain, nous voyons toujours les côtes de la Nouvelle-Calédonie : on vous avait bien dit que c’était grand (sept cents kilomètres entre les extrémités des lagons nord et sud) !

11 août. L’alizé semble bien établi, autour de vingt nœuds de sud-est, nous poussant au vent arrière, génois tangonné, vers les Port Moresby.

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Kousk Eol a fière allure…

Le vent arrière est une allure notoirement instable, et le roulis fait plus que simplement bercer… Heureusement, notre pilote automatique fonctionne à merveille et corrige les écarts dus aux vagues folâtres qui sortent de la norme. Mais du coup, les quarts requièrent une attention un peu plus soutenue. Surtout que nous commençons aussi à croiser des cargos.

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Équipier de quart en position de veille active, dite « de l’otarie ».

Nous profitons de l’occasion qui nous est donnée ici pour illustrer une des nombreuses facettes de l’évolutionnisme3. Vous remarquerez les similitudes avec la photo ci-dessous :

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DD dans une autre vie, déjà en position de veille active .

Mêmes œil vif, haleine légère et crane dégarni, trois critères qui dénotent sans équivoque des origines communes.

Cette nuit, après le coucher de la demi-lune, nous apercevons plusieurs étoiles filantes. Nous espérons avoir du beau temps pour l’éclipse de soleil du premier septembre, dans l’Océan Indien ! À bord, la vie s’organise. Les nauséeux du départ s’amarinent progressivement : on va pouvoir manger autre chose que des soupes aux nouilles !

Apparemment, il ne faut jamais se réjouir trop tôt : ce qui ressemble à un petit coup de froid grippal s’ajoute aux écœurements océaniques pour rendre patraques trois équipiers, d’ordinaires fringants, sur quatre. Mais tout le monde tient sa place sur Kousk Eol, et le moral est bon. Et pour les petits plats, ça attendra un peu : ce n’est pas le cuistot qui s’en plaindra !

12 août, 10h : « Bzzzziiiii… » fait le moulinet. « Faut ralentir le bateau ! » fait le pêcheur. Au vent arrière, génois tangonné, la manœuvre demande un peu plus de coordination : il faut rouler le génois en choquant progressivement le tangon, puis remonter au vent jusqu’à une vitesse quasi nulle. Je dis bien « quasi » : il faut garder un peu de vitesse pour ne pas se retrouver sur l’autre bord avec les vagues. Courte lutte avec le fretin qui avait dévidé une bonne quantité de fil : « Un ton ! » annonce le connaisseur. En fait, une belle bonite de cinq kilos. « Oh, une bonite ? Pas un mahi-mahi ou un yellow-fin ? Bof… Et si on la rejetait à l’eau en attendant le prochain ? » : Maurice, tu vois le mal que tu as fait ? Ça joue les difficiles : si ce n’est pas une dorade, ou un thon, voire un thazard, on se la joue fine bouche…

Bref : on a pêché une bonite, et on a eu du sushi de bonite toute fraîche pour midi. Et le plat était vide à la fin du repas.

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Sinon, avec le soleil voilé, un vent relatif trop faible et l’utilisation régulière du pilote ainsi que du frigo, la charge des batteries se retrouve bien basse. Nous devons donc brûler un peu de gas-oil pour faire tourner l’alternateur et remédier au coup de mou électronique. Cette situation ne nous est pas arrivée très souvent…

Dans l’après-midi, première à bord : Kousk Eol se transforme en tripot… Les cartes de tarot sont sorties et les parties s’enchaînent dans le carré, signe infaillible que les maux de mer s’estompent…

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Kousk Eol transformé en tripot…

La routine des quarts est bien installée : toutes les deux heures et demie, et on décale chaque soir. Les quarts les plus durs sont ceux du milieu. Le dernier est sympa : on profite des étoiles filantes et du lever du soleil, toujours un peu magique, seul avec son café dans le cockpit.

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Dimanche 14 août : ça y est, nous avons franchi la moitié de la route pour Port Moresby cette nuit. Nuit un peu agitée par les passages de grains et leurs surventes. Cette traversée sera la plus inconfortable que nous ayons connue depuis longtemps : nous roulons bord sur bord, ce qui fait qu’il est impossible de se caler sur sa couchette, et qu’on arrive même à se faire éjecter des bancs du cockpit.

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CourseAvecGrain
Vous avez dit « noir »?

C’est peut-être la banquette du carré qui est la moins instable, mais pas à l’abri des allées et venues des équipiers venant se faire un café ou regarder si la route ne dévie pas trop sur la carte.

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Mais Kousk Eol trace sa route, avec des pointes à neuf nœuds dans une mer désordonnée et des vagues de trois mètres.

12h30 : le vent monte régulièrement maintenant à trente nœuds et la mer est plus formée, les vagues plus hautes. Le pilote ne peut plus tenir le vent arrière. À la barre, on a du mal à contrer les départs au lof. Il est temps de détangonner le génois et de prendre le troisième ris, avant d ’empanner pour reprendre une route plus tranquille au largue : le vent arrière nous avait progressivement éloigné de la route directe.

L’allure est un peu plus confortable : de belles vagues nous secouent régulièrement, mais au moins, nous pouvons nous caler sur un bord. Malgré la voilure réduite (trois ris dans la grand-voile et un tiers du génois), nous filons encore entre six et sept nœuds. Et il arrive régulièrement à la bôme de traîner dans l’eau…

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Les vingt-quatre heures suivantes se ressembleront de ce point de vue : vagues de plus de trois mètres aux crêtes blanches et vent autour des trente nœuds. Voir ces masses d’eau arriver par l’arrière et nous dominer avant que le bateau ne se soulève est impressionnant. Kousk Eol marche bien, mais se fait tout de même bien secouer, et nous avec. Qui a bien pu appeler cet endroit la Mer de Corail ? Nous traversons la route nord-sud des cargos qui font la liaison entre l’Asie et l’Australie, ce qui nous oblige à regarder l’AIS4 de plus près.

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André, William, Philippe et Claude.

Le vent s’oriente un peu plus à l’est, nous écartant un peu plus aussi de la route directe : il est temps de refaire un empannage. L’équipage est bien rodé maintenant : malgré ce qu’on ne pourrait en aucun cas qualifier de doux zéphyr et une mer en harmonie, la manœuvre est effectuée selon les règles en un rien de temps. Bon d’accord : les ténèbres étaient tombées, et on ne voyait pas grand-chose… De plus le frein de bôme est efficace.

 

Mardi 16 août. Nombreux passages de grains durant la nuit, avec des rafales à quarante nœuds. À l’abri dans le carré sous les rincées, il est rassurant de voir que le pilote fait très bien son boulot. Et comme ça souffle dehors, l’éolienne n’a plus d’excuses pour ne pas charger les batteries et compenser la consommation du pilote.

Rattrapé par mon passé ? Je me prends un exocet dans le cou durant mon quart… J’ignorais ce côté affectueux chez les poissons-volants. Il est un peu groggy lorsque je le rejette à l’eau. Et moi, je sens la marée…

Au matin, nous sommes à trois cents milles de Port Moresby. Les dernières moyennes étaient d’environ cent quatre-vingts milles par vingt-quatre heures. La météo prévoit un vent un peu plus clément sur la fin.

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Café du matin.

Le vent ne faiblit pas dans la journée : toujours entre vingt-cinq et trente nœuds et une houle creuse. Même si le bateau est à peu près calé sur son bord, régulièrement une série de vagues plus fortes nous secoue bien.

Cette nuit, la lune est quasiment pleine : dans une quinzaine de jours, il y a une éclipse de soleil visible depuis l’océan Indien. Il faudra vérifier si notre route nous permettra de l’admirer : espérons qu’internet à Port Moresby sera à la hauteur !

Comme nous nous préparons au deuxième empannage de la journée (les journées sont harassantes sur Kousk Eol), au clair de lune, un élégant fou brun essaie de se poser sur les panneaux après avoir tenté les barres de flèche, alors que l’éolienne tourne à plein régime. Il a l’air un peu surpris que nous le chassions préventivement… Il repasse quelques instants plus tard pour nous faire apprécier la qualité de son guano dont il asperge généreusement une partie du cockpit et les genoux de Philippe. Aucune reconnaissance.

Mercredi 17 août, sept heures : Port Moresby est à un peu plus de cent quatre-vingts milles. Nous recalons nos montres sur l’heure locale : UTC+10. Nous devrions arriver demain dans la journée si le vent ne baisse pas. Pour l’instant nous sommes toujours avec nos trois ris dans la grand-voile, et un génois à moitié enroulé, ce qui ne nous empêche pas de filer à plus de sept nœuds sous un ciel à grains.

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Bien vérifier l’horizontalité du plan de travail lorsque vous installez une cuisine.

Le temps ne s’arrange pas, comme le prévoyait la météo. Le ciel est maintenant complètement couvert, et le vent régulièrement au-dessus de trente nœuds, parfois plus de quarante dans les rafales. Les vagues se sont mises au diapason : quatre à cinq mètres, et très impressionnantes en arrivant, bien creuses, sur notre arrière. Nous allons bientôt quitter le Pacifique : je me demande qui a bien pu le baptiser ainsi ?

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Bon, notre supplique a du être entendue : si le vent et la mer font rien qu’à nous embêter, le soleil réapparaît. Nous pouvons même manger en terrasse.

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Déjeuner à la cantine de Kousk Eol.

Embellie de courte durée : quelques heures plus tard, le soleil se couvre à nouveau et le vent en profite pour monter en régime. A la nuit tombée, un fou (le même que l’autre jour ?) tourne autour du bateau en cherchant un endroit où se poser, évidemment encore une fois à côté de l’éolienne… Il faudra insister pour qu’il aille voir ailleurs.

Jeudi 18 août, sept heures. La nuit a été encore une fois agitée, et particulièrement humide. Un des chariots de la ralingue de grand-voile s’est désolidarisé d’une des lattes : il faudra vérifier le gréement une fois au port, qui est maintenant à environ trente-cinq milles. En attendant, le café matinal se prend à l’air…

Page jeux du blog
Une fois n’est pas coutume : l’équipe de rédaction, consciente de l’aspect parfois rébarbatif et embrouillé des articles et des efforts à consentir pour suivre péniblement le fil de ce voyage, propose, pour reposer les neurones les plus fragiles, un divertissement. Sur la photo suivante vous reconnaîtrez deux équipiers prenant leur petit déjeuner dans l’air du large. Malgré un environnement prônant une certaine égalité entre individus à bord de Kousk Eol, quelques subtiles différences ont réussi à se glisser dans cette image, entre partenaires de ce couple improbable. Saurez-vous en trouver au moins sept en moins de trente minutes ?

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Saurez vous trouver les subtiles différences entre ces deux équipiers?

Neuf heures : nous devrions être en face de la passe entrant dans le lagon avant Port Moresby d’ici deux à trois heures. Coup d’œil à la table des marées : pile poil à mi-jusant, donc quand le courant sortant est le plus fort, bien sûr contre la houle qui fait bien quatre mètres. Avec la remontée brutale des fonds, on peut s’attendre à des rouleaux costauds… Nous irons jeter un coup d’œil avant de nous engager, mais nous serons peut-être obligés d’attendre la renverse.

Onze heures : la passe est à un peu plus de trois milles. Le soleil est revenu et il semble que les éléments se calment un peu. Nous avançons quand même toujours à six nœuds sous grand-voile seule avec trois ris. La passe semble épargnée par les gros rouleaux s ‘écrasant sur le récif. Nous avançons doucement. Le courant pousse vers la mer et la passe est large : en cas de difficulté, nous ferons demi-tour. Mais tout va bien, avec « seulement » deux nœuds de courant dans le nez, et à midi nous franchissons le Basilisk Passage.

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La balise de Basilisk Passage.

Soudainement, les vagues ne font plus que cinquante centimètres : elles montrent bien des crêtes blanches pour faire comme les grandes, mais nous ne sommes pas dupes ! La grand-voile est vite affalée et nous continuons sous un tiers de génois vers Port Moresby à trois milles plus au nord. Quelle tranquillité tout d’un coup !

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Port Moresby au loin.

 

Et à treize heures, nous sommes à l’ancre à l’entrée de la marina, en attendant les officiels : le ponton sera pour plus tard, quand nous aurons l’autorisation de débarquer.

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La marina du Royal Papua Yacht Club.

Le vent souffle toujours, mais cette fois le bateau ne bouge pas… Ces neuf jours de traversée ont marqué : pas un jour de répit, une semaine sous trois ris, presque cinq jours de vent arrière à se faire rouler bord sur bord. Difficile de dormir profondément.

Mais poupée, c’est pas pour dire et c’est pas du pipeau : les papiers tamponnés, la pimpante poupe des papys sans pompon ni poux pointe5, pompeuse, au ponton papou pas pire : pin pon ! Pas pu m’en empêcher. Pas pu6

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– En l’absence de proposition alternative, ce pavillon commence même à orner les mâts et murs des bâtiments officiels de la République…

2– Maris aussi, mais le sujet n’est pas à l’ordre du jour.

3– Aussi connu sous le vocable de « Darwinisme ». Entre nous, encore heureux que ceux qui savent n’aient pas utilisé le prénom du grand Charles: « Charlatanisme », ça sonne nettement moins bien, moins crédible.

4– Pour ceux qui ont du mal à suivre, ou qui sont un peu dissipés, je rappelle que l’Automated Identification System permet d’émettre et recevoir les informations, principalement sur les navires commerciaux, comme le nom, la taille, la position, la vitesse, le cap. Et donc de déterminer s’il y a risque de collision.

5– La poupe peut pointer, lorsque la prise de quai se fait en marche arrière. Si, si.

6– Mathias : on n’est pas obligé de faire un concours !

Préavis de pause éditoriale

8 août 2016. Demain, après ce long séjour en Nouvelle-Calédonie, nous reprenons la route pour voir les Papous1. La prochaine étape sera Port Moresby à environ 1400 milles au nord de Nouméa.

Donc, petits veinards: pas de publications pour les deux semaines qui viennent. La rédaction prie ses abonnés arguant de la lecture du blog pour ne pas avoir à laver la vaisselle d’aller se faire voir de l’excuser…

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– Ah ah! Raté! Le jeu de mots désolant autant qu’extrêmement vaseux « Les papys vont chez les Papous » a déjà été commis. Tout à fait exceptionnellement, le coupable ne sera pas dénoncé en place publique, et pourra continuer à naviguer incognito sur son Sun Odyssey 36i Performance au large de l’Escampobarriou.

Relation du petit tour sur la Grande Terre – 1-4 août 2016

Les îles et le lagon, c’est beau, voire magnifique. C’est un fait acquis. On ne va pas revenir là-dessus. Rappelez-vous : la Nouvelle-Calédonie a le plus grand lagon du monde, et le deuxième récif corallien le plus long. Ne chipotons pas. Lalalère.

Mais la Grande Terre, alors ? Ben on loue une voiture et on va voir… Et on vous raconte, avec la subjectivité impartiale et l’exhaustive incomplétude qui nous caractérise. La grande île de Nouvelle-Calédonie fait quatre cents kilomètres de long : encore une fois, il va falloir être sélectif sur les spots à visiter. Nous partons de Nouméa par la côte ouest, le pays des élevages et des cow-boys caldoches. Une très bonne route nous emmène vers le nord, longeant d’immenses prairies et leurs exploitations, fermes souvent isolées, avec le lagon d’un côté et la crête des montagnes de l’autre. Tout du pays de pioniers.

Le littoral laisse présager de belles plages. Nous passons par la presqu’île de Ouano pour vérifier. Pas compliqué : c’est tout simplement magnifique. Puis nous continuons vers le petit village de La Foa, où se trouve la passerelle Marguerite construite par des admirateurs de Eiffel.

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Nous mangeons dans le restaurant d’un vieil hôtel du « centre » : la viande de bœuf local est excellente et les portions ne sont pas étriquées ! Le bar à l ‘entrée est décoré de centaines de casquettes au plafond…

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L’estomac plein, nous prenons une petite route qui nous mène au parc des Grandes Fougères sur les hauteurs, où nous ferons une balade au milieu d’une végétation extraordinaire.

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Le parc.
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Sculpture de totem pour le parc.
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La forêt dense et les fougères.
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Zone plus aérée.
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Le cagou, emblématique et endémique de Nouvelle-Calédonie.

Puis nous terminerons cette première journée de visites par celle du fort de Teremba, à Moindou, à la fois une fortification militaire et un bagne, solitaire sur une butte dominant les environs, près de la mer.

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Vu du haut de la tour de guet.

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Le lendemain, nous bifurquons vers la baie de Gouano, à côté de Bourail. Là se trouve la Roche Percée et le Rocher du Bonhomme. La vue est superbe depuis Notre Dame des Flots, au sommet d’un petit monticule vite gravi.

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Vue depuis Notre Dame des Flots.
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Et de l’autre côté…
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Le Bonhomme et la Roche Percée.

Pas très loin se trouve le plus grand hôtel de Nouvelle-Calédonie, le Sheraton, élu plus bel hôtel du Pacifique. Allons vérifier…

Nous ne connaissons pas les concurrents, mais l’architecte a frappé fort : le bâtiment est magnifique, tout en bois et bien intégré dans le paysage. Les charpentiers se sont fait plaisir !

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Case coutumière à l’entrée du domaine.
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La porte de la case et ses chambranles.
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L’entrée du Sheraton.
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Admirez la charpente.
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Le Sheraton.

Autour du Sheraton s’étend un immense parc, apparemment co-géré avec la région, où sont proposés tours en VTT, randonnées à pied ou à cheval, baignades, snorkeling, etc. Et évidemment, la plage devant l’hôtel ne pouvait pas être moins que grandiose.

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Nous continuons ensuite la route vers le nord, jusqu’à Koné, où nous prenons la transversale qui nous mène sur la côte est. Très belle route au milieu de paysages de montagne très verts et de vastes pâturages.

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Le long de la transversale.
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Arrivée sur la côte est.

Arrivés sur la côte, nous prenons vers le nord, vers Hienghène. Le paysage est complètement différent : forêt dense et très verte. Finies les grandes plaines : la route est coincée entre la montagne et la mer. Les tribus/villages sont cachés dans la végétation : seuls des panneaux indicateurs signalent leur présence.

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Platier le long de la côte.

L’arrivée sur Hienghène est extraordinaire. De hauts rochers en calcaire noir, les falaises de Lindéralique, dominent une jolie baie fermée par la Poule Couveuse.

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La Poule Couveuse.
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Hienghène au fond.
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L’entrée de la baie.

Pour être en harmonie avec la beauté du lieu, nous ne pouvions faire mieux que de dormir dans le très bel hôtel Koulnoué Village. Faut ce qu’il faut. En fait, c’était le seul avec encore des chambres libres, et une promotion d’avant vacances ajoutait à l’attrait… En guise de chambre, nous aurons un petit bungalow au bord du lagon. Y a pas de raison.

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Hienghène est tristement célèbre pour l’assassinat de dix-sept Kanaks indépendantistes, dont deux frères de Jean-Marie Tjibaou, par des Caldoches en 1984.

Un peu plus loin au nord se trouve le dernier bac de Nouvelle-Calédonie, qui permet de franchir l’estuaire de la rivière Ouaïème. Ce bac fonctionne gratuitement vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et devrait être remplacé par un pont un peu plus en amont dans les années à venir.

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En revenant vers Hienghène, nous visitons une ancienne mission, elle aussi dans un cadre splendide.

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Puis nous reprenons la route vers le sud. De nombreuses tribus sont établies le long de la route. Le décor change : la végétation luxuriante laisse la place à un paysage plus sec. Nous nous approchons des mines de nickel plus au sud. Nous arrivons finalement à Houaïlou, dans le fief des indépendantistes, où il nous a été fortement recommandé de ne pas traîner. En particulier par le loueur de voiture qui ne souhaitait pas récupérer sa voiture caillassée… Même la gendarmerie ne sort pas sans les gilets pare-balle !

Sur le bord de la route qui doit nous ramener vers Bourail et la côte ouest, un auto-stoppeur. Par reconnaissance pour les véhicules qui nous ont pris chaque fois que nous avions levé le pouce, nous faisons jouer la réciprocité. Surprise : deux autres hommes s’approchent… En fait, le candidat au transport est plus rond qu’une queue de pelle tournée par un Suisse1 : dire que son haleine est chargée serait une déformation fortement réductrice de la réalité. Nous frisons l’éthylisme en respirant les vapeurs d’alcool généreusement exhalées… Incapable de s’exprimer, ce sont ses deux compagnons, un peu moins atteints, qui nous expliquent qu’il n’est pas dangereux, qu’on n’a rien à craindre, et qu’il veut seulement rentrer sur Nouméa. Ah, d’accord ! Mais nous nous arrêtons à Bourail. Pas de problème : il prendra le bus de là.

Nous voici donc repartis avec notre passager, qui nous demande tout de suite « De la beu ! ». Ah, c’est donc ça : ce n’est pas qu’un problème d’alcool ! Nous réussissons à le contenter avec une demie tablette de chocolat qui nous restait. Nous tenterons souvent vainement de traduire un certain nombre de borborygmes jusqu’à Bourail, où nous le posons vers l’arrêt des bus, et nous aurons droit à un « Que le seigneur vous accompagne ! ». Et qui va l’accompagner, notre compagnon éphémère ?

Le soir, nous retrouvons le même hôtel que l’avant-veille : le tour de Bourail est vite bouclé, et l’autre hôtel semble avoir fait faillite. Et même pas un bistrot.

Le lendemain, après le petit-déjeuner, comme il fait beau, un crochet vers l’admirable plage de Poe est voté, afin de nous rincer l’œil encore une fois, et permettre à Cathy une dernière trempette dans le lagon. Pour apprendre plus tard qu’une femme s’était fait attaquer par un requin au même endroit. Frissons rétrospectifs…

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Plus loin se trouve le cimetière des Néo-zélandais : les alliés avaient des bases importantes en Nouvelle-Calédonie durant la guerre du Pacifique.

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Et un peu plus loin, surprise : une mosquée, établissement religieux plutôt rare dans le coin. Mais rappelez-vous : la France envoyait ici ses prisonniers politiques à la fin du dix-neuvième. Entre autres les kabyles rebelles à la colonisation française en Afrique du Nord. Beaucoup sont restés après l’amnistie, et se sont installés dans cette région.

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Enfin nous repassons à La Foa, où cette fois nous visitons le parc aux totems, magnifiques.

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Puis c’est la rentrée sur Nouméa. Nous arrivons assez tôt pour voir le centre culturel Jean-Marie Tjibaou : une merveille architecturale d’Enzo Piano2.

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Le centre.
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La salle des totems.
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Vue sur l’architecture.
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Cases symbole des différentes régions.
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Porte avec ses chambranles.
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Le centre et Nouméa en arrière plan.
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Jean-Marie Tjibaou.

Le mauvais temps et la nuit tombante feront que nous écourtons les dernières visites à la cathédrale, au pénitencier de Nouville, à la rue des Colons, aux musées de la ville… Demain, direction l’aéroport de Tontouta pour le retour en métropole de Cathy et MarieJo.

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1
– Une queue de pelle tournée par un Suisse est plus ronde que ronde, précision helvétique oblige.

2– Mais si, vous savez bien, celui qui a conçu le Centre Pompidou ! Bien sûr, ici, le style est légèrement différent, plus en harmonie avec le lieu et la culture.