Si vous voulez vous rendre compte par vous même de notre périple en Nouvelle-Calédonie sur Google Earth, cliquez sur le lien suivant:
Pensez à installer Google Earth avant d’activer le lien!
Si vous voulez vous rendre compte par vous même de notre périple en Nouvelle-Calédonie sur Google Earth, cliquez sur le lien suivant:
Pensez à installer Google Earth avant d’activer le lien!
27 juillet : nous quittons la marina de Wé vers treize heures, avec une météo incertaine quant aux conditions de la traversée vers le lagon sud. Le temps est couvert, une grosse dépression plus loin vers la Nouvelle-Zélande perturbe les flux d’air. Résultat : nous subissons un vent du sud obligeant à tirer des bords dans une houle relativement courte. Le bateau cogne. On a connu un confort pus serein à l’intérieur.
Nous décidons finalement de faire un stop au port de Tadine, sur Maré, pour attendre que l’alizé reprenne le dessus. Nous tirons encore quelques bords avant d’y arriver vers une heure du matin, et nous mettons au quai des navettes, libre à cette heure : il sera temps d’aviser demain, si nécessaire.
Nous reprendrons la mer dans la soirée pour arriver le lendemain matin à l’entré de la passe Havannah. En attendant, nous partons faire un tour vers la Baie des Tortues, que nous avions raté lors de notre précédent passage. Et cette fois encore, le pouce fonctionne bien.
La baie des Tortues porte bien son nom : nous les voyons venir respirer à la surface, tranquilles.
Au bord de la plage, un petit tricot rayé est en chasse sous-marine…
Au retour, pouce à nouveau, et un pick-up s’arrête : « Vous allez à Tadine ? Montez ! Et excusez-moi : je suis un peu éméché… ». Effectivement, notre chauffeur a l’haleine un peu chargée, qui ne sent pas que la pomme. Mais il conduit doucement et tout se passe bien.
29 juillet : nous partons en milieu de nuit pour couvrir les soixante milles avant la passe, et y arriver de jour à marée montante. La mer est relativement calme, mais le vent encore plus : la traversée se fait au moteur. Ça arrive, des fois…
La passe Havannah est franchie vers dix heures, tranquillement, et nous voici à nouveau dans l’immense lagon sud. Nous cherchons un mouillage pour la journée, mollement car le temps est couvert. Quand soudain la vigie s’époumone : « Elle souffle ! ». À deux milles au sud, quelques voiliers au moteur tournent en rond, et aux jumelles, une queue se lève.
Mais dis donc, là, ne serait-ce pas un groupe de ces mégaptères mysticètes surpris dans leur épopée migratoire et parturiente ? Mystère : quand nous arrivons sur place, plus rien. Eau plus plate et sans remous que l ‘encéphalogramme d’un supporter de l’OM1 en pleine possession de ses moyens. Vide intégral. Encore une fois, le syndicat d’initiative n’a pas bien fait son boulot. Côté contrat pour Cathy et MarieJo, ce ne sera définitivement pas un sans-faute…
Mais ce serait sans compter sur la bienveillante mansuétude de ces placides mammifères : ayant perçu notre détresse profonde, voila t-y pas qu’un petit groupe de baleines à bosse émerge devant Kousk Eol ? Et que je te refais le coup du jet d’eau, de la queue qui se lève, du dos rond… Mais bon, nos épouses semblent satisfaites, donc nous aussi.
Pas loin se trouve l’îlot Mato : c’est là que nous ferons un dernier mouillage avant Nouméa. Mouillage tranquille au milieu des coraux.
Le sommet de l’îlot est gravi par un bon sentier, et offre une superbe vue sur le lagon.
Un tricot rayé vient un peu gâcher la sérénité : on fait un peu plus attention où on met les pieds à la redescente…
De retour sur la plage, ce sont deux traces de ces serpents que nous distinguons, se dirigeant vers la mer.
Petit coup de masque et tuba avant de retourner à bord : le corail est exceptionnel, multicolore et en pleine forme, ainsi que les myriades de poissons.
Puis nous levons l’ancre pour Nouméa à environ vingt-cinq milles, au largue avec un petit zéphyr à une dizaine de nœuds sur une mer plate. Zéphyr qui décide finalement de se la couler nonchalamment tropicale, obligeant à sortir Volvo de la torpeur dans laquelle il s’était coulé.
Et un peu avant dix-sept heures, nous voici à nouveau dans la marina de Port Moselle, au cœur de Nouméa… c
Pour conclure ce périple, je résume par un petit bilan de ces trois semaines :
√ – île des Pins
√ – îles Loyauté : Maré et Lifou
√ – masque et tuba au milieu des jolis coraux et des multicolores poissons
√ – ascension du vertigineux point culminant de l’île des Pins
√ – visite de la case coutumière d’un grand chef
√ – pouce sur les îles
√ – tortues
√ – traversées confortablement rythmées par la houle profonde du Pacifique Sud2
√ – curry de crevettes de la grande île
√ – et finalement : baleines !
√ – puis tout ce que j’ai zappé…
— distribution des coupons pour la coutume : ratage complet
Tous les guides touristiques, et les personnes bien informées, vous le diront : en Nouvelle-Calédonie, les traditions restent très présentes, et il est de la plus haute importance d’honorer le chef de la tribu où vos voiles vont conduiront. Ça s’appelle « faire la coutume ». Et c’est apparemment très codifié : à Nouméa, le quartier asiatique regorge de boutiques vendant des coupons de tissus, et le bureau de tabac du coin vous échangera contre quelques CFP3 du tabac à rouler, soit disant base de cette coutume, à présenter au chef.
Notre minuscule expérience acquise sur les trois îles visitées nous font nous poser la question : tout ceci n’est il pas une belle histoire pour permettre aux touristes de raconter de charmantes chroniques à leurs amis ébahis, voire leurs crédules petits-enfants ? Nulle part nous n’avons eu à distribuer les coupons achetés. Quand nous arrivions dans une tribu, très vite une discussion s’engageait avec les personnes présentes, très contentes en général de nous présenter les attraits de leur région, nous raconter leur histoire et leurs traditions, voire nous inviter à partager leur repas lors de fêtes. Et chaque fois, la réponse était la même : « Faire la coutume ? Pas nécessaire ! On a discuté, c’est bon. Je connais le chef (Ou alors : je suis le chef). Vous pouvez visiter. ». Les seules contraintes étaient de ne pas prendre de photos de sites tabous.
Partout, à une exception près, l’accueil était très chaleureux, et l’envie de discuter, accueillir et partager indéniable. Et tous les Kanaks rencontrés étaient unanimes : il est très important pour eux que le visiteur soit bien accueilli.
Loin de l’image qui est parfois donnée des Kanaks. Mais notre expérience n’inclut pas la Grande Terre, où apparemment les relations souvent tendues avec les Caldoches sont sources de conflits et de rejet des descendants des colonisateurs. Les Wallisiens (et Futuniens), plus nombreux ici qu’à Wallis et troisième communauté de l’île, ne sont pas toujours bien vus des Kanaks non plus, à cause de leurs positions loyalistes. Du coup, le besoin d’affirmer ses origines et défendre ses croyances est probablement plus fort qu’ailleurs. Mais ce que j’en dis, moi…
___________________
1– Ou du PSG.
2– Bon, là, on me dit qu’il faudrait voir à tout de même pas exagérer.
3– Le franc polynésien.
23 juillet. Départ de Tadine à quatre heures du matin comme prévu pour avaler la cinquantaine de milles avant Lifou et arriver de jour. L’objectif est de mouiller devant Doueoulou sur la côte ouest, mais le vent plutôt faiblard fera que nous nous dirigerons vers Luengoni, à l’est et donc vent de travers au lieu d’un grand largue mollasson. Nous avons repéré un mouillage qui a l’air fort sympathique sur un guide que nous a passé Sylvain, de Thétis.
Le guide, on ne peut plus compendieux, indique une passe très difficile à n’entreprendre que dans de bonnes conditions : elles semblent réunies (beau temps, vent et houle faibles), donc nous décidons de tenter. Les explications sont succinctes, mais grâce à la bonne visibilité nous franchissons l’étroit seuil sans problème, un à la barre et l’autre à l’avant avec des lunettes polarisantes.
Une fois la passe franchie, et un petit slalom entre les patates, très visible sur le fond de sable, nous arrivons à un superbe mouillage dans quatre à cinq mètres d’eau, à moins de deux cents mètres d’une belle plage.
L’eau est claire, mais le ressac la rend un peu opaline. Les coraux à l’intérieur du lagon sont assez abîmés, mais il y a beaucoup de poissons, des seiches, des raies…
Dimanche 25 juillet. La météo ayant décidé que les bonnes conditions avaient assez duré (annonce de houle plus forte), nous décidons de lever le camp vers Wé avant de se faire piéger dans le mouillage : quinze milles vers le nord, au moteur pour cause de vent déficient, pour une arrivée dans une minuscule marina, la seule des îles. Où nous serons le troisième voilier de passage depuis le début de l’année.
Bien que dans Wé, la capitale des Îles Loyauté, nous avons encore une fois l’impression d’un village/tribu sans urbanisation planifiée : pas de centre, les habitations sont dispersées, de même que les bâtiments officiels. Pas de restaurant ouvert pour cette première soirée en ville : nous mangerons à bord. Les pâtes au pistou de MarieJo, c’est pas mal non plus.
L’île étant très étendue, nous louons à nouveau une voiture pour nous faire une idée. Le tour démarre par la visite de la chefferie du secteur nord, à Hnatalo. L’église est bâtie à côté de la demeure du grand chef.
Un peu plus loin se trouve la case traditionnelle où ont lieu les réunions nécessitant une décision du grand chef et touchant tout l ‘ensemble des tribus du nord : remarquable travail pour faire la structure et la toiture.
La route nous mène ensuite à la chefferie de Chepenehe, au nord de la baie de Santal. La baie, quinze kilomètres de large au nord-ouest de Maré, est remarquable. Le bois de santal fut une richesse de l’île, avant d’être complètement pillé. Un navire de croisière est au mouillage et décharge sa nombreuse cargaison de touristes. Du coup, près du petit débarcadère, toutes sortes de petits commerces se sont installés. Et nous ne serons pas seuls pour monter sur le promontoire qui domine la baie, et sur lequel a été bâtie la petite chapelle de Notre Dame de Lourdes.
Toutes les cases coutumières ont leur entrée encadrée de deux totems : les gardiens de la case. Il doit donc y avoir des sculpteurs sur ces îles, non ? Vous suivez le raisonnement ? Effectivement, en traversant la tribu de Jozip, un panneau indique que l’on peut entrer voir des sculptures sur bois. Exactement ce que nous cherchons. Donc on entre dans un vague enclos où l’on entend du bruit venant d’une espèce de grange : nous en faisons le tour en appelant, sans succès. Pour finalement tomber sur le sculpteur, qui commence à nous engueuler parce que nous n’avions pas fait le tour dans le bon sens, et nous plante sans plus un mot… Autant dire que nous ne restons pas ! C’est bien une des rares fois où nous sommes aussi mal accueillis.
C’est comme ça. Entre temps, le soleil se prépare à passer une bonne nuit de plus : pas blasés, nous décidons d’admirer son coucher encore une fois, avant d’aller faire de même sur Kousk Eol.
Pour changer, le repas se fera au resto d’un de rares hôtels de l’île, le Drehu Village Hotel, au bord de la plage donnant sur la baie de Chateaubriand.
Grosse discussion sur le programme des jours suivants. Le temps devrait se dégrader et passer à la pluie : bon moment pour naviguer ! Mais où ? Plus au nord, avec la perspective d’un très long bord de près, peu confortable, pour rentrer ? Ou nous diriger tout de suite vers le lagon sud de la Nouvelle-Calédonie pour profiter de ce que le vent passe au nord temporairement ? C’est la deuxième option qui est retenue. Donc nous passerons cette dernière journée à refaire un tour sur l’île avec la voiture que nous avons gardée.
Et cette fois nous tombons sur l’atelier d’un sculpteur souriant, avec qui nous passerons un long moment à discuter des symboles sur les totems entre clans de la mer et clans de la terre, de la vie, des coutumes (c’est aussi un chef de tribu), des variétés de bois et de leurs propriétés, du fait que les enfants quittent l’île pour leurs études et ne rentrent pas toujours, etc. Une intéressante leçon de choses.
L’étape d’après sera Jokin, à l’extrême nord de Maré, réputé pour ses falaises. Et la réputation n’est pas surfaite : un petit escalier permet de descendre jusqu’à la mer où la vue coupe le souffle.
Nous apprenons que les cavités dans la falaise servaient de sépulture aux morts, avant l’arrivée des missionnaires, qui eux savaient mieux que les autres, forts de leur dieu évidemment plus puissant. D’ailleurs, l’affichage près de la petite église laisse perplexe…
L’eau sous les falaises est d’une limpidité extraordinaire et donne l’impression de nager dans un aquarium. L’eau de mer, ça creuse, donc nous nous arrêterons dans un petit restaurant dans la campagne pour midi, pour être en forme avant de retourner vers la baie de Santal, cette fois au sud, sur la plage de Peng.
Et là, le spectacle est toujours au niveau : nous y resterons la fin de l’après-midi jusqu’au coucher de soleil une nouvelle fois…
Mercredi 27 juillet : c’est aujourd’hui que nous repartons vers le lagon sud. Auparavant, il faut s’occuper de Kousk Eol : quand on l’abandonne comme ça au mouillage ou dans une marina, il a tendance à se laisser aller et les algues en profitent pour se développer sous la coque. Les algues, c’est peut être beau au fond de l’eau, mais rien de tel pour transformer la coque racée d’un lévrier des mers en machin peu ragoutant et impropre à une navigation rapide. Le narguilé, qui n’avait plus servi depuis Papeete il y a plus de trois mois, est ressorti de son sac, ainsi que les grattoirs divers : l’eau de la petite marina circule bien, est très claire et calme. Conditions idéales pour ce genre d’exercice.
J’en entends déjà qui posent la question : « Mais pourquoi donc ne poussez vous pas jusqu’à Ouvéa, la troisième des Îles Loyauté ? Hein ? Dites voir ? Pourquoi ? ». Je comprends bien que cette question vous taraude, mais c’est comme ça. Comme déjà indiqué, notre manque de maîtrise des principes de la relativité fait que nous nous heurtons à une immuabilité du passage du temps, dont l’écoulement inexorablement implacable nous approche chaque jour de la fatidique date de retour en métropole de nos cothurnes préférées. Il se trouve de plus qu’Ouvéa est l’île qui s’approche le plus de ce que nous avons pu admirer aux Tuamotu, question atoll. Tertio autant qu’irrémissiblement, et ce point a aussi déjà été précisé dans ces pages, dans ce genre de voyage, on rate plus d’endroits qu’on n’en découvre ; et pourtant on en voit, des belles choses. Donc, la prochaine fois que vous passe par la tête l’idée de poser une question aussi triviale, essayez le truc de brancher quelques synapses et neurones supplémentaires, s’il vous en reste, pour tenter d’éviter la morgue méprisante du scribouillard de service, qui comme chacun sait, mais surtout Cathy, a réponse à tout. Même quand il n’y a pas de question.
Bref : sur le coup des treize heures, nous larguons les amarres, et cap vers le sud, avec une météo mitigée, jonglant entre les effets d’une grosse dépression sur la mer de Tasman et les velléités de l’anticyclone de pousser à nouveau son alizé.
On n’est pas des chiens, et on a décidé de partager avec vous l’approche vers ce mouillage dont nous parlons plus haut. Un dessin étant souvent moins abscons qu’un discours, on s’est même fendu d’un crobard :
Une difficulté est d’identifier l’entrée de la passe, marquée sur sa droite par un caillou émergeant dès la mi-marée, avec un champignon visible près de la plage (le plus à l’est des deux ou trois champignons visibles). Ce champignon donne une bonne approximation d’alignement (au 190°) pour franchir la passe. Ne surtout pas faire l’économie d’une vigie à l’avant, équipée de lunettes polarisantes ! La passe est très étroite (une dizaine de mètres), mais franche et courte, avec une quinzaine de mètres d’eau en dessous, et le platier de part et d’autre bien visible.
Cette passe n’est certainement pas à tenter en cas de vent de secteur nord, ou de houle trop forte. Le mouillage peut devenir un piège : bien écouter la météo (VHF canal 67) pour ressortir avant que les conditions ne se dégradent, afin de ne pas rester piégé !
Sinon, le mouillage est magnifique, tranquille, sur fond de sable à environ cinq mètres, garantie d’une bonne tenue.