Îles Loyauté : retour vers Nouméa – 27-31 juillet 2016

27 juillet : nous quittons la marina de Wé vers treize heures, avec une météo incertaine quant aux conditions de la traversée vers le lagon sud. Le temps est couvert, une grosse dépression plus loin vers la Nouvelle-Zélande perturbe les flux d’air. Résultat : nous subissons un vent du sud obligeant à tirer des bords dans une houle relativement courte. Le bateau cogne. On a connu un confort pus serein à l’intérieur.

Nous décidons finalement de faire un stop au port de Tadine, sur Maré, pour attendre que l’alizé reprenne le dessus. Nous tirons encore quelques bords avant d’y arriver vers une heure du matin, et nous mettons au quai des navettes, libre à cette heure : il sera temps d’aviser demain, si nécessaire.

Tadine
Kousk Eol dans le port encombré de Tadine.

Nous reprendrons la mer dans la soirée pour arriver le lendemain matin à l’entré de la passe Havannah. En attendant, nous partons faire un tour vers la Baie des Tortues, que nous avions raté lors de notre précédent passage. Et cette fois encore, le pouce fonctionne bien.

Pouce
Quand on « fait le pouce », on n’est pas forcément pris par une Rolls…

La baie des Tortues porte bien son nom : nous les voyons venir respirer à la surface, tranquilles.

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La baie des Tortues.

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Au bord de la plage, un petit tricot rayé est en chasse sous-marine…

TricotRaye
Pull St James sans manches…

Au retour, pouce à nouveau, et un pick-up s’arrête : « Vous allez à Tadine ? Montez ! Et excusez-moi : je suis un peu éméché… ». Effectivement, notre chauffeur a l’haleine un peu chargée, qui ne sent pas que la pomme. Mais il conduit doucement et tout se passe bien.

29 juillet : nous partons en milieu de nuit pour couvrir les soixante milles avant la passe, et y arriver de jour à marée montante. La mer est relativement calme, mais le vent encore plus : la traversée se fait au moteur. Ça arrive, des fois…

La passe Havannah est franchie vers dix heures, tranquillement, et nous voici à nouveau dans l’immense lagon sud. Nous cherchons un mouillage pour la journée, mollement car le temps est couvert. Quand soudain la vigie s’époumone : « Elle souffle ! ». À deux milles au sud, quelques voiliers au moteur tournent en rond, et aux jumelles, une queue se lève.

Vigie

Mais dis donc, là, ne serait-ce pas un groupe de ces mégaptères mysticètes surpris dans leur épopée migratoire et parturiente ? Mystère : quand nous arrivons sur place, plus rien. Eau plus plate et sans remous que l ‘encéphalogramme d’un supporter de l’OM1 en pleine possession de ses moyens. Vide intégral. Encore une fois, le syndicat d’initiative n’a pas bien fait son boulot. Côté contrat pour Cathy et MarieJo, ce ne sera définitivement pas un sans-faute…

Mais ce serait sans compter sur la bienveillante mansuétude de ces placides mammifères : ayant perçu notre détresse profonde, voila t-y pas qu’un petit groupe de baleines à bosse émerge devant Kousk Eol ? Et que je te refais le coup du jet d’eau, de la queue qui se lève, du dos rond… Mais bon, nos épouses semblent satisfaites, donc nous aussi.

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Pas loin se trouve l’îlot Mato : c’est là que nous ferons un dernier mouillage avant Nouméa. Mouillage tranquille au milieu des coraux.

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Désolé, mais c’est comme ça…

Le sommet de l’îlot est gravi par un bon sentier, et offre une superbe vue sur le lagon.

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Un tricot rayé vient un peu gâcher la sérénité : on fait un peu plus attention où on met les pieds à la redescente…

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De retour sur la plage, ce sont deux traces de ces serpents que nous distinguons, se dirigeant vers la mer.

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Petit coup de masque et tuba avant de retourner à bord : le corail est exceptionnel, multicolore et en pleine forme, ainsi que les myriades de poissons.

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Puis nous levons l’ancre pour Nouméa à environ vingt-cinq milles, au largue avec un petit zéphyr à une dizaine de nœuds sur une mer plate. Zéphyr qui décide finalement de se la couler nonchalamment tropicale, obligeant à sortir Volvo de la torpeur dans laquelle il s’était coulé.

Et un peu avant dix-sept heures, nous voici à nouveau dans la marina de Port Moselle, au cœur de Nouméa… c

Pour conclure ce périple, je résume par un petit bilan de ces trois semaines :

√ – île des Pins

√ – îles Loyauté : Maré et Lifou

√ – masque et tuba au milieu des jolis coraux et des multicolores poissons

√ – ascension du vertigineux point culminant de l’île des Pins

√ – visite de la case coutumière d’un grand chef

√ – pouce sur les îles

√ – tortues

√ – traversées confortablement rythmées par la houle profonde du Pacifique Sud2

√ – curry de crevettes de la grande île

√ – et finalement : baleines !

√ – puis tout ce que j’ai zappé…

— distribution des coupons pour la coutume : ratage complet

Et la coutume, dans tout ça ?

Tous les guides touristiques, et les personnes bien informées, vous le diront : en Nouvelle-Calédonie, les traditions restent très présentes, et il est de la plus haute importance d’honorer le chef de la tribu où vos voiles vont conduiront. Ça s’appelle « faire la coutume ». Et c’est apparemment très codifié : à Nouméa, le quartier asiatique regorge de boutiques vendant des coupons de tissus, et le bureau de tabac du coin vous échangera contre quelques CFP3 du tabac à rouler, soit disant base de cette coutume, à présenter au chef.

Notre minuscule expérience acquise sur les trois îles visitées nous font nous poser la question : tout ceci n’est il pas une belle histoire pour permettre aux touristes de raconter de charmantes chroniques à leurs amis ébahis, voire leurs crédules petits-enfants ? Nulle part nous n’avons eu à distribuer les coupons achetés. Quand nous arrivions dans une tribu, très vite une discussion s’engageait avec les personnes présentes, très contentes en général de nous présenter les attraits de leur région, nous raconter leur histoire et leurs traditions, voire nous inviter à partager leur repas lors de fêtes. Et chaque fois, la réponse était la même : « Faire la coutume ? Pas nécessaire ! On a discuté, c’est bon. Je connais le chef (Ou alors : je suis le chef). Vous pouvez visiter. ». Les seules contraintes étaient de ne pas prendre de photos de sites tabous.

Partout, à une exception près, l’accueil était très chaleureux, et l’envie de discuter, accueillir et partager indéniable. Et tous les Kanaks rencontrés étaient unanimes : il est très important pour eux que le visiteur soit bien accueilli.

Loin de l’image qui est parfois donnée des Kanaks. Mais notre expérience n’inclut pas la Grande Terre, où apparemment les relations souvent tendues avec les Caldoches sont sources de conflits et de rejet des descendants des colonisateurs. Les Wallisiens (et Futuniens), plus nombreux ici qu’à Wallis et troisième communauté de l’île, ne sont pas toujours bien vus des Kanaks non plus, à cause de leurs positions loyalistes. Du coup, le besoin d’affirmer ses origines et défendre ses croyances est probablement plus fort qu’ailleurs. Mais ce que j’en dis, moi…

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1
– Ou du PSG.

2– Bon, là, on me dit qu’il faudrait voir à tout de même pas exagérer.

3– Le franc polynésien.

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