Donc nous partons le mardi 22 vers vingt et une heures trente, un peu avant la fin de la dépression, pour allonger notre fameuse fenêtre. D’ailleurs le temps est maussade, et nous avons même droit à de la pluie. Nous avons environ quatre-vingt-dix milles à parcourir, et la météo nous annonce de bonnes conditions jusqu’à jeudi en milieu de journée : ce devrait être plus que suffisant.
La mer n’est pas trop agitée : une longue houle d’est essaie de gommer les vagues créées par le vent de la dépression. Ce n’est pas toujours très confortable, mais Kousk Eol avance bien. Nous ferons des pointes à plus de onze nœuds avec seulement une quinzaine de nœuds de vent : le courant des Aiguilles est bien là.
Comme prévu par la météo, le vent, d’abord d’est, s’oriente progressivement au nord-est, obligeant à tangonner le génois.
A huit heures mercredi 23, nous avons déjà fait une soixantaine de milles. Nous sommes apparemment le seul voilier à avoir quitté Richard’s Bay cette nuit. Et nous ne voyons que peu de cargos sur l’AIS.
Avant de partir, nous nous sommes procurés le très pratique « South African Nautical Almanac ». Ce guide décrit tous les ports de l’Afrique du Sud, les formalités et où les faire. Ah si nous l’avions eu plus tôt ! Le Flight Plan n’aurait plus eu aucun secret pour nous…
De plus, nous y trouvons les informations qui manquent sur les cartes, comme la profondeur disponible, le nom des quais où nous serons probablement dirigés par les autorités portuaires, les zones météo, etc. De plus, ce guide est gratuit et mis à jour régulièrement.
Onze heures: Durban est à moins de quinze milles. Il faut slalomer entre les cargos au mouillage, attendant d’entrer dans le port. Durban est le plus gros port de commerce d’Afrique.
Deux heures après, nous sommes devant le chenal, mais le signal de contrôle du trafic maritime est rouge clignotant. Vite le guide des ports: rouge clignotant, le port est fermé… Hein? Appel VHF à Durban Harbour Radio sur le 16: il faut appeler Durban Port Control sur le 9. Ces derniers nous donnent l’autorisation d’entrer, mais vite parce qu’un porte-conteneurs fait la course avec nous. Puis dernier appel à la marina sur le 12: plus de place au ponton, il faut se mettre à l’ancre. Et gonfler l’annexe pour descendre à terre. Et il pleut.
Nous retrouvons au mouillage Mike et Devala sur Sea Rover, qui étaient à côté de nous à la Réunion. Et aussi Michel sur son voilier Gaston que nous avions rencontré au Vanuatu. Lui a mis dix-neuf jours pour venir de la Réunion, avec son tourmentin, car la drisse de génois avait cassé. Conditions pénibles aussi, du calme plat au gros temps.