Vulgarisation scientifique : comment différencier un pingouin d’un manchot ?

Voici bien longtemps que les experts de Kousk Eol n’avaient plus partagé leur immense savoir avec le commun des lecteurs de ce blog. Il devenait donc urgent de reprendre notre mission de prosélytisme scientifique. L’objectif du jour sera de faire de vous des spécialistes, pas moins, des pingouins et des manchots, proximité des colonies de manchots du Cap de Bonne Espérance oblige. Rien de moins.

  • D’abord l’évidence notoire : les manchots sont des sphéniscidés, alors que les pingouins sont des alcidés.
  • Comme les ours, les pingouins ne sont présents que dans l’hémisphère nord1. En conséquence, pour ne pas se marcher sur les pieds, comme la nature est bien faite, les manchots s’abstiendront de remonter vers le septentrion au-delà de l’équateur.
  • Bien sûr, il faut toujours qu’il y ait des petits malins. Les îles Galapagos étant sur l’équateur, il doit bien se trouver parmi les manchots des Galapagos quelques emmerdeurs franchissant la ligne juste pour se faire remarquer.
  • Pour occuper les zoologistes, la nature a bien fait les choses : des manchots, il y en a un paquet… Pour ne vous en citer que quelques-uns, au cours de sa circumnavigation, Kousk Eol a par exemple rencontré ceux de Humboldt, de Magellan, du Cap, et des Galapagos.
  • Pressentant que les zoologistes allaient être fort occupés devant la grande variété des manchots, la nature, subtile, a en conséquence limité le nombre de pingouins à un individu unique : le pingouin torda. Il faut admettre qu’elle a bien été aidée dans cette tâche par l’homme qui s’est chargé d’éliminer un potentiel concurrent, à savoir le grand pingouin, ou pinguinus impennis, durant le dix-neuvième siècle2.

  • Pour compenser, les pingouins ont des cousins alcidés très proches, comme le macareux et le guillemot, que l’on peut aller admirer dans la réserve des Sept Îles.
  • Les pingouins volent3 et nagent, alors que les manchots nagent. On prétend qu’ils marchent aussi, mais d’une manière tellement risible que nous n’en parlerons pas pour ne pas les froisser. Quoique… Regardez le manchot empereur : il a beau se parer de couleurs magnifiques qui ressortent particulièrement bien sur la glace de l’Antarctique, il reste fondamentalement ridicule à se dandiner maladroitement. Et ce malgré les efforts louables de réhabilitations de certains cinéastes.
  • Les Anglais appellent les manchots « penguins », et les pingouins « au». Encore une preuve qu’on peut compter sur les Anglais pour semer la zizanie et compliquer davantage une situation qui est pourtant loin d’être simple.
  • Le manchot ne pépie pas : il brait. Éventuellement, il jabote. Alors que la mésange, c’est bien connu, zinzinule4.
  • Si quelqu’un vous traite de pingouin, ce n’est pas nécessairement un compliment…

Voila. Si vous avez lu cet article avec toute l’attention requise, vous maîtrisez dorénavant tous les éléments permettant de rédiger une thèse exhaustive sur le sujet. Sinon, vous pouvez toujours aller frimer chez le poissonnier.

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1
– Allez donc voir l’étymologie du mot « arctique ».

2– C’est très probablement suite à cet exploit que l’homme a été promu au rang d’homo sapiens.

3– Depuis quelques années seulement : le grand pingouin ne pouvait voler. Comme nous le disions, il a été supprimé de la surface de la terre pour ne pas compliquer la situation.

4– S’il n’y avait pas tant d’esprits mal tournés lisant ce blog, nous aurions pu rajouter que l’alouette turlutte…

7 réflexions sur « Vulgarisation scientifique : comment différencier un pingouin d’un manchot ? »

  1. Bonjour les marins d’eau douce!
    Je me permet de vous appeler comme ça car après avoir lu (avec beaucoup de plaisir) votre livre, j’en conclus que vous avez une certaine dose d’humour.
    Je suis tombé sur votre livre par hasard en recherchant des informations sur la Patagonie et la Terre de feu. je vais maintenant m’attaquer à votre site internet qui je pense va m’enrichir de vos expériences.

  2. Re-bonjour,
    J’ai bien aimé « la pêche à la bouteille », j’ai adoré « les coutumes cap-hornières » ainsi que « Pour une taxinomie de l’équipier ».

    Questions :
    1) Comment faites-vous pour éviter les blaireaux et les sangliers ?
    2) Où peut-on se procurer les cartes marines électroniques gratuites du Brésil ?
    3) Qu’utilisez-vous comme appareil pour le narguilé ?

    Merci pour vos réponses, bon vent et belle mer, non je parle pas des flatulences de votre belle-mère.

    Philippe

    1. Merci pour tous ces commentaires.
      Les blaireaux et les sangliers ne s’évitent pas (ou trop tard): ils se subissent… Avec de l’expérience, on arrive à limiter les dégâts. Mais ça fait aussi partie du charme des croisières…
      Pas de soucis pour partager notre (petite) expérience.
      Bonnes navigations,
      André & Claude

  3. Merci pour cette montagne de savoir encyclopédique.
    Humblement, nous souhaitons confirmer qu’en Afrique du Sud, les manchots « braaient », comme tout Sud-Africain qui se respecte, bien entendu !

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