Punta Arenas–Puerto Montt – 1e étape: Puerto Eden

13 Mars 2014, 7h30 : c’est de nouveau le départ, cette fois vers l’Ouest par le canal de Magellan, puis le Nord vers Chiloe et Puerto Montt, où nous devrions retrouver MarieJo et Cathy.

Pour cette grosse étape de presque 1000 milles où nous passerons de l’Atlantique au Pacifique, nous serons quatre : Nico, Sarah la Québecoise, André et Claude.

Après les 50nds au quai de Punta Arenas, c’est un bon 25nds qui nous pousse vent arrière dans le Canal de Magellan. Ça démarre bien, mais ça ne dure pas…

Le vent tombe, puis reprend de plus belle: nous nous retrouvons vite avec 30-35 nds dans le nez cette fois, et 2 à 3 m de creux, pour essayer de passer le Cap Froward, cap le plus au Sud de la partie continentale de l’Amérique. Cap évidemment surmonté d’une croix, consacrée by Djaypitou himself, excusez du peu!

Trop dur décidément: on fait demi-tour pour se réfugier dans la Bahia San Nicolas.

Le lendemain, re-tentative de passage du Cap Froward. Et même punition… Mer dure de face et toujours 30 à 35 nds de vent au près… Moins d’une heure après, nous sommes de retour à Bahia San Nicolas où nous avions passé la nuit précédente. Pour se venger, notre Nico à nous (mais est-il un saint, lui?), braconne 3 centollas qui prenaient le frais au bord de la plage, et qui finiront avec de la mayonnaise en guise de crème solaire…

15 Mars : finalement, le vent est tombé dans la nuit, et c’est au moteur que nous repartons sur une mer d’huile.

9h45: ça y est! Nous passons enfin le Cap Froward. Deux jours tout de même pour en venir à bout. A partir de là, nous devrions progressivement remonter vers le Nord.

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Le Cabo Froward

Puis visite éclair à la Caleta Galant, utilisée par d’illustres prédécesseurs, dont Bougainville, un autre skipper remarquable.

Et nous nous arrêtons pour la nuit dans la Bahia Mussel, sur l’île Carlos III, parc national et sanctuaire de la baleine à bosse: ce sont donc des otaries qui nous accueillent.

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 La Bahia Mussel

Ah, au fait: l’Iridium vient juste d’arrêter de bouder, le soit-disant informaticien du bord au titre largement usurpé ayant sans doute fini par cirer les pompes de la divinité qui allait bien… Et donc nous avons de nouveau accès aux fameux gribs, nous permettant d’autoriser un congé bien mérité aux copains qui avaient fait le relais météo par SMS entre temps.

Aujourd’hui, grand beau! Soleil éclatant, mais pas de vent: on ne peut pas tout avoir… Et de nouveau, paysages grandioses et faune exubérante… Pics enneigés, glaciers, forêts, mer, otaries, baleines, albatros, pétrels, skuas, manchots, …

On vous a déjà dit que c’était beau?

Est-il possible de « mesurer » la beauté? Nos montagnes aussi sont magnifiques. Sans parler de nos îles, et la Corse en particulier, de la Bretagne, de nos baleines à nous, de nos fous de Bassan, etc.

Mais ici, on a tout en même temps, et on a l’impression d’être seul à en profiter. C’est comme si la beauté avait plusieurs dimensions, ou s’il y avait des beautés qui englobent les autres… Il faudrait définir l’aleph de la beauté: aleph-0 pour les beautés « de base », dont le nombre de nuances ou de dimensions, même si infini, serait moindre que pour celui d’une beauté qui engloberait ces beautés « de base », d’aleph-1.

Bon: stop! Je sens que je commence à dérailler dur: ah l’effet du froid sur un cerveau en déficit de neurones et dont la sauce blanche doit avoir largement dépassé la date de péremption… Que les matheux, les vrais, me pardonnent! J’arrête avant que Georg ne se retourne dans sa tombe, et sors m’en remettre une couche plein les mirettes…

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Albatros, et skuas essayant de piquer sa proie à une otarie.

On aura surtout fait du moteur aujourd’hui. Et mouillage dans le petit fjord de Puerto Angosto: ancre plus trois amarres à terre, car la place est étroite.

Demain, il faudra avancer car les gribs ne sont pas bons pour dans deux jours: 30 à 40nds prévus pour mercredi et jeudi.

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Puerto Angosto et sortie du Canal de Magellan

Lundi 17 Mars : aujourd’hui, on essaie de sortir du Canal de Magellan, pour entrer dans le Canal de Smyth qui part vers le Nord. Étape d’une 50e de milles, car il n’y a plus de bon mouillage avant, mais les conditions sont bonnes, malgré le temps pluvieux.

La sortie du Canal de Magellan est plus ouverte sur l’Océan Pacifique: on ne profitera plus de la protection du canal et la mer pourra être plus dure, d’où l’importance de passer lorsque la météo est favorable. En voilier, si on peut s’adapter, dans certaines limites, au vent, on ne peut que subir la mer et les vagues: c’est surtout de là que vient le danger.

18h30 : nous quittons le Canal de Magellan. A partir de maintenant notre route est plein Nord jusqu’à Puerto Montt.

Ce soir, nous mouillons au fond d’une toute petite caleta, dans l’anse de Puerto Profundo, où nous sommes accueillis par des flottilles de canards-vapeur : ancre et deux amarres à terre.

Les prévisions météo ne sont toujours pas bonnes pour mercredi et jeudi, et probablement pour vendredi: il va falloir rouler demain, pour s’avancer!

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Canards-vapeur et Puerto Profundo

 Partout, d’énormes moules n’attendent apparemment que de se faire cueillir… C’est sans compter sur la marée rouge, des micro-organismes qui infectent les coquillages, les rendant dangereux à manger… Quel gaspillage!

PuertoProfundo-MoulesCholgas, mais attention à la marée rouge!

Mardi 18 Mars : nous remontons le Canal Smyth sous un ciel gris. Au détour d’une île, une épave, spectacle un peu surréaliste. Celle d’un cargo américain, échouée dans les années 1930, et restée sans doute pour nous rappeler que les canaux ne sont pas cléments tout le temps…

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Nous sortons du Canal Smyth en fin de journée, juste avant d’arriver à la Caleta Victoria.

Où nous allons au moins passer deux jours: les gribs pris en arrivant ne sont pas bons… 30 nds dans le nez, sur un air connu!

Un pêcheur nous a précédé: nous partagerons le mouillage. Nous nous sentirons un peu moins seuls cette nuit.

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Caleta Victoria

Effectivement, mercredi venté et pluvieux… Et série de williwaws toute la nuit de jeudi, qui font brutalement gîter Kousk Eol sur son mouillage, mais les amarres et l’ancre tiennent bon!

Et il a neigé au dessus de 300m durant la nuit!

Une petite fenêtre s’ouvre permettant de gagner quelques milles vers le Nord. En fait de fenêtre, plutôt une lucarne, voire une meurtrière… Les williwaws continuent et par dessus le marché, incompréhension totale avec les Maîtres du Temps qui nous balancent des seaux de glaçons sur la tête en début d’après-midi, au lieu de nous faire un paquet-cadeau pour l’apéro… Manque de savoir-vivre complet!

Et quand nous arrivons à la Caleta Balandra pour la nuit, il fait beau… Mais pas pour longtemps!

Mais la nuit est très tranquille: la caleta est très bien abritée.

Au réveil, re-pluie… Que fait-on? La veille, on a pris des gribs en milieu de journée: pas bon… Vent fort, voire très fort, et dans le nez pour les deux prochains jours.

On a donc repris les gribs le soir avant de se coucher, au cas où: toujours aussi mauvais!

Donc que fait-on le matin? Ben on quitte le mouillage pour vérifier si les gribs sont corrects! Vous n’auriez pas fait ça, vous? On s’équipe sous la pluie, le vent se lève brutalement dès que l’on quitte l’abri du mouillage: une demi-heure après, on est de retour dans la caleta, trempés… Les prévisions météo sont justes! Quelle surprise!

Samedi 22 Mars : journée d’attente dans la Caleta Balandra… Temps gris et venté, pas chaud: ça, c’est nouveau! L’intérieur du bateau est très humide: les ouvertures sont souvent fermées (un comble pour des ouvertures: on croirait de la politique!) et la condensation s’en donne à cœur joie.

Petites statistiques, puisqu’il faut quand même s’occuper un peu… Nous avons fait plus de 10 000 milles depuis le départ de Toulon, le 30 Juin 2013: nous sommes partis du 43°N pour aller jusqu’au 56°S, soit plus de la moitié du globe dans le sens Nord-Sud. Et seulement 4000 si on projette cette route le long de l’Équateur, qui en compte 21600: du 6°E au 73°W, soit moins d’un quart dans le sens Est-Ouest…

Dimanche 23 Mars : nous sommes contents de quitter le mouillage, très beau comme d’habitude, mais les journées coincés dans le bateau sont longues! Et nous avons un de ces créneaux météo qu’il ne faut pas rater, entre deux coups de vent: 20-25 nœuds mais pas trop de mer. Et il faut qu’on fasse tout de même un peu de route!

Trente virements de bord et un certain nombre de manœuvre de réduction/augmentation de la voilure après et nous voici rendus au mouillage de Puerto Bueno: le calme qui y règne fait vite oublier les conditions dures de la journée!

PuertoBueno1  PuertoBueno2 PuertoBueno3PuertoBueno5Puerto Bueno

Nuit très tranquille, à tel point que nous ré-éditons le coup de vérifier si la météo s’est gourée ou non : nous repartons pour essayer de gagner encore quelques milles vers le Nord. D’ailleurs, on vient tout de même de franchir le 51°S: on ne ressent pas encore de grosses remontées de température, mais tout est dans la tête! Et l’idée de passer bientôt des hurlements aux rugissements a un côté plutôt rassurant, non?

La météo s’est effectivement un peu trompée: au lieu des 20 nœuds dans le nez, ce sont 30 à 35 nœuds qui nous attendaient, avec toujours ces vagues courtes… Plus à l’Ouest, hors de l’abri des canaux, c’est entre 40 et 50 nœuds. On retourne fissa à Puerto Bueno, même si Sarah a promis de faire à manger pour midi!

 PuertoBueno4Réparation à Puerto Bueno

Lecteur-marin connaisseur, expérimentée lectrice-marine, vous vous dites certainement: « Les frangins, ils se la pètent quand c’est facile. Mais dès que la brise est un peu plus consistante, on ne les voit plus sur l’eau… ».
C’est vrai. Mais la perspective de se prendre 30 à 35 nœuds au près toute la journée, avec embruns frisant le 0°C et sans échappatoire (les canaux sont étroits et les refuges moins bien répartis que sur une autoroute), cette perspective, donc, fait réfléchir… Sans compter que les voiles et le bateau souffrent!

Un apophtegme1 voudrait que la voile soit le moyen le plus long et le moins confortable pour aller d’un point à un autre: nous avons vérifié pour vous! C’est une école de patience : il vaut mieux attendre des jours meilleurs au mouillage que de faire les cakes sur l’eau glacée et ventée : on est loin d’être sûr de gagner.

Et donc le carré se transforme en tripot, mais tripot classieux: DD a décidé d’apprendre le bridge à Nico et Sarah. Décision sans appel de Nico: « Jeu à la con, tout et codifié, pas de place à la fantaisie! ».

 Note 1: Dans le cas extrêmement peu probable où un béotien inculte se serait perdu au milieu des pages de ce blog, ce dernier serait bien avisé de noter que les dicos ne sont pas faits pour les chiens.

Mardi 25 Mars : c’est décidé, gribs ou pas gribs, on retente! Il devrait y avoir une demi-meurtrière entre 12h34 et 16h28, où le vent devrait tomber en dessous de 20 nds… Juste assez pour aller au mouillage suivant, soit 12 milles, soit 20 milles. Pô pire!

Et en fait, c’est une alternance de voile et de moteur qui nous attend: 15-20nds au près, mais pas de mer, puis 5nds, puis un ch’tit williwaw bien cogné… Puis on recommence. Bon d’accord, ce sera aussi sous le brouillard, que même en Bretagne on connaît pas ça.

Finalement, nous arrivons à la Caleta Paroquet au bout d’une trentaine de milles: pô pire, décidément! Et un bon abris pour laisser passer le coup de vent (un autre) prévu le lendemain.

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La Caleta Paroquet

Nous passons effectivement Mercredi à attendre que le vent baisse, sous une pluie ininterrompue pendant 24h… Mais les températures remontent progressivement: pas de quoi sortir un maillot de bain, mais on arrive à dormir avec un seul duvet… Un net progrès!

Sarah en profite pour bien intégrer les leçons du DD: « Donc, je résume, dès que les canaux se rétrécissent, il y a des vents-tueries et on doit mettre des voiles plus petites pour passer le plus discrètement possible?»

 Et Jeudi, l’accalmie tant attendue est enfin là: entre 12 et 15 nœuds, et de Sud-Ouest par dessus le marché. Nous faisons pour une fois du largue, avec tout dessus : grand-voile et génois. Une allure que nous avions presque oubliée, un peu comme le soleil!

Journée mémorable : 60 milles, donc 50 au portant sur le même bord, avec pas mal de pointes au dessus de 9 nœuds, sur une eau quasi-plate, et on est même repassé sous les 50eme Sud1 : pas la peine de le hurler, mais on rugirait presque de bonheur… Et c’est dans le havre de la Caleta Shinda, au fond de l’impressionnant Fiordo Gage, que nous savourerons.

 Note 1: Uniquement pour lecteurs un peu mou du bulbe: quand on dit « sous les 50eme Sud » (qui sont supposés hurler), ici, c’est retomber dans les 40eme Sud (dont tout le monde sait que la caractéristique majeure est de rugir) et non pas les 60eme Sud (où il fait tellement froid qu’on n’entend plus rien). Faites pas chier et gâchez pas notre plaisir.

Vendredi 28 Mars : on a bien fait de savourer… Re-pluie et re-vent ce matin : on fait tout de même une tentative, mais le vent est vraiment trop fort. Retour pour attendre des conditions un peu plus clémentes au mouillage de la Caleta Shinda, sous le regard intéressé des cormorans.

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La Caleta Shinda, DD et Sarah, la spécialiste du vent-tuerie

La pluie n’arrête pas, mais nous repartons tout de même sur le coup des 14h: le vent est un peu tombé. Du coup nous avançons de 20 milles pour arriver à la Caleta Parry, sur un petit îlot au milieu du Canal Wide. Le mouillage se fait de part et d’autre d’une ancienne exploitation de cholgas, énormes moules de Patagonie. Et pendant ce temps, le Cisne Branco, 3-mats brésilien de 80 m certes élégant, vient se pavaner devant Kousk Eol, comme s’il pouvait soutenir la comparaison, l’impudent…

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Le Cisne Branco depuis la Caleta Parry

Et aujourd’hui, nous remontons le Seno Eyre (Fjord Eyre), au bout duquel se trouve le Ventisquero Pio XI, avec son front de glace de plus de 50m de haut (3 fois la hauteur de Kousk Eol!) et de près de 4Km de large tombant directement dans le fjord. L’eau est devenue d’un bleu laiteux. Et il faut recommencer à faire attention aux growlers!

Ah la majestuosicité, la grandieusité, la coupe-soufflétude du lieu! Impressionnifiant autant qu’époustoufliciant1 !

 Note1: Comment ça, ils n’existent pas ces mots ? Et alors, vous croyez qu’on peut espérer décrire ce lieu extraordinaire, cette beauté immaculée en utilisant platement des mots qui ont déjà servi, probablement même pour décrire des endroits plus banals (un canal banal, des canaux banals : vive la Français!)? Allons !

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Devant le Glacier Pie XI

Bon d’accord: dommage qu’il pleuve… Mais dans le cas contraire, on n’aurait plus été en Patagonie, non plus.

Le Cerro Chantel (Fitz Roy) et le Cerro Torre ne sont qu’à environ 80Km à l’Est: deux endroits mythiques eux aussi, pour certains dont les rêves ne restent pas au ras de l’eau. D’autres candidats aux hivernales d’un autre genre en plein été: il a neigé à 300m cette nuit, encore une fois…

Et pour nous remettre de toutes ces émotions, mouillage dans la Caleta Sally, juste 2 milles au Sud.

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 La Caleta Sally

Dimanche 30 Mars: pas un souffle ce matin… Et un peu de ciel bleu! Les sommets enneigés se reflètent sur l’eau du fjord, qui s’est recouverte de growlers depuis hier soir, comme par hasard juste avant de rejoindre le Canal Icy… Ça ne s’invente pas.

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Growlers…

Objectif de la journée: arriver à Puerto Eden ce soir, probablement après l’heure de la messe, où nous espérons pouvoir refaire les pleins d’eau et gas-oil, ainsi que de nourriture fraîche.

Calme quasi plat: mais où sont les 30 nds d’antan?

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Kousk Eol sur le lac de Monteynard, avec le Cervin juste en face…

Et à 15h30 nous mouillons devant Puerto Eden, premier signe de civilisation depuis 2 semaines…

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Arrivée à Puerto Eden

Puerto Eden: un autre bout du monde?

« Puerto Eden, mégalopole bien connue du grand Sud, antichambre du paradis, lieu de villégiature célèbre pour ses boites de nuits et son carnaval…. ». Heu: je me suis trompé de guide…

Je reprends: Puerto Eden est une ancienne escale de l’Aéropostale, entre Puerto Montt et Puerto Natales, qui permettait aux hydravions de refaire le plein et aux pilotes d’attendre de meilleures conditions de vol, moins ventées et moins humides pour ne pas décoller les timbres (seulement les hydravions: blague à 10 balles pour Raph/MarieJo).

Avant, il n’y avait rien.

Tout juste quelques indiens qui voulaient vivre tranquilles chez eux, et qui n’avaient rien à faire des hydravions et du courrier.

Donc rien, pour les gens de l’époque…

Puerto Eden ne semble pas avoir beaucoup bougé depuis: moins de 300 habitants, le Pacifique à gauche1, les glaciers à droite2 et les canards-vapeur dans les canaux en haut et en bas, les nuages sombres au-dessus…

Pour l’Éden, je ne sais pas. Le Pandémonium, tout de même pas non plus! Quoique: il y a au moins une église, et pas un seul bistrot… Et je vous laisse découvrir les nombreux commerces.

Note 1: Le terme « Gauche » tel qu’utilisé ici est à prendre hors de tout contexte politique. Quoique…

« Bâbord » aurait très bien pu être utilisé, si le misérable scribouilleur de ces lignes n’avait pas eu peur de paraître plus pédant qu’il ne l’est en temps normal. Pour la clarté de l’exposé, il est aussi de la plus grande importance de noter que « gauche » ici fera référence à un observateur regardant vers le Nord. Les observatrices auront compris d’elles-mêmes.

Question subsidiaire : quelle distance y a t-il entre la gauche dite « caviar » et un tribord prétendument « peuple » ? On utilisera des coordonnées polaires (normal, par près de 60°S), en partant dans le sens trigonométrique inverse comme les dépressions, et on exprimera le résultat à 10-3 près. L’utilisation de la calculette ainsi que du ti-punch est autorisée.

Note 2: Idem que pour « gauche » mais de l’autre côté pour un lecteur normalement constitué. Les lectrices, ne la ramenez pas sur ce coup !

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Puerto Eden

L’âme de St Ex semble encore planer sur ce lieu perdu: «S’il te plaît, Monsieur, dessine-moi un bateau autour du monde!»…

DessineBateauEt après ? Ben, toujours plein Nord, direction Puerto Montt, où nous devrions arriver dans environ 3 semaines.

Mais ceci est une autre histoire…

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