Suwarrow

Suwarrow, c’est un atoll comme les Tuamotu (on vous l’avait déjà dit que la nature ne savait pas se renouveler), sauf qu’ici ils ne parlent même pas français. Donc, circulez, il n’y a rien à voir. En plus il n’y a personne, alors on s’en fout un peu qu’ils ne parlent pas français, entre nous ?

Bon, on me susurre dans l’oreille que ça fait un peu succinct comme article, même pour un blog aussi ringard que celui que vous avez devant vos yeux ébahis. Je veux bien faire un petit effort, pour cette fois.

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Le motu Anchorage Island.

Suwarrow, à sept cents milles des Îles sous le Vent et à quatre cents milles des Samoa est une bonne étape pour faire une coupure dans la traversée. L’atoll fait partie de l’archipel des Îles Cook. Il s’étend sur environ huit milles par sept. C’est une réserve quasi-totale : seule une partie est accessible aux visiteurs, et des rangers sont chargés de faire respecter les règles.

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Règlement du parc.
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Mais on est où?

En principe : en débarquant, nous lisons un panneau indiquant que comme lesdits rangers n’arrivent que le premier juin, le parc est fermé jusque-là… Vérifions rapidement : nous sommes le dix mai. Mais nous venons de passer presque une semaine en mer, et nous ne crachons pas sur un mouillage un peu protégé pour nous reposer. Nous respecterons les règles : pas d’aliments à terre, et nous remporterons nos ordures.

À peine l’ancre posée qu’une escadrille de pointes-noires commence à tourner autour de Kousk Eol !

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Pointes noirs autour de Kousk Eol.

À terre, nous allons voir les locaux des rangers : pas de jugement trop hâtif, cela doit être nettement plus cosy et accueillant lorsque ces derniers se sont installés. Pour l’instant, nous visitons des habitations rudimentaires un peu délabrées et abandonnées. Les cyclones de l’été austral laissent des traces.

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Les locaux des rangers.

A Puerto Williams nous avions fréquenté le yacht club le plus austral, le Micalvi. Celui de Suwarrow mérite probablement le titre du plus isolé…

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Le Yacht Club.

Il y a même un local, sorte de librairie d’échange : quelques livres sont à disposition, pourvu que l’on en laisse au moins un autre pour faire vivre le stock.

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La librairie.

Côté présence humaine, à part un catamaran de Français de Nouvelle-Calédonie, nous avons l’atoll pour nous tous seuls.

Le lagon est magnifique. Le motu Anchorage Island est le plus grand, juste à l’ouest de la passe nord. C’est sur ce dernier que sont établis les rangers, quand ils sont dans le parc, et près duquel nous avons mouillé.

De gros pagures1 rouges s’activent à dépecer les noix de coco tombées au sol : apparemment, la chair est réputée chez ces crustacés.

Pagure
Bernard l’ermite.

Plus loin ce sont des crabes de taille respectable qui sortent de leurs tanières creusées dans le sable. Les rangers ont vaguement équipé la plage pour pouvoir passer des journées plus tranquilles : on espère pour eux qu’il y a un minimum de passage pour animer un peu la cocoteraie.

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Cool!
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Kousk Eol au mouillage.
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Elle est pas belle, ma plage?

Un Robinson des temps modernes, Tom Neale, a vécu ici pendant vingt-cinq ans, de 1952 à 1977. Une espèce de légende à son époque. Rappelez-vous : c’est Neale qui a écrit « Robinson des mers du Sud ». Moitessier, autre Robinson sur son atoll d’Ahe, était venu lui rendre visite sur l’îlot, et lui a même sculpté sa stèle.

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La stèle de Tom Neale.

Un peu plus loin nous trouvons deux plaques d’une expédition russe venue lors de la précédente éclipse solaire.

Suwarrow ne serait pas un parc s’il n’y avait pas d’animaux. À commencer par les oiseaux, qui comme les autres, ne sont pas farouches et ont bien compris que l’homme n’est pas ici pour leur chercher des noises, pour une fois. Hier, un joli noddi (brun, pas quattro2, modèle moins courant dans ces parages) est venu se poser sur l’annexe, profitant de ce que ses occupants faisaient trempette. Et est resté après que ces derniers furent remontés à bord, se demandant sans doute ce qu’ils venaient faire sur son nouveau territoire. Le noddi est resté un bon bout de temps avec nous, avant de finir par s’envoler, ayant sans doute compris qu’on ne lui abandonnerait finalement pas notre canot.

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Le beau (?) et la bête…
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Notre copain le noddi.
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Le noddi et Kousk Eol.

Les poissons sont au moins aussi curieux, et viennent nous tourner autour, conscients de l’impunité conférée par le parc : carangues, mérous, chirurgiens, pointes-noires et pointes-blanches, et même des requins gris…

Sur le platier, la vie foisonne aussi : murènes, oursins crayon, orphies, holothuries, langoustes…

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Sur le platier.
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Le platier.
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Un oursin crayon.
Murene
Une murène dans son trou.

12 mai : journée ventée à grains… L’ancre tient bien (de même que le guindeau !). Du coup, nous allons rendre visite à nous voisins sur Thétis, le Lagoon 42 mouillé à côté. D’accord, c’est un catamaran, mais ils sont sympas à bord, et ils font un bon ti-punch, avec les pizzas qui vont bien pour accompagner.

Thetis
A bord de Thétis.

Nous nous quittons le 13 au matin : ils descendent vers les Tonga puis les Fidji, où nous nous retrouverons peut-être. Notre route à nous nous mène vers les Samoa…

1– Des bernard-l’ermite, quoi. Mais je n’étais pas sûr pour le « s » du pluriel. En fait, c’est invariable : y sont pas un peu chiants des fois, les académiciens ?

2– Même pas dix balles, on est bien d’accord.

2 réflexions sur « Suwarrow »

  1. OUahouh… même si le printemps chez nous n’est pas si mal, je dois reconnaître que ça a l’air absolument paradisiaque sur ces îlots perdus, où il n’y a pas d’humains mais quand même leurs traces… Ca se mange les oursins crayons?
    Bises et bon vent

    1. As-tu essayé d’avaler un Caran d’Ache? Je pense que l’oursin-crayon c’est pire… Mais je n’ai pas essayé.
      Bises.

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