Petite république faisant partie du Commonwealth britannique, les Samoa sont formées de deux îles principales : Savai’i et Upolu (quarante milles sur douze environ, et environ deux cent mille habitants), sur laquelle se trouve Apia, la capitale.
C’est bien planquée au fond du port que nous avons déniché la petite marina récente qui nous accueillera : trois voiliers, et tous les trois des Français. On en déduit quoi ? Il y a tout de même un peu d’animation : les Samoa sont réputées pour la pêche au gros, et des Néo-zélandais sont ici pour quelques jours pour en profiter.

C’est dans cette marina que se font les formalités d’entrée, par le fonctionnaire des douanes en jupe noire, et celui de l’agriculture en jupe verte, toujours avec le sourire et le souci d’avoir été agréable au visiteur.
Sur le ponton voisin, un Kirk de 1972, Néfertiti : c’est celui d’Émilie et Frédéric, qui viennent de passer six mois ici, attendant la bonne saison pour repartir. Ils arrivent de Nouméa, et se dirigent vers Tahiti, avant de continuer, toujours à l’est pour eux, et donc contre les vents dominants. La soirée à bord de Kousk Eol passera à échanger des tuyaux sur les bonnes escales, et à déguster un curry de thon jaune, celui que Maurice nous a sorti juste avant l’entrée dans le port. Nous en profitons pour préparer notre séjour en Nouvelle-Calédonie avec eux.
Le centre-ville n’est pas loin de la marina : nous y allons à pied. Comme à Pago Pago, le centre est un peu diffus, à part quelques bâtiments comme des banques, un hôtel, le building du gouvernement…



Les Samoans dans leur grande sagesse ont décidé en 2009 de passer de la conduite à droite à la conduite à gauche. La raison ? Pas pour bien se faire voir du reste du Commonwealth, mais plutôt pour avoir des voitures moins chères, importées directement du Japon (qui roule aussi à gauche) plutôt que de transiter par la Nouvelle-Zélande lorsqu ‘elles sont modifiées pour rouler à droite, la taille du marché local ne permettant pas l’importation directe aux Samoa de tels véhicules, économiquement parlant. Du coup, toutes les voitures ici ont les indications en Japonais.
Paresse extrême conjuguée avec un petit coup de fatigue ? Nous mangeons au MacDo du coin… Ne nous jetez pas la pierre : aucun resto dans le quartier ne nous tentait. Promis : on ne le refera plus !

Après un succulent festin, nous décidons d’aller voir où Robert Louis Stevenson avait choisi de passer les dernières années de sa courte vie (quarante-quatre ans). Nous attaquons la côte vaillamment à pied, pour rapidement héler un taxi : le musée Stevenson est finalement beaucoup plus loin que prévu, et il fait chaud. Caramba : le musée est fermé, et la maison de l’écrivain voyageur ne se visite pas aujourd’hui.



Tant pis. Qu’à cela ne tienne, nous irons nous recueillir sur sa tombe, à trois quarts d’heure de marche d’un chemin qui grimpe bien.

La sobre tombe offre un magnifique point de vue sur l’océan.


Au retour, pause au Home Cafe, tenu par deux charmants rérés, avant de rejoindre Kousk Eol. Une Samoane nous recommande de louer une voiture plutôt que de prendre un taxi pour visiter l’île demain dimanche. Elle s’occupe de tout et nous nous retrouvons avec une voiture livrée au bateau, et une recommandation d’itinéraire qui semble prometteuse, pour moitié moins cher que le taxi…
22 mai, 8h45 : un SMS de Nu, notre loueuse, nous suggère d’annuler la réservation pour la voiture au vu de la situation météo. Il a beaucoup plu cette nuit, et le temps ne s’est pas améliorée avec le jour. On tergiverse, pour finalement décider d’y aller tout de même. Nous partons vers le sud de l’île par une belle route qui traverse depuis Apia. La campagne samoane est bien verte, et on comprend pourquoi. Au contraire des autres îles visitées jusqu’ici, nous voyons de petites exploitations, avec vaches, cochons… Le relief est un peu moins abrupt, mais offre de beaux points de vue, comme la cascade Papapapai-Uta.


La côte sud, que nous suivons vers l’est, est habitée pratiquement tout le long. Chaque maison semble avoir sa « halle » ouverte pour les réunions avec la famille ou les proches, voire pour faire une sieste au frais. Comme à Tutuila, beaucoup d’habitations ont la tombe de leurs proches sur le devant, plus ou moins monumentale.


Et évidemment, ici aussi, il y a pléthore d églises…

À midi, nous nous arrêtons à la pointe sud-est de l’île pour déjeuner, vers le cap Tapaga : ce sera un repas samoan, avec porc, poulpe, poisson cru, taro (arbre à pain).


Le restaurant est au bord d’une magnifique plage, Saleapaga.

Au loin, on aperçoit Tutuila, île du jour d’avant comme dirait Umberto (notre île d’hier à nous) : c’est déroutant de se dire qu’à Pago Pago, à une cinquantaine de milles, ils sont un jour avant nous, alors qu’ils sont à portée de vue… Mais que fait Einstein ?

Au retour, nous allons voir une curiosité géologique, To Sua Trench : un ancien puits de cratère rempli d’eau, et communiquant avec la mer. La forme ressemble aux cénotes du Yucatan, mais l’origine est très différente.



Au retour sur Kousk Eol, nous nous faisons inviter sur Scolopax1, l’autre voilier français, un beau Dufour 500 qui est parti de France lui aussi, et qui visiblement s’accommode mal de navigations aussi longues. Le monde est petit, comme nous avons eu plusieurs fois l’occasion de le constater : Xavier, le propriétaire, est le pharmacien de Perros Guirec, et donc nous recommençons à évoquer des souvenirs communs. Où achetez vous votre kouign-amann ? Vous connaissez le poissonnier au rond point de Trégastel ? Et Ker Manuelle ? Etc.

23 mai : aujourd’hui nous faisons les formalités de sortie pour aller vers Wallis, à environ deux jours de navigation.
1– Non, ce n’est pas un médicament, mais le nom savant d’une bécasse qu’on trouve en Bretagne.