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Les Îles de la Société – Take 1

Bon d’accord, ça fait un petit bail qu’on n’avait rien publié sur le blog. On a du, sans s’en rendre compte complètement, s’être laissé contaminer par la langueur ambiante… Mais avouez que ça soulage un peu les neurones, non?

Eh bien ça y est, nous sommes arrivés à Tahiti. Iaorana!

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Kousk Eol dans la marina de Papeete

Et comme prévu, MarieJo, Raph et Laura nous rejoignent le 28 juin: avec le DD, il faut maintenant assurer pour leur en mettre plein la vue…

Une espèce de tornade secoue Kousk Eol de la torpeur et la facilité dans laquelle les deux frangins se vautraient depuis quelque temps. Il est grand temps de recommencer à châtier un peu notre vocabulaire, à intérioriser nos flatulences, etc.

Le cabinet de toilette servant de pièce humide retrouve dare-dare sa fonction première et les étagères se garnissent de crèmes en tous genres, le frigo se remplit, tout un assortiment de légumes et fruits frais est rangé, les instruments de cuisine reprennent du service, les produits dont la date de péremption est (largement!) dépassée sont mis à la poubelle (à part les deux frangins, c’est surprenant).

Même les collections de Femmes Actuelles, Glamour, Paris Match, Gala, etc sont réactualisées.

Du coup, on a un peu de mal à suivre…

Pas de doute: y a des filles qui se sont installées à bord!

L’objectif est simple: il faut que Raph et Laura rentrent en métropole avec les yeux qui brillent, et accessoirement un peu plus de couleur que le fond de teint légèrement blafard semblant caractériser la gent parisienne. Ce dernier point ne devant a priori pas poser de difficultés insurmontables.

Au programme: mouillages idylliques dans les lagons magiques, masque et tuba au milieu des coraux et des poissons multicolores, gastronomie locale, etc.

Tout commence par un petit tour de Tahiti et Papeete…

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Le marché de Papeete

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Un va’a, le sport national

Et le 30 juin, nous démarrons par Moorea, à quelques heures de Papeete: premier mouillage dans la baie de Cook, un autre voileux. Célèbre, lui. Le mouillage a des airs de Marquises: même sommets abruptes et pitons volcaniques, même végétation luxuriante. Sauf que là, il y a une barrière de corail, et donc un lagon et une passe.

Le vent en fortes rafales nous obligera à remouiller deux fois, l’ancre dérapant malgré les 50m de chaîne dans une douzaine de mètres de fond…

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Entrée dans la baie de Cook

Le lendemain, nous nous déplaçons à l’entrée de la baie voisine d’Opunohu: la proximité du récif devrait être plus propice à l’observation de la faune marine. Effectivement, tortues et raies nous accueillent…

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Le skipper Raph

Malheureusement, le temps n’est pas vraiment avec nous: ciel bouché, pluie régulière et bourrasques. Ce mauvais temps durera pratiquement trois jours: pas vraiment les conditions vantées par les dépliants touristiques!

2 juillet: nous traversons sur Raiatea, soit un peu moins d’une centaine de milles que nous ferons de nuit. Un peu de houle rappelle à nos hôtes qu’un voilier, ça peut secouer…

Au matin, sous la pluie, nous entrons par la passe Rautoanui à l’ouest et prenons un premier mouillage au nord-ouest de l’île: pas un choix excellent vu le temps. Personne ne se bouscule pour se mettre à l’eau: on prendra donc l’annexe pour faire un tour à terre. Bof… Rien à part la route qui suit la côte.

Qu’à cela ne tienne: le lendemain, nous allons prendre une bouée devant Uturoa, la capitale au nord-est. Nous mettrons bien vingt minutes à visiter le village, mais un petit supermarché permet de refaire quelques courses, et un resto au bord du lagon agrémentera l’ordinaire (Attention: l’ordinaire à bord de Kousk Eol n’a jamais été aussi relevé que ces jours-ci, nos trois visiteurs semblant engagés dans une sorte de concours à celui qui concoctera le meilleur repas! Ce n’est pas nous qui nous plaindrons!).

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Oh la belle fleur!

4 juillet: le temps s’améliore petit à petit. Nous quittons Uturoa pour aller mouiller au nord-ouest de Tahaa, l’île qui partage le lagon avec Raiatea.

Après une petite heure de moteur, l’ancre est gentiment déposée par 10m de fond, devant un superbe motu. Et les promesses commencent à être tenues: le récif est magnifique, et les poissons au rendez-vous. Le contrat commence enfin à être respecté… Le paradis, ça se mérite.

Juste en face, une petite baie, où nous irons pour la nuit suivante: des bruits de musique nous intriguent. Spectacle de danse tahitienne, en préparation des fêtes du 1 juillet: à part un autre équipage, nous sommes les seuls touristes pour apprécier la grâce des danseuses et danseurs. Déhanchements ensorcelants pour les vahinés, va et vient de genoux pour les tanés sont les figures imposées.

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6 juillet. Bon, c’est pas tout, mais on a un timing à respecter! 7h du matin, café et thé avalés, nous hissons les voiles pour Bora Bora, à environ 25 milles. Ce devrait être le clou du séjour pour nos visiteurs, si l’on en croit les différents guides…

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Pendant que Laura barre…

Et à 11h30, nous franchissons la passe de Bora Bora: la baie est à la hauteur, avec son espèce de pain de sucre, comme si Vaitape, la capitale, voulait se la faire genre Rio Rio…

Le seul bémol: il pleut encore… Pas des grains passagers cette fois, non: une bonne pluie de fond s’est installée, avec ciel bouché et horizon incertain.

On ira revoir les spectacles de danse: ça s’active pour les festivités du 14 juillet! Et puis il faut refaire des courses. Et finalement, comme le temps n’inspire pas les candidats à la baignade, nous louerons une voiture pour faire le tour de l’île.

Le 8, la situation météo s’améliore: on en profite pour changer de mouillage et aller vers le nord-est de Bora Bora, vers des motus et la barrière de récifs, dans moins de cinq mètres d’eau.

Ah: ça commence à ressembler aux cartes postales! Récifs colorés, avec l’assortiment de poissons qui va bien, eau montrant sa palette de pastels allant du bleu intense au vert émeraude, motus avec sable blanc et cocotiers.

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Arrivée à Bora Bora
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La fine équipe
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Un des nombreux hôtels, les pieds dans l’eau

Et le lendemain, retour de la pluie… On a dû rater quelque chose quelque part!

Il paraît qu’il y a des raies manta dans le lagon. On a bien trouvé des tortues, mais pas de raies manta…

Donc, on va changer de mouillage pour aller vers le sud de l’île: là c’est sûr, on ne peut pas les rater.

10 juillet: nuit tranquille dans une petite baie au sud de l’île, devant les pavillons sur pilotis du Hilton… Quand je vous disais qu’on fait rien qu’à se la péter…

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Motu sur le lagon
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Et patates dans le lagon…

Mais à 9h, « elles » sont là. Juste le temps de s’équiper, et on va virevolter avec les raies manta. Même le soleil daigne enfin se montrer: Bora Bora commence à ressembler aux cartes postales!

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Une raie manta…
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Ça plane…
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La gueule ouverte…

12 juillet: ça y est, il faut y aller… Fini Bora Bora! L’île mérite tout de même sa réputation, bien que l’on ait eu quelques jours de pluie.

Nous quittons le mouillage de Vaitape pour rejoindre Raiatea, avant le retour sur Papeete: 5 petites heures au près, sur une mer presque plate.

Après une nuit sur ancre devant la marina d’Uturaerae et une dernière baignade dans le lagon de Raiatea, re-départ vers Moorea en fin d’après-midi.

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Encore un motu
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Le marae Taputapuatea
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Tiki dans le marae

Les prévisions météo sont favorables: un vent de NE de 10-15 nds devrait nous pousser au près-bon plein vers Vaiare, « capitale » de Moorea, pour les 90 milles qui nous attendent.

Le début de la traversée est un peu laborieux: vent de 5 à 10 nds dans le nez… Du coup, c’est Volvo qui s’y colle.

Et puis, petit à petit, le vent a dû regarder les gribs lui-aussi, et décide de s’orienter comme il faut: 8,5 nds sous grand-voile et génois. Boris. Et à 9h30 le 14 juillet nous enfilons la passe de Vaiare.

Mais là, déception: le mouillage n’est pas terrible, et loin du village. L’équipage est convoqué sur le pont pour décider de la suite à donner. Comme tout le monde semble d’accord avec le skipper, Papeete sort démocratiquement de l’urne: les décisions sont toujours prises de façon démocratique à bord de Kousk Eol. C’est seulement lorsqu’il y a un risque d’embryon de divergence de vue avec le skipper que ce dernier décide en faisant l’économie du tour de vote.

10 milles de traversée pour aller voir le feu d’artifice à la capitale polynésienne: c’est parti après un excellent déjeuner de pâtes et sardines préparé par Raph. J’ai cru comprendre qu’il était question de se faire un resto ce soir…

14 juillet en fin d’après-midi, nous voici amarrés dans la très belle et très nouvelle marina de Papeete, sans électricité ni eau ce soir. Et sans parking ni pompe à gas-oil à proximité… Mais dans le centre-ville. Donc resto ce soir, mais pas de feu d’artifice: il n’y a pas de feu d’artifice pour le 14 juillet ici.

Dans la marina, nous retrouvons plusieurs connaissances: French Curve, Full Circle, Tinkerbel, et même les deux fiancés Sophie et Benjamin sur Ouma.

Et le 17, Raph et Laura nous quittent pour la métropole…

Cliquez ici si vous voulez refaire virtuellement le parcours avec Laura et Raph dans les îles de la Société.

Nos prochains visiteurs seront Cathy et Mat, le 19 juillet.

Navigation dans les Tuamotu

Nous sommes loin d’être les experts des atolls des Tuamotu, mais comme nous allions leur rendre visite, et qu’on entendait toutes sortes d’histoires sur la difficulté d’emprunter les passes permettant d’entrer dans les lagons, il a bien fallu se documenter… Et tester!

Généralités

Petit rappel géographique: l’archipel des Tuamotu fait partie de la Polynésie Française, s’étend sur environ 1800 km par 600 km, et comprend 77 atolls, entre 14° et 24° Sud, à l’Est de Tahiti. C’est la plus grosse concentration d’atolls au monde.

Les atolls sont formés par la barrière de corail qui s’est développé autour d’îles volcaniques, qui elles se sont progressivement enfoncées, ne laissant alors plus que la barrière et une mer intérieure, le lagon, plus ou moins étendue. L’atoll le plus grand, Rangiroa, mesure 80 km sur 32 km (plus grand que le lagon du Léman), et plus de 2000 personnes y habitent. Quatre ou cinq atolls sont habités en permanence, d’autres seulement au moment du ramassage du coprah. La plupart sont déserts.

Les Îles de la Société (dont Tahiti) et les Îles Gambier sont toutes des atolls avec l’île centrale toujours émergée. Au contraire, aucune des Marquises, plus récentes, n’a développé d’atoll.

Les atolls des Tuamotu, comme beaucoup d’autres atolls, ne dépassent pas beaucoup au-dessus du niveau de la mer. Quelques mètres très souvent, ce qui fait qu’on ne les voit qu’au dernier moment en arrivant du large: les Tuamotu étaient d’ailleurs connues comme les Îles Dangereuses avant l’arrivée du GPS. Et de nombreux bateaux en ont fait l’amère expérience en allant se briser sur la côte.

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L’extérieur de la barrière

La partie de la barrière de corail donnant sur le large plonge vers le fond, très rapidement à plus de mille mètres, vers le plateau supportant l’archipel. Ce sont les fameux « tombants ». C’est là que se développe le nouveau corail qui forme l’atoll. De ce fait, il est en général impossible de trouver un mouillage à l’extérieur de l’atoll: la côte descend trop vite, et est très exposée.

L’intérieur forme le lagon, une mer peu profonde (quelques dizaines de mètres). La formation de coraux se limite à quelques bancs et pinacles ou « patates » qui parsèment les fonds, et affleurent parfois la surface.

L’accès au lagon se fait par des passes, plus ou moins larges et profondes. A cause du courant dans celles-ci, les coraux ne s’y développent pas.

La partie émergée de l’atoll n’est pas continue, mais formée d’îlots, les motus, où poussent les cocotiers et quelques autres rares plantes.

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Motu

Les cocotiers ont été introduits par les premiers missionnaires, au 19e siècle.

On ne vous refait pas le coup des motus qui laissent bouche cousue? Non.
Entre les motus, en plus des passes, de nombreux canaux, les hoas, irriguent l’atoll.

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Hoa

Même si le marnage est faible (moins d’un mètre), la surface que représentent ces mers intérieures est telle que les volumes d’eau en mouvement provoquent un courant dans ces passes qui peut être redoutable: huit ou dix nœuds ne sont pas rares! A mi-marée, certaines passes rendraient jaloux les rapides de nos rivières de montagne!

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Un autre hoa

Phénomène intéressant, il n’y a pas symétrie entre marée descendante et marée montante dans les atolls: le courant de jusant est en général beaucoup plus violent que le courant de flot. On peut constater des différences du simple au double, voire au quadruple (par exemple 3-4 nœuds entrant pour 10-12 nœuds sortant). En effet, sous l’effet du vent, l’eau est continuellement poussée vers l’intérieur du lagon, via les hoas, créant le phénomène d’ « ensachage » (« Bagging » en anglais), et s’ajoute au courant de marée descendante dans les passes.

Selon l’orientation des passes, un mascaret peut se former, ainsi que des vagues très dures dès que le courant s’oppose au vent ou à la houle, rendant les passes dangereuses aux bateaux.

Navigation dans les passes

Donc, on est bien d’accord, les passes ne s’empruntent pas n’importe quand, ni n’importe comment…

Pour limiter l’effet des courants, il faut se présenter devant la passe au moment de l’étale, qui est plus ou moins courte selon la configuration de l’atoll, et bénéficier une marée montante pour entrer, descendante pour sortir. Évidemment.

Les marées sont de type semi-diurne: deux cycles par jour, se décalant d’environ 45 minutes d’un jour sur l’autre.
Et rappelez-vous que plus le lagon est étendu et la passe étroite, et plus le courant sera fort! Et toujours plus fort en sortant qu’en entrant.

A bord de Kousk Eol, nous avons trois sources d’information pour les marées:

– les cartes Navionics sur une tablette, qui comprennent une table intégrée;
– le logiciel (gratuit) « Marées dans le monde »;
– une table téléchargeable gratuitement depuis le site du NOAA (le même qui fournit les GRIBs), au format PDF.

Ensuite, il faut observer… Puis y aller, et faire confiance à son moteur!

Il n’y a en général pas d’obstacles dans les passes: le courant est trop fort pour que le corail puisse se développer. Les passes sont généralement bien cartographiées, avec les dangers fixes bien indiqués. Dans les atolls habités, les passes sont même balisées.

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La passe de Tahanea

La principale difficulté pour la navigation sera de se présenter au bon moment.
Pour sortir du lagon, c’est en général simple: on attend au mouillage le moment propice.
Pour entrer, il aura fallu calculer son heure d’arrivée en fonction de sa navigation, quitte à ralentir pour se présenter dans les meilleures conditions.

Il faudra se rappeler que le courant contre le vent, et la houle qui en résulte, peut lever de redoutables vagues. C’est souvent le cas à marée descendante, dans les passes orientées selon les vents dominants (par exemple au sud ou sud-est pendant la période des alizés), où une barrière infranchissable peut se former à l’entée de la passe.

Et comme toujours, il faudra savoir renoncer et éventuellement choisir un autre objectif si ces conditions paraissent trop risquées.

Navigation dans les lagons

Une fois la passe franchie, et le lagon atteint, la houle a disparu: le mouillage n’est plus très loin!
Pourtant, ce n’est pas encore le moment de relâcher l’attention…

Les lagons ne sont pas très profonds en général, et on navigue souvent dans 15 à 25 mètres, avec un fond de sable… Et les fameuses patates, ces pinacles de corail. Les cayes, aux Antilles.

L’eau des lagons est très pure: les fonds se voient donc très bien. Et les couleurs semblent irréelles, du vert clair -quand le fond n’est pas loin- au bleu intense -quand il y a plus de profondeur-: toutes les nuances sont disponibles. Pourvu qu’il y ait du soleil, et qu’il ne soit pas de face. Conditions importantes pour éviter ces patates, plus ou moins hautes, et indétectables au sondeur classique, car isolées et verticales.
Rien de tel que de bons yeux, et éventuellement des lunettes polarisantes. Et que leur propriétaire se trouve à l’avant, comme vigie! On apprend vite à identifier les différences de couleur. Bleu intense: il y a de l’eau sous la quille. Bleu plus pâle, allant sur le vert: les fonds remontent. Quand ça vire au marron-jaune, danger! Le corail n’est plus loin de la surface…

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Un récif affleurant, dans le chenal

La recommandation de base est de ne naviguer à l’intérieur des lagons qu’entre 9h et 15h par jour de soleil. Une règle (ou une loi?) veut qu’il soit interdit de naviguer de nuit, même dans les zones bien cartographiées ou balisées. Les cartes préviennent: les sondes indiquées ne sont pas des garanties à 100%, et toutes les patates ne sont pas indiquées.

Autre danger: les fermes à huître perlière: il y en a un peu partout, même dans certains chenaux intérieurs. Elles ne sont pas toutes répertoriées, et pas toujours bien visibles… En général, on ne voit que quelques bouées sphériques noires ou rouges, au ras de l’eau.
Parce que, la spécialité des Tuamotu, c’est la perle noire. Et c’est bien parce que c’est vous, on n’en parlera pas à vos femmes/maîtresses/amies/cousines bretonnes/secrétaires/…

Mouillage dans les lagons

Les fonds de sable garantissent une bonne accroche de l’ancre. Le risque principal est d’enrouler sa chaîne autour des petites patates inévitables qui tapissent souvent le fond, en cas de saute de vent. Un orin sur l’ancre peut aider, mais n’est pas forcément toujours suffisant. Heureusement, l’eau est chaude pour plonger! En général, on s’en sort sans se mouiller en suivant au moteur, doucement, le trajet de la chaîne et en la remontant au fur et à mesure.

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Mouillage avec ses patates

Nous avons même vu des bateaux s’amarrer sur une patate en enroulant une aussière autour.

Évidemment, il faut penser à l’évitage et s’assurer qu’il n’y a pas un récif ou des patates affleurant dans le rayon de la chaîne!

Selon la taille du lagon et la direction du vent, le fetch peut être suffisant pour former des vagues plus ou moins dures: il faudra tenir compte de la météo pour trouver un mouillage abrité, par exemple sous le vent d’un motu.

Donc pour résumer: naviguer dans les atolls est un immense plaisir. Quelques règles finalement simples à suivre, et quel bonheur!
Sinon, ce serait trop facile: il paraîtrait que le paradis, ça se mérite. Encore un truc de judéo-chrétien…

Traversée Fakarava-Tahiti

Donc, le 23 juin, nous quittons finalement l’atoll de Fakarava qui nous aura enchanté. Nous serions bien restés encore un peu plus…
Mais il faut songer à ne pas être trop loin lorsque l’avion de MarieJo, Raph et Laura se posera, le 28 vers 5h du matin à Papeete…

Après une tentative de départ un peu ratée pour cause de mauvais temps, le 23 les conditions sont largement plus clémentes. Nous sortons par la passe Tumakohua, au sud, au moment de l’étale à marée basse: pas une vague, et même la houle se tient tranquille.

La traversée n’est pas trop longue: 250 milles. Mais nous ne bénéficions plus du régime des alizés: le vent vient même de l’ouest, dans le nez, et est très variable. Du coup, nous jonglons entre voile et moteur… Heureusement, la mer est calme: une longue houle, enfin, de deux mètres nous berce au rythme des îles.

Et le 25 dans la nuit nous voyons les lumières de Tahiti: pas la traversée la plus rapide que nous ayons à notre actif, mais très tranquille. Ça nous va très bien: les frangins qu’on pensait costauds nous ont un petit coup de calamine… Jambe infectée et fièvre pour l’un et gros maux de tête pour l’autre. Pas exactement ce que l’on pourrait qualifier d’équipage vaillant!

Nous recevons un SMS de Cathy: Laurent Bourgnon est porté disparu après une plongée dans l’atoll Toau, juste au Nord de Fakarava. Quelques jours avant, il était venu mouiller avec son bateau à côté de nous…

Vers 10h nous franchissons la passe de Papeete, large et bien balisée. Nous laissons le port de commerce au Nord, pour descendre vers l’aéroport: environ 5 milles de chenal entre la piste et les coraux affleurants, et à midi nous sommes à poste au quai dans la marina Taina. Il y a bien longtemps que ça ne nous était pas arrivé de pouvoir descendre du bateau sans utiliser l’annexe, d’avoir la possibilité de prendre une vraie douche!

Et la marina Taina est juste à côté de Carrefour: nous allons vite retrouver nos repères!