Vers les Fidji.

Vendredi 3 juin, sept heures. Le petit pétrolier Sara Theresa, qui vient de Singapour livrer du carburant sur l’île, arrive juste au ponton de Leava.

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Le Sarah Theresa entrain de décharger.

Le vent est calme dans l’anse, mais devrait montrer ses muscles dehors : nous hissons donc la grand-voile avec deux ris avant de lever l’ancre pour partir. Effectivement, à peine sortis, l’alizé souffle ses vingt à vingt-cinq nœuds tranquillement. Et cette fois, nous ne ferons pas du largue : la route vers Savusavu, environ deux cent cinquante milles, nous oblige à un bon plein musclé dans une mer un peu agitée. Nous ressortons donc notre trinquette qui n’avait pas servi depuis longtemps. Et nous reprenons nos marques sur un Kousk Eol gîté, dont le pont est régulièrement balayé par une vague.

AuPres
Il y avait un moment qu’on n’avait plus connu ça…

Le photon est exubérant et le zéphyr a dépassé le stade du soupir : éolienne et panneaux chargent les batteries comme si ni le pilote, ni le frigo et ni les PC n’étaient branchés… On ne va pas se priver ! Toute cette journée, le vent soufflera sur une mer qui se calmera un peu : la moyenne sera bonne. A la tombée de la nuit, nous remplaçons même la trinquette par deux tiers de génois pour garder le rythme au-dessus de sept nœuds.

Seul bémol, les vagues nous obligent à fermer les capots : le carré devient vite étouffant…

leverSoleil
Dernier quart du matin…

Samedi 4. Dans la nuit, nous abattons progressivement pour nous diriger vers Savusavu, port d’entrée aux Fidji, en contournant les premières îles, que nous apercevrons au petit matin, nombreuses. Encore environ quatre-vingts milles avant le port : c’est sûr, nous arriverons de nuit.

Pour l’instant, le vent se maintient et nous filons toujours autour de huit nœuds, cette fois au petit largue, donc sur un Kousk Eol qui du coup perd un peu son air penché.

Le vent est maintenant descendu à une quinzaine de nœuds : au portant, notre vitesse chute. On devrait peut-être envisager le spi ?

Trinquette
Le vent mollit un peu.
PetiteDarne
On ne mange pas que des conserves à bord!

Carrément à l’ouest : vous y croyez, vous ?

12h45 : ça y est, nous franchissons la longitude 180°. Et nous passons brutalement de 179°59’W à 179°59’E… À partir de maintenant, nous sommes passés dans la moitié Est du globe selon les cartographes, mais toujours dans le Sud : le tout est de ne pas perdre le Nord, et éviter d’être à l’Ouest.

Et puisqu’on parle de ça, c’était à mi-chemin entre les Samoa et Wallis que nous avons effectué la moitié du tour du monde en longitude, de 6°E à Toulon à 174°W. En vingt-deux mille deux cents milles, selon notre GPS. Pas la route la plus directe…

D’après les chantiers navals, la moyenne annuelle des plaisanciers en France est de moins de cinquante milles : on vient d’en prendre pour plus de quatre cents ans !

Finalement, l’alizé se maintenant autour de vingt nœuds, c’est le génois tangoné qui fera office de spi, plein vent arrière vers Savusavu, à environ huit nœuds sur une mer à peu près tranquille. Ça va être chaud pour arriver de jour !

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Vent arrière vers les Fidji.

Vous vous en doutiez ? Nous arrivons à la pointe Lesiaceva qui marque le sud de l’entrée de la baie de Savusavu, sur l’île Vanua Levu, à dix-huit heures, et environ une heure plus tard dans le petit estuaire qui sert de port, par nuit noire, sans lune : le jour descend vite sous les tropiques, et ici la nuit ne s’embarrasse pas de longs couchers de soleil comme en Bretagne… Elle tombe. Point. Pas de chichi.

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Coucher de soleil sur Vanua Levu.

Si nous n’avions pas perdu une heure à regarder le pétrolier livrer sa cargaison à Leava hier matin, nous serions arrivés de jour… C’est comme ça.

Petite pêche à la bouée d’amarrage à la lampe torche, et nous sommes finalement dans un mouillage tranquille, entouré d’une vingtaine de voiliers : nous n’avions pas connu telle affluence depuis longtemps.

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Le mouillage tel que nous le découvrons au petit matin.
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Et la marina Coprah Shed.

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