Jeudi 30 juin 2016. Donc, comme nous vous le disions, le départ est donné à quatorze heures, de concert avec le catamaran Thétis avec à son bord Sylvain, Ianis, Anaïs et Clémence. La traversée est d’environ deux cent vingt milles vers le sud-ouest, au près avec un alizé entre quinze et vingt nœuds, et des vagues autour de trois mètres. Ça penche et ça mouille !
Dans la nuit, nous apercevons le volcan Yasur au loin, plus ou moins visible, au gré des explosions.
Kousk Eol est avantagé par rapport à Thétis dans ce genre de navigation : le près n’est pas l ‘allure de prédilection des catamarans de croisière. Nous nous retrouvons sans surprise devant.
Vendredi 1er juillet. Nous suivons Thétis grâce à l’AIS, mais au petit matin l’écart est trop grand pour recevoir leur position. Même la VHF reste silencieuse : on se retrouvera probablement dans le lagon sud de Nouméa, ou au port…
En attendant, Kousk Eol marche bien, entre six et sept nœuds, avec un ris dans la grand-voile et la trinquette.
Stupide erreur de débutants : le capot du carré n’était pas bloqué en position fermée, et une grosse vague en profite pour inonder l’intérieur, ratant de peu les ordinateurs du bord… Il faudra être un peu plus vigilant dans les vérifications la prochaine fois !
Tranquillement, nous traversons la fosse des Nouvelles-Hébrides : plus de sept mille mètres sous la quille. Cette fois, on ne devrait pas talonner sur le fond…
Vers treize heures, appel de Thétis : l’écart s’est un peu comblé et la VHF arrive à franchir la distance. Le problème était que par défaut, certains canaux utilisés pour les communications de bateau à bateau émettent en faible puissance (un watt, au lieu de vingt-cinq watts par exemple pour le canal 16) : en appuyant sur le bon bouton, nous avons pu échanger les derniers ragots qui traînent sur l’écume des flots.
Nous laissons l’île Tiga à notre tribord, et nous approchons du passage entre l’îlot Dudune et l’île Mare, du groupe des Îles Loyauté. Il nous restera alors environ soixante-dix milles ensuite pour nous présenter devant la passe Havannah qui donne accès au lagon du sud de la Nouvelle-Calédonie. Et le vent ne faiblit pas : nous devrions y être demain matin. Peut-être même avant : le vent forcit un peu et nous passons à huit nœuds… Et ça tient.
Samedi 2 juillet. A trois heures et demie par une nuit sans lune, nous sommes devant la passe Havannah, en fin de marée montante : elle est franchie à douze nœuds avec le courant qui pousse. Nous sommes secoués par quelques belles vagues : la passe peut être très délicate quand le vent s’oppose au courant.
Puis vers six heures, le vent tombe et nous devons mettre le moteur. Dix minutes après, dans le canal Woodin, un groupe de quatre à cinq baleines passe peinardement à une cinquantaine de mètres. Le lagon du sud de Nouvelle-Calédonie est immense : il y a plus de quarante milles de la passe à Nouméa. Et il est très ouvert et riche en faune variée.
10h : nous arrivons devant Nouméa.

Plein de bateaux au mouillage ou sous voile : tout cela donne l’impression d’un centre nautique très actif, très différent de Papeete. Les marinas semblent pleines. Mais Port Moselle, où nous devons arriver pour les formalités nous rassure : nous aurons une place.

Et effectivement, nous nous retrouvons au ponton, en plein centre-ville en fin de matinée. Thétis nous rejoindra en début d’après-midi.
Nous avons prévu de passer cinq à six semaines ici, dont une grande partie avec MarieJo et Cathy. Le programme avant leur arrivée dans cinq jours va être de rendre le bateau vivable selon des normes que nous avons tendance à largement ignorer lorsque nous naviguons à deux…