Vendredi 15 novembre 2019. Si vous avez bien suivi, vous savez que nous sommes venus nous mettre à l’abri dans le port du Club de Mar d’Almeria il y a deux jours. Bonne décision : le vent est monté à plus de 50 nœuds, nous obligeant à doubler nos amarres. Mais c’était mieux au ponton qu’en mer…

La dernière météo indique une bonne fenêtre pour tenter d’aller au moins jusqu’à Malaga, voire Marbella, à moins de 40 milles de Gibraltar. Le départ est prévu vers 17 heures 30.
Les deux jours ont été bien occupés avec les réparations qu’il y a toujours à faire sur un voilier qui navigue :
- Colmatage des fuites du capot de pont avant : François supportait de moins en moins d’être réveillé arrosé chaque fois qu’une vague passait par-dessus le pont. Et il y en a eu quelques-unes.
- Changement de la drisse de grand voile.
- Remplacement de la bosse d’écoute de ris no 2.
- Reprise des renvois de bosses d’écoute des ris de grand voile.
- Élaboration d’une tarte tatin et des cuisses de canard confites dans le but de faire avaler au captain qu’une année de plus, ce n’était finalement pas la mer à boire.


La fin d’une idylle. Mais l’évènement le plus marquant de cette courte escale a été la fin d’une idylle qui paraissait prometteuse. François et Yan, qui partageaient la même cabine, et surtout la même couchette, depuis Barcelone, décident d’un commun accord que coucher l’un sur l’autre à chaque virement de bord, quand le bateau gîte, n’était vraiment pas propice au repos réparateur nécessaire entre deux quarts. Et qu’il était temps de faire couchette à part…
Le temps que le vent tombe, et une toile anti-roulis était installée pour garantir l’espace de repos individuel souhaité.

Et on arrive aux fatidiques 17 heures 30 sans avoir eu le temps de visiter Almeria… On tâchera de se venger sur Gibraltar. En attendant, il est temps d’y aller.
Et on y va. Au moteur bien sûr ! Et ça durera jusqu’à 4 heures 30. La suite de la journée se résumera à un enchaînement de rouler-dérouler du génois, puis passage à la trinquette, pour remettre peu de temps après le génois, le rouler puis le dérouler pour le rouler une fois encore avant de repasser à la trinquette…
Samedi 16, 14 h 30. La proximité de la côte permet de prendre la dernière mouture des GRIBs. On pourrait continuer sur Gibraltar et arriver le lendemain matin après s’être probablement fait copieusement brassés. Ou on pourrait aussi faire une pause à Benalmadena jusqu’à la prochaine fenêtre. C’est l’option votée : encore une quinzaine de milles avant d’espérer être un peu au calme.
Au fait : la toile anti-roulis, vous vous rappelez ? Elle a tenu un virement de bord, puis a lâché… On reverra ça à la prochaine escale.
En attendant, les quinze derniers milles se méritent : pas de vent, trop de vent, pas la bonne direction, et on reboucle. Commentaire le lendemain matin d’un autre voilier faisant la même route que nous : « Méditerranée, mer de merde ! Ou il y a trop de vent et on casse le bateau, ou il n’y en a pas et on fait des heures de moteur ! C’est la dernière fois que je viens ici ! ».
Vers 17 heures 30, nous arrivons devant la capitainerie de la marina de Benlmadena, où nous en profitons pour refaire le plein de gasoil. Nos nouveaux copains suisses d’Almeria, sur Kawaine, nous ont suivi. Eux aussi font la route vers les Antilles via les Canaries. Nous devrions nous revoir demain. Nous passerons une excellente nuit, au calme, et repus d’un bœuf bourguignon dont je vous passe les détails ; sachez seulement qu’il a été, encore une fois, concocté par notre cuistot en chef Yan.
Dimanche 17. Petit déjeuner en terrasse avec le pain frais qu’a réussi à dénicher Hervé : beau temps, température agréable. Les fameux GRIBs du jour montrent une belle fenêtre pour lundi : nous partirons donc demain matin à l’aurore pour arriver à Guibraltar, à soixante milles, de jour.,.
Aujourd’hui sera une autre journée de réparation, en commençant par renforcer la toile anti-roulis.