Phoques et otaries

Dans sa poursuite inlassable de l’élévation culturo-scientifique de la masse en quête de savoir, le blog de Kousk Eol vous offre ici un autre article de référence, à la demande expresse de l’un de nos très fidèles lecteurs (Coucou, Yan!), assoiffé comme vous de connaissances essentielles pour la vie courante.

A savoir: comment reconnaître un phoque d’une otarie?

Une question qu’elle est primordiale, tellement qu’on a du mal à croire qu’elle n’ait pas été posée plus tôt…

Mais revenons à nos moutons marins, le phoque et l’otarie. Tous les deux sont des mammifères, au même titre que les dauphins et les baleines, mais aussi comme la vache: d’où piège possible! Que cet article va tenter de vous aider à éviter.

La lectrice assidue de ce blog (Ah avouez, ça vous grattouille les glandes, bande de machos, quand on utilise le féminin au lieu du masculin!), grâce au précédent et excellent article sur la baleine, sait déjà différentier infailliblement la baleine à bosse de la vache laitière du Limousin, voire du fou à pattes bleues. Nous ne reviendrons donc pas là-dessus.

Pour faire simple, et aller à l’essentiel, phoques et otaries appartiennent au sous-ordre Pinnipedia1, de l’ordre Carnivora: tout de suite, ça aide à mieux comprendre.

Quand on vous aura dit en plus que les phoques sont de la famille des Phocidae et les otaries de celle des Otariidae, tout deviendra limpide et vous maîtriserez l’essentiel. En tout cas suffisamment pour briller une vingtaine de minutes dans la queue chez le pâtissier un dimanche matin.

Attention toutefois: le morse n’est ni un phoque, ni une otarie, appartenant lui, le bougre, à la famille des Odobenidae, bien évidemment.

Et laissez tomber carrément les dugongs et autres lamantins, qui sont plus proches de l’éléphant d’Afrique que de Pinnipedia (sérieusement).

Au contraire, le lion de mer, lui, est bien une otarie. Les hispanisants préfèrent, eux, dire: « loup de mer ». Ça les regarde.

Un dessin valant mieux qu’un long discours, quelques photos devraient éclairer le sujet.

Tout d’abord les phoques…

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Puis quelques otaries:

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Pour ceux qui éprouveraient toujours des difficultés à suivre, allons ensemble un peu plus dans les détails…

  • Seul le phoque a le privilège de voir son petit utilisé pour colorier d’un beau rouge vif la trop éclatante blancheur des banquises. Et ça tout simplement parce que, voyez-vous ma chèèère, la fourrure du phoque nouveau-né a une douceur incomparable sur ma peau liftée et va si bien avec la petite chôôse à beaucoup de carats que mon mâârîî a déniché dans une échoppe Place Vendôôme…
  • Seule l’otarie a une oreille externe: un phoque dont on apercevrait un pavillon auriculaire serait donc en réalité une otarie déguisée.
  • Un phoque avec deux canines débordant de chaque côté de la gueule est un morse. Ou un éléphant, mais alors dans ce cas, le skipper a fait une grosse erreur de navigation (Pas d’excuses: l’éléphant de mer n’a pas de défenses.)… Il en est de même pour l’otarie présentant les mêmes symptômes.
  • Une otarie avec deux cornes sur la tête est une vache laitière du Limousin. Là aussi, grossière erreur de navigation, ou abus évident de boissons trop chargées éthyliquement parlant. Idem pour le phoque. En effet, la structure sociale chez Pinnipedia interdit d’être cocufié, donc, pas de confusion possible.
  • L’otarie peut soulever son corps pour se déplacer: n’allez pas la taquiner quand elle fait téter son petit! Vous seriez surpris de la vitesse avec laquelle elle vous courserait… Le phoque est beaucoup plus pataud sur terre, traînant misérablement son arrière-train.
  • Les phoques que l’on voit faire les clowns dans les cirques aquatiques sont des otaries. Le phoque a autre chose à faire que de jongler avec une baballe. Et si on vous dit que le métier de dresseur d’otaries est compliqué et difficile, allez admirer les otaries dans leur milieu naturel. Elles n’ont pas attendu l’arrivée d’un dresseur pour faire toutes les pitreries imaginables: bondir hors de l’eau pour se poser sur tout ce qui flotte, jouer avec les bouteilles en plastique que des touristes bien intentionnés ont jeté à la mer, faire la course et des acrobaties sous-marines, etc.
  • L’otarie à qui le dompteur-qui-en-veut-toujours-plus demandera une figure acrobatique trop compliquée ne manquera pas de se gratter l’oreille avec ses pattes arrières. Le phoque, lui, incapable d’une telle prouesse, se contentera de prendre l’air un peu bête.
    Point intéressant: otaries, phoques et chiens ont un ancêtre commun. L’otarie et le chien peuvent se gratter l’oreille. Plus le phoque… Est-ce parce qu’il n’a plus de pavillon d’oreille? Ou n’a-t-il plus de pavillon d’oreille parce qu’il a arrêté de se gratter? En voici une question qu’elle est bonne, et tout à fait sérieuse: il n’y a pas de réponse pour l’instant… Mais les descendants de Darwin sont à fond sur la question (et se grattent tous l’oreille!).

Nous passerons bien entendu sous silence les possibles rapprochements entre phoques et focs: nous ne nous laisserons pas entraîner sur un sujet qui pourrait gravement porter atteinte à la bonne tenue de cet article. Tout marin le sait bien, seul le foc, qui se laisse enfler d’un côté comme de l’autre, est sous-entendu dans l’expression « Marcher à voile et à vapeur ».

Pour conclure, vous l’aurez donc compris: rien de plus simple, grâce à cet éminent article frisant l’exhaustivité, que de ne plus confondre otarie et phoque. Et d’aller briller dans les derniers bistrots à la mode.

Les phoques des photos sont des phoques gris des Sept Îles: après la visite, ne manquez pas le kouign-aman de chez Le Boulch à Trégastel, ou de chez Ty Coz à Perros-Guirec (Pub gratuite).

Les otaries, elles, ont posé dans les décors naturels de la Patagonie, de l’île de Robinson Crusoé ou des Galapagos, plus banalement.

1 On ne reparlera pas ici de la famille Palmae Academiae, sujet déjà couvert lors d’un précédent article.

Les Galapagos: Santa Cruz

Le 20 Avril, notre zarpe en poche, nous quittons Puerto Villamil et Santa Isabela vers 5h du matin pour Puerto Ayora sur Santa Cruz, l’île la plus peuplée en descendants des primates dur rift est-africain.
Une quarantaine de milles à parcourir et nous arrivons dans la Bahia Academia, le mouillage devant Puerto Ayora.
Nous sommes attendus par un représentant de l’Armada qui vient inspecter Kousk Eol afin de vérifier que nous somme bien équipés côté sécurité.

La Bahia Academia est encombrée de bateaux emmenant les touristes, ainsi que par quelques voiliers faisant escale avant la Polynésie. La baie est très ouverte sur le Sud, et donc sur la houle du Pacifique: certaines nuits ne seront pas très confortables… Mais le fond tient bien!

Puerto Ayora est de loin la ville la plus développée de l’archipel: vraies rues, nombreuses boutiques, restaurants tous les 30 mètres, hôtels. La proximité de l’aéroport sur l’île de Baltra au Nord fait qu’il y a du monde dans les rues. Bref, pas la ville que nous avons préférée…

Henry nous rejoint ici: il nous accompagnera pour la traversée vers les Marquises.

Nous irons nous baigner sur une très belle plage, à la Bahia Tortuga, zone de nidification des tortues marines, et des iguanes marins. Température de l’eau idéale: à croire que c’est elle qui s’est ajustée aux désirs des touristes… Mais bon, ce serait peut-être pousser un peu loin les pouvoirs de l’évolutionnisme, non?
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Un centre d’interprétation sur les tortues et iguanes terrestres permet de mieux comprendre la faune particulière des îles, et les efforts faits pour la préserver.

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Cactus

pinson1 pinson3 pinson2Les fameux pinsons…

Certaines espèces ont déjà disparu depuis la présence humaine sur l’archipel. Ainsi, les Américains qui avaient construit une base aéronavale sur Baltra (dont l’aéroport est toujours utilisé), durant la seconde guerre mondiale, ont décimé la population d’iguanes terrestres endémiques de cette île, sans doute pour passer le temps… Les fermiers, eux, se contentaient de massacrer les tortues pour dégager de l’espace pour leurs élevages.
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MarieJo et Cathy repartent vers la France le 24 avril: nous partirons, nous, le 25 vers les Marquises, après avoir fait les dernières courses.
Courses rapides: peu de choix, et prix exorbitants: Santa Cruz dépend presque complètement de l’extérieur pour sa subsistance. Et un des derniers cargos d’approvisionnement a coulé avec toutes ses marchandises, faisant monter les prix!
Dans l’après-midi, accompagnés d’Irene, notre agent à Puerto Ayora (ça sonne bien, non? Comme dans James Bond…), nous allons voir les services de l’Immigration pour faire tamponner nos passeports. Irene nous avait prévenus: la fonctionnaire-préposée est une porte de prison, il faudra bien se tenir! Résultat: nous sommes accueillis par un sourire rayonnant, et raccompagnés une fois les formalités accomplies avec moult souhaits de bon voyage… Ébahie, Irene, qu’elle est… Eh oui, les frangins, avec le renfort d’Henry, y font pas toujours rien qu’à se la péter! Prétentieux? Mais où allez vous chercher tout ça? Et c’est pas la peine de le répéter à MarieJo et Cathy, bien sûr.

Demain 25 avril, on récupère notre linge à la blanchisserie, on prend un peu de pain, et on y va: 3000 milles pour les Marquises, c’est pas la porte à côté!

Avant de partir, les derniers échos gualapaguéños: hir et avant-hier, deux bateaux promenant des touristes ont coulé… Le premier s’est échoué sur des récifs, et le deuxième a tout simplement perdu son arrière, avec les deux moteurs hors-bord! Tout le monde a été récupéré.

Les Galapagos: Santa Isabela

Le 13, nous nous préparons comme prévu pour rejoindre Puerto Villamil sur l’île de Santa Isabela.
Au moment de partir, nous apprenons par notre agent que des algues ont finalement été trouvées sur notre coque, incompatibles avec un séjour dans le parc des Galapagos… Sachant que ces algues se sont développées alors que nous remontions du Sud dans le courant de Humboldt, qui traverse l’archipel…
Il faut sortir des eaux du parc pour caréner, en plein océan, avant de pouvoir rejoindre Santa Isabela. Soit 40 milles dans un sens, puis 40 milles dans l’autre. Et caréner dans la houle n’est pas forcément une partie de plaisir, même si l’eau est bonne!

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Un poisson volant se fait prendre sur notre pont…

Notre opération « nettoyage » finie, nous reprenons notre navigation, sans vent, vers Puerto Villamil, où nous arrivons par une nuit noire, avec des cartes très approximatives: 2 nœuds et au sondeur entre les hauts fonds. On trouve finalement une bouée pour nous amarrer pour le reste de la nuit.

Au matin, nous découvrons une dizaine de voiliers de différents pays, en escale avant de continuer sur les Marquises: nous ne serons pas seuls pendant la traversée! Certains sont arrivés directement ici, malgré l’obligation de passer d’abord par Puerto Baquerizo, ou à la rigueur à Puerto Ayora, sans que cela ne semble poser de problème majeur…

Le mouillage de Puerto Villamil est dans une espèce de lagune entourée par des récifs de lave, et relativement bien protégée. L’amplitude de la marée dépasse les deux mètres: des rochers et bancs de sable découvrent. Les requins pointe-noire, les otaries, les pélicans et les manchots viennent inspecter le bateau, eux aussi: spectacle dont nous ne nous lassons pas. Par contre, pas, ou très peu de taxis nautiques, tous très occupés à transporter les touristes, ceux qui paient vraiment, sur les bateaux de croisière. On gonflera donc notre annexe…

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Pas mal, l’annexe!
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La plateforme non plus…
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Voyons si la coque est propre…

Santa Isabela est de réputation l’île où la faune est la plus riche, avec des paysages volcaniques grandioses. Nous jouerons dons les touristes de base pour nous en mettre un peu plus dans les mirettes: Santa Isabela n’a pas volé son statut!
Le débarquement au ponton des annexes met tout de suite dans l’ambiance: manchots pêchant dans moins d’un mètre d’eau, et surtout, iguanes marins un peu partout sur le chemin d’accès, partageant le territoire avec les otaries.
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Une belle plage de sable de plusieurs kilomètres s’étend à l’ouest de Puero Villamil, barrée par endroit par des restes de coulées de lave noire.
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Nous nous payons une excursion vers Los Tuneles, une zone côtière où la lave a formé une multitude de canaux et de ponts naturels, et où quantité d’animaux marins ont trouvé refuge: tortues marines, requins, manchots, et bien sûr, la vedette, le fou à pattes bleues.

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Les animaux n’ayant rien à craindre de l’homme se laissent approcher en nous ignorant superbement… C’est quand même magique de nager au milieu des tortues, manchots, requins, raies! Ou d’approcher, enfin, les fous à pattes bleues.

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Pour compléter notre aperçu de l’île, nous prenons un taxi et un guide (obligatoire) pour le volcan de la Sierra Negra et le volcan Chico, que nous atteignons après une petite marche de 8 km.

La Sierra Negra offre le spectacle incroyable d’un cratère de 10 km de diamètre, empli de lave noire datant de la dernière éruption, en 2005.

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Le Chico est lui un ensemble de petits cratères que l’on rejoint en traversant d’anciens champs de lave rouge, barrés par une coulée plus récente, noire, laissée par l’éruption de 1979, la plus récente de cet ensemble de volcans.

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Puerto Villamil est un village en construction: rues en terre, maisons à moitié finies… Mais des chantiers à tous les coins de rue: la civilisation s’installe.