Tuamotu: atoll de Tahanea – 6-10 juin 2015

Tahanea est donc le premier atoll que nous visiterons. Il fait environ 50 km sur 20 km. L’atoll n’est plus habité que durant la saison de récolte du coprah.

Pour entrer dans le lagon, trois passes sont indiquées sur la carte. Celle du milieu, la passe de Teavatapu, est la plus large et semble la plus facile: ce sera notre choix! La difficulté principale avec les passes est d’arriver au bon moment. Même si le marnage est faible, de moins d’un mètre, les atolls sont immenses, avec une vraie mer intérieure, et les volumes d’eau en mouvement considérables. Les courants dans les passes s’en ressentent: il n’est pas rare de rencontrer une dizaine de nœuds, surtout au jusant.

Tahanea-OK
L’atoll de Tahanea

Il est donc très important d’entrer ou sortir à l’étale. Et donc d’avoir de bonnes tables de marée.

Nous avons prévu d’arriver à l’étale de pleine mer, vers 6h30 le 6 juin, comme quelques autres voiliers d’ailleurs, que nous retrouvons au moment de franchir la passe. La houle du large est très faible et le vent tombe sous les 10 nœuds: le chenal a l’air débonnaire. Pourtant nous nous heurtons déjà à trois nœuds de courant sortant: la vitesse de Kousk Eol tombe de 5-6 nœuds à 2 nœuds… Mais la passe est vite franchie.

Juste à l’ouest se trouve un joli mouillage, vite atteint, dans une douzaine de mètres, avec un fond de sable et quelques « patates » de corail.

Mouillage
Le mouillage
Lagon2
Re-le mouillage

Nous ne sommes qu’à quelques centaines de mètre de l’océan, barré par une mince bande de gravier et restes de corail sur laquelle poussent des cocotiers. Il y a même une cabane de ramasseurs de coprah, inhabitée pour l’instant.

Panneau
Le panneau du parc….
CCWG4410 (1280x960)
La plage devant le mouillage
CabanneCoprah
Cahute de ramasseur de coprah

Le tour de l’atoll n’est pas une ligne continue de terre: des îlots, ou « motus », se sont créés par endroit sur la barrière de corail. Entre ces îlots, l’eau passe par d’étroits et peu profonds canaux.

Nous faisons le tour de notre motu: face au large, la partie émergée de la côte est formée de coraux fossiles, gris et très découpés, derrière lesquels s’accumulent tout ce que la mer veut bien rejeter. Et cela va des morceaux de corail aux coquillages, mais aussi aux traces de civilisation plus élaborées: plastiques de toutes sortes ne sont pas rares!

Civilisation
Traces de présence humaine…
Mouillage2
Un hoa et le mouillage dans le fond

Des algues rouges ont teinté cette barrière extérieure, qu’on atteint en traversant une ligne de rochers déchiquetés, restes de coraux. Sans doute pour permettre de faire de belles photos:

BarriereExterieure
La barrière donnant sur l’océan

Puis nous arrivons à la passe: le courant est au plus fort et on a l’impression de voir une rivière de montagne!

Enfin, nous revenons par le rivage bordant le lagon, vers notre mouillage. Le centre du motu est envahi de végétation et de cocotiers. L’eau est tellement limpide qu’on voit les coraux et les poissons sans masque… Même quelques pointes-noires qui sont en embuscade dans 50 cm d’eau, dans les retenues laissées par la marée basse, et qui filent quand nous traversons à pied.

Benitier

DCIM100MEDIA

DCIM100MEDIA

Et évidemment qu’on va se baigner et regarder les poissons: juste à côté du bateau se trouve un petit récif affleurant la surface, dans deux à trois mètres d’une eau tellement limpide qu’il n’est pas nécessaire de plonger pour admirer le spectacle. Les poissons, nombreux et variés, rivalisent pour nous en mettre plein les yeux de leurs couleurs. Nous avons même la visite de petits requins « pointe noire », curieux de voir ce que l’on fait sur leur territoire sans doute… De beaux mérous nous regardent dédaigneusement: sans doute savent-ils que la ciguaterra calme nos ardeurs de chasseurs…

Perroquet
Un perroquet
PoissonTrompette
Petit poisson-trompette

Le vent se maintenant autour de 15 nœuds, le DD entreprend de nous faire une démonstration de kite-surf sur lagon: ça a l’air un peu snob, mais il a l’air de bien s’amuser!

EssaiKite
Kite sur le lagon…

Nous profitons aussi du calme et de l’eau chaude pour nettoyer encore une fois la coque de Kousk Eol: les algues s’en donnent à cœur joie… Le narguilé est branché: c’est plus facile en pouvant respirer sous l’eau!

Mauvaise surprise au bout d’une heure… Le moteur du narguilé est plutôt glouton: une trentaine d’ampères pour le faire tourner. Nous avions bien mis le Volvo en route pour soulager la batterie. Mais n’avions pas pensé que les pinces des câbles d’alimentation du narguilé, pas de la meilleure qualité, ne feraient pas un très bon contact, et chaufferaient au point de faire fondre ces câbles et finalement provoquer un court-circuit!

Encore un item sur la liste des améliorations/réparations.

10 juin: une dernière baignade avec masque et palmes sur le petit récif d’à côté, au cas où nos rétines aient encore un peu de bande passante…

Et il faut préparer le bateau pour partir vers Fakarava, à environ 80 milles au Nord-Ouest: départ en fin de marée descendante, vers 17h, pour nous présenter un peu avant 7h demain matin à l’entrée de la passe Garuae au Nord de l’atoll, en début de marée montante. Un petit vent d’ENE devrait nous pousser par le travers.

Traversée Marquises – Tuamotu -2-5 juin 2015

Notre premier atoll aux Tuamotu devrait être Tahanea, au sud-est de l’archipel: la passe est large, et nous semble indiquée pour apprendre à entrer et sortir dans des atolls. Nous comptons trois jours pour arriver.

En attendant, le départ de Fatu Hiva est un peu mouvementé: le bateau ayant tourné autour du mouillage sous un très gros grain, les lignes en avaient profité pour faire du scoubidou. Après avoir tout démêlé, nous partons enfin, mais le vent reste perturbé tant que nous sommes sous l’influence de l’île. Ça, on s’y attendait.

Par contre, de gros nuages noirs bouchent tout l’horizon, et le vent monte progressivement à 25 nœuds, avec des rafales au-dessus de 30 nœuds, atteignant même 40 nœuds, avec de belles vagues… La nuit va être agitée! Nous prenons assez vite les trois ris de la grand-voile, et roulons le génois pour n’en laisser qu’un petit tiers, puis nous nous mettons en petite fuite, qui ne nous éloigne pas trop de notre route.

3 juin 2015 – Vers 2h du matin, le vent tombe presque complètement, pour petit à petit se remettre en conformité avec les GRIBs sur le coup des 7h. 15-20 nœuds, petit largue: le génois est déroulé, mais nous gardons 2 ris dans la grand-voile.

Et nous retrouvons des conditions que nous avons déjà connues lors de la traversée depuis les Galapagos: vent régulier de secteur ESE et une mer plutôt belle.

4 juin – Nuit tranquille, avec deux ris dans la grand-voile et le génois à moitié roulé. Ce qui ne nous empêche pas de monter tranquillement à plus de 7,5 nœuds de moyenne.

Un mahi-mahi, surpris par cette vitesse un peu basse pour Kousk Eol, se laisse bêtement piéger par le leurre du DD, qui a aussi mis du fil un peu pus gros: la dorade fera largement deux repas copieux!

Si les conditions se maintiennent, nous devrions arriver à la passe de Tahanea en début de soirée: trop risqué pour une première dans les passes des Tuamotu! Nous infléchissons légèrement vers le Sud pour piquer sur l’atoll de Makemo, une cinquantaine de milles avant, qui pourrait donc se faire avant la nuit.

5 Juin – Finalement, le vent ayant baissé, on pourrait rechanger nos plans, et arriver demain avant 7h à l’entrée de la passe de Tahanea, donc juste au moment de l’étale de marée haute. Il suffit juste de ne pas trop se presser: ça va faire du bien à Kousk Eol!

Nous affalons la grand-voile et continuons avec deux tiers de génois: la mer est plate et le vent régulier nous pousse à environ 4,5 nœuds.

De nouveau une nuit tranquille, et des feux de route au loin dans l’obscurité du matin qui se lève: nous ne sommes pas les seuls à avoir fait le même calcul!

LeverSoleil
Lever de soleil avant les Tuamotu

 

A six heures, nous nous retrouvons à sept voiliers devant la passe Teavatapu, la plus large qui permette d’entrer dans le lagon de Tahanea. Bien que nous soyons en fin de marée montante, peu avant l ‘étale, le courant sortant est déjà de plus de trois nœuds!

Il n’y a pratiquement pas de houle, et la passe est vite franchie au moteur. Un mouillage est vite trouvé juste à l’ouest, par une douzaine de mètres de fond, dans du sable, devant la barrière protégeant du large et couverte de cocotiers.

Lagon2
Kousk Eol au mouillage…

Chroniques des Marquises: Fatu Hiva

30 mai, 4h30: nous nous levons pour partir vers Fatu Hiva, au sud de l’archipel, et qui sera la dernière des Marquises que nous visiterons. Il fait encore nuit noire, et le vent souffle bien. Vingt nœuds d’Est, comme prévu. Nous contournons Tahuata par le Nord puis l’Est pour avoir un meilleur angle pour notre petite traversée de 45 milles vers le Sud.

Nous bénéficions toujours de l’abonnement de base, 20 à 25 nœuds de vent avec 3 à 4 mètres de houle plus ou moins longue: nous planterons quelques pieux durant la navigation, sous deux ris et trinquette.

GrainTraversee
Petit grain sur le Pacifique…

Mais tout se passe plutôt bien, et nous arrivons dans la baie d’Hanavave après un très long bord de près/bon plein, vers 15h. Le mouillage est un peu compliqué, car la baie est très étroite, les fonds descendent vite et huit voiliers sont déjà là.

ArriveeHanavave MouillageHanavave

Le mouillage est très venté: les alizés, renforcés par les grains, descendent de la vallée en prenant du muscle. Nous devrons nous y reprendre par trois fois: les deux premières, l’ancre dérape… Et la troisième, nous décidons de mettre deux ancres affourchées: faut bien ça pour la tranquillité du ti-punch! Surtout que des bateaux voisins nous ont mis en garde: jusqu’à une quarantaine de nœuds la nuit dernière. Eh oui, même ici aux Marquises…

Nous avons la surprise de retrouver ici « French Curve », le beau First 47 de San Diego avec Mark et Sharon, que nous avions rencontré à Santa Isabela, et qui a eu des problèmes de régulateur et de safran durant la traversée depuis les Galapagos. Ce n’est apparemment pas le seul: un autre voilier américain a eu son tube de jaumière tordu et le pont avant arraché par le point d’amure de génois… Le bateau a fini par couler, mais l ‘équipage a pu être pris à bord d’un autre voilier qui passait près.

Le Pacifique, c’est le Pacifique, et sa houle peut être parfois très dure…

Fatu Hiva semble encore plus montagneuse, plus verte et surtout plus sauvage que les autres îles visitées jusqu’à présent.

Ce n’est pas qu’une impression: seules deux vallées sont habitées, par environ 600 habitants chacune. Une route/piste relie les deux villages à l’embouchure des deux vallées: 17 km en passant par le haut des crêtes, pour 4 km par la mer…

TikiHanavave
Tiki devant le « port » de Hanavave
EgliseHanavae
L’église de Hanavave

Grand émoi sur l’île: des orques ont été aperçus entrain de se faire quelques raies mantas… Événement suffisamment grave pour que la radio émette un bulletin spécial dans l’archipel, pour éviter que les enfants n’aillent se baigner… Encore une bonne excuse pour ne pas aller gratter les algues le long de la ligne de flottaison!

Nous irons en conséquence nous balader à pied: il paraît qu’ici aussi il y a une jolie cascade, pas trop loin.

Effectivement, après environ 45 minutes d’un sentier dans la forêt, toujours aussi dense, nous débouchons sur une jolie chute d’eau. Dans la vasque de réception, de nouveau des chevrettes et de jolis poissons vert vif.

CheminCascade
Vers la cascade
CascadeHanavave3
La cascade
CascadeHanavave2
La cascade

Comme la ballade était courte, nous continuons la piste vers le haut de la crête, voir si nous pouvons apercevoir Kousk Eol. Au bout d’une heure c’est chose faite: nous avons une vue plongeante sur la baie de Hanavave, et le mouillage, qui paraît minuscule au pied des falaises.

MouillageHanavave3
Le mouillage vu d’en haut

Mais nous sommes toujours un peu sur notre faim: demain, nous prendrons un petit bateau à moteur pour rejoindre Omoa, l’autre village, et ensuite rentrer par la piste et les fameux 17 km.

1juin, 8h30: Philippe, un habitant de Hanavave avec qui nous avons sympathisé, nous emmène avec son bateau à Omoa, avec nos copains Sharon et Mark que l’idée de se dégourdir les jambes a séduits. Nous en profitons pour faire les dernières courses avant les Tuamotu: Philippe les posera sur le bateau à son retour. Ça nous fera moins à porter…

EgliseOmoa
L’église d’Omoa

Le temps est un peu couvert et très venté. A part la boue sur la piste, nous apprécions tout de même: la chaleur est du coup tout à fait supportable! La piste monte, très raide, et redescend aussi raide. Le paysage est très découpé: crêtes marquant les restes des cratères des volcans qui ont formé l’île. Une végétation assez dense recouvre les terres: tout est vert, où que nous regardions.

Orchidee
Orchidées

De nombreux troupeaux de chèvres sauvages traversent les pentes escarpées, sans rien à envier aux chamois côté pied sûr.

Il y a une école à Hanavave et une autre à Omoa, jusqu’au CM2. Ensuite les élèves doivent aller comme pensionnaires à Hiva Oa jusqu’au lycée, puis il faut rejoindre Papeete pour la suite…

Pas de docteur sur l’île: seule une infirmière à Omoa et une aide-soignante à Hanavave parent au plus urgent. Pas de gendarmerie non plus…

Fatu Hiva a aussi accueilli Thor Eyerdahl et sa femme dans les années 1930, avant qu’il n’entreprenne son expédition sur le Kon-Tiki.

2 juin. C’est le jour du départ vers les Tuamotu, notre dernière journée dans l’archipel des Marquises.

A midi, nous mangeons chez Philippe: poulet au lait de coco, poisson cru (au lait de coco lui aussi), riz, frites d’arbre à pain, salade de papaye, pamplemousse… Mais avant ce repas, il nous emmène pour un tour du village faire le plein de fruits: pamplemousses, citrons, bananes, cocos, que nous ramassons par terre ou directement sur les arbres.. Ces provisions serviront pour la traversée, et comme monnaie d’échange aux Tuamotu où les fruits ne poussent pas aussi bien qu’ici, doux euphémisme.

Un grain impressionnant accompagnera le repas, juste avant le départ: le vent tombe, Kousk Eol tourne autour de ses ancres. Et devinez: un sac de nœuds nous attend… Orin de la 2e ancre emmêlé autour de la chaîne de la première: en gros, une heure pour tout récupérer. Et entre temps, le vent est revenu.