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Castro – Puerto Montt: dernières étapes en Patagonie

Voici plus d’un mois que nous sommes partis de Punta Arenas, et deux mois que nous sommes arrivés en Terre de Feu à Puerto Williams… Puerto Montt marquera la fin de notre navigation dans les canaux de Patagonie: magnifique aboutissement d’une première étape de ce voyage

15 Avril 2014- Journée de repos à Castro, sur l’île de Chiloe. Et première douche depuis 10 jours… Parillada et saumon au menu des repas: ça nous change un peu des pâte et du riz de ces derniers jours! Beau soleil toute la journée, sauf évidemment au moment de rentrer au bateau: pluie qu’on aurait pu qualifier de vivifiante s’il n’était plus de 22h, que la marée était basse et donc qu’il a fallu porter l’annexe (et son moteur) dans une espèce de vase détrempée et finir dégoulinants en arrivant à bord… La voile, ça vous forge un caractère!

16 Avril 2014– Nous quittons Castro sous un ciel nuageux et une température nettement plus polaire que la journée d’hier. Les lagénorhynques en combinaison noire et blanche nous accompagnent, plongeant sous le bateau ou accélérant pour sauter à la proue.

La météo nous avait prévenus: ça allait secouer! Eh bien, ça a secoué… Encore une fois plus de 30 nds dans le nez, et bien sûr encore de la mer dure… Et bien sûr, il fait froid… Vous n’en n’avez pas marre, vous, qu’on vous rabâche toujours la même histoire?

Pour pimenter un peu, les instruments ont décidé qu’eux aussi qu’ils en avaient marre: plus rien… Diagnostic rapide: le fusible d’alimentation des répétiteurs a grillé. C’est bien le seul à avoir eu chaud! Pas grave, comme on est organisé, on a des fusibles de rechange. On ne nous la fait pas, à nous. Et hop, fusible changé! Et hop, fusible re-grillé… Plus grave que prévu, cette fois. Ah, puis tiens, aussi la tablette avec les cartes Navionics… Ah ben ça alors! Aurait-on manqué de respect à Neptune, à l’insu de notre plein gré?

On finit la navigation avec le GPS de rechange sur le PC de rechange et avec le sondeur de rechange, mais toujours le même équipage. Et on arrive à la Caleta Mechuque vers 19h, avant la nuit. Ce soir, le ti-punch sera vraiment mérité!

Nuit assez tranquille malgré le passage de grains qui font tourner le bateau sur son ancre. Et le matin, au moment de partir, l’ancre refuse de remonter… Rien à faire: blocage costaud.

DD, n’écoutant que son courage, s’équipe et plonge: la chaîne s’est enroulée autour d’un bloc abandonné qui a servi d’ancrage à des corps-morts! Elle est vite dégagée et on quitte enfin la Caleta Mechuque, sous l’oeil attentif d’un lion de mer.

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Et cette fois, promis! Je ne vous raconterai pas encore une fois qu’on a pris 3 ris dans la grand-voile et seulement mis ½ trinquette, ni qu’il y avait des grains et du vent, dans le nez bien sur, ni qu’il y avait de la mer. Ni qu’on n’avait pas chaud: ça va de soi.

Je vous dirai juste qu’on est tout de même arrivé à Puerto Quemchi, où pour la première fois nous avons pu nous amarrer à une bouée: quel bonheur! Pas de *»&@*$ d’ancre à mouiller, ou de ligne à tirer à terre…

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A Quemchi, bien sûr, on va à l’Armada donner nos intentions de navigation pour les prochains jours, comme d’hab. Sauf que là, le marin de garde nous demande « Mais qu ‘est-ce que vous venez faire ici? Il n’y a rien… Rien à a voir, rien à a faire… C’est un trou! ». Ah bon? C’est quand même le pays de Francisco Coloane, non? Oui, mais il n’est plus là… Et il nous indique tout de même un restaurant. « El Chejo ». Ça ne paie pas de mine, mais c’est le seul restau ouvert du coin. Et alors là, l’enchantement: excellentes empanadas de marisco, saumon à la plancha exquis, vin chilien largement plus qu’honorable. Mais tout ça n’est rien sans l’accueil de Don Chejo lui-même en personne, qui passe pratiquement toute la soirée avec nous, nous faisant visiter la cuisine, nous vantant la qualité de vie sur Chiloe, …

18 Avril: il faut y aller! Aujourd’hui, nous traversons le Golfe d’Ancud vers l’Est pour rejoindre la côte continentale, vers l’île de Llancahué où se trouvent des sources d’eau chaude. Une quarantaine de milles. Le temps est plus clément: on voit du ciel bleu et le soleil fait des tentatives méritantes pour se montrer.

Du coup, la terrasse de Kousk Eol est de nouveau investie, avec ses flâneurs, ses artistes…

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La terrasse de Kousk Eol, ses artistes et autres flâneurs…

Et nous arrivons au fond de la Caleta Andrade en fin d’après-midi, sous un beau ciel bleu. La caleta est encombrée d’élevages de cholgas et autres huîtres, avec toujours des otaries affalées sur les bouées d’ancrage de ces élevages. Quand je pense qu’on nous racontait, enfants, qu’il fallait être un sacré bon dresseur pour arriver à faire monter une otarie sur un ballon! Alors qu’elles font bien plus dur en cachette et toutes seules…

CaletaAndrade2 CaletaAndrade1 CaletaAndrade5 CaletaAndrade10Ce matin, c’est un martin-pêcheur qui vient vérifier si le gréement est en état, pendant qu’une épave de bus nous refait le coup de « Into the wild »… On se demande comment elle est arrivée jusqu’ici!

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Et il ne faut pas traîner! Une rude journée nous attend: au moins 2 milles avant de mouiller devant la Caleta Los Baños, où on nous promet une piscine d’eau chaude naturelle, avec le volcan Hornopiren juste en face…

Promesse tenue: l’eau était bien chaude!

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La piscine à eau chaude naturelle

Et pour notre dernier mouillage avant Puerto Montt, ce sera la Caleta Zapatero, refuge de pêcheurs dont certains habitent des maisons flottantes. Ils nous accueillent à couple de leur ponton flottant.

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Et puis il faut y aller: dimanche 20 Avril au matin, nous entamons la dernière étape patagonienne… Remontée vers le Nord et traversée du Seno Reloncavi, sous la pluie (mais on a dit qu’on n’en parlerait plus). Et arrivée à la Marina Oxxean, devant le port de Puerto Montt en fin d’après-midi.

Puerto Montt

Petit pincement au cœur: la Patagonie est maintenant derrière nous… Deux mois passés dans ses paysages extraordinaires, qui avaient largement capté notre imagination bien avant de partir, et dont la réalité est encore plus magique. Puerto Montt marque la fin de la première grosse étape du périple de Kousk Eol, la partie Atlantique et Grand Sud.

Les problèmes de quille et les interrogations sur la suite du voyage alors que nous ne voyions pas la fin des réparations ne sont plus qu’un souvenir qui nous a finalement permis de riches rencontres et que nous évoquons maintenant en souriant. Impossible d’oublier le support que nous avons eu du chantier Wauquiez (merci encore Wim!) pour assurer que la réparation soit faite dans les règles. Ni le travail de pro de Fikky: « Pas mal! », avec Diego et Horacio, dans la bonne humeur.

La persévérance a payé: nous avons finalement pu aller jusqu’au bout de notre projet, peut-être en traînant un peu moins que prévu, mais il fallait tenir compte de la saison. Rien pourtant n’était sûr en quittant Piriapolis il y a presque trois mois: nous rêvions toujours du Cap Horn, mais avec un peu de fatalisme. Et finalement, c’est un parcours très riche qui nous attendait…

Gros challenge pour les prochaines étapes: elles ont intérêt à être à la hauteur!

C’est aussi à Puerto Montt que nous rejoignent MarieJo et Cathy: petite pause de deux semaines pour se retrouver et faire une autre forme de tourisme ensembles.

C’est ici aussi que Sarah nous quitte, sans avoir réussi à nous faire aimer les navets et les concombres, mais en vraie experte de toutes les manœuvres à bord!

PuertoMontt
Un p’tit dernier arc en ciel pour la route, en arrivant à Puerto Montt

Punta Arenas–Puerto Montt – 3e étape: Caleta Tortel – Castro/Ile de Chiloe

Le grand silence qui s’est abattu sur ce blog n’a rien à voir avec une quelconque procrastination rampante dont aurait pu être atteinte l’équipe d’édition de ce ramassis de banalités. D’ailleurs, pour éviter d’être accusée de ce mal pernicieux à l’avenir, l’équipe a décidé une fois pour toute d’arrêter de procrastiner dès demain!

Ce n’est pas faute d’avoir essayé: à Caleta Tortel non plus l’Internet n’a tenu ses promesses..

En fait c’était reculer pour mieux sauter: au lieu d’une mise à jour minable, c’est à une anamnèse balèze que vous avez droit, petits veinards!

Non seulement cet article, mais tous les précédents qui attendaient la connexion libératoire. Là c’est sûr: l’INSEE ne pourra pas faire autrement que de constater avec effroi une baisse de la productivité générale dans les pays de langue française (même rudimentaire, comme pour ce blog), parmi les citoyens avides d’élévation culturelle de qualité.

Mais reprenons ensembles le fil du récit, si vous le voulez bien.

Au risque de me répéter, le tarif est identique même si vous ne le voulez pas…

On n’est pas encore rendu à Puerto Montt…

Et on reprend où on vous avait laissé la dernière fois…

Samedi 5 Avril: La pause ensoleillée de Caleta Tortel étant terminée, nous reprenons notre périple…

Nous avons appris hier que suite au tremblement de terre à Iquique dans le Nord du pays, une alerte au tsunami avait été déclenchée sur toute la côte du Chili, jusqu’à Puerto Williams! Nous comprenons mieux la signification de tous les panneaux montrant les chemins d’évacuation…

La météo est toujours bonne, et la fenêtre se maintient pour traverser le Golfo de Penas. La journée est magnifique aujourd’hui, mais le temps doit changer Lundi 7: on ne s’arrêtera donc pas en route afin de traverser le golfe dans la foulée.

Et en fin d’une journée magnifique, mais sans trop de vent, nous nous présentons à l’entrée du Golfo de Penas. Petit moment d’émotion: nous sommes sortis du système de canaux du Sud, et de la Terre de Feu, où nous venons de passer un mois et demi, avec passage du Cap Horn, du Détroit de Le Maire, et remontées des canaux de Beagle et Magellan pour ne citer que les plus connus.

Et une heure plus tard, nous passons près d’un groupe de baleines.
Encore deux heures, et c’est le premier coucher de soleil sur le Pacifique pour Kousk Eol!

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Le Golfo de Penas, coucher et lever de soleil

Dimanche 6, 3h du matin: le Golfo de Penas est traversé. C’est notre première navigation de nuit depuis longtemps, et la première dans le Pacifique. Reste à rejoindre la baie Anna Pink pour entrer dans le système des canaux du Nord.

Baie que nous rejoignons dans la soirée, pour mouiller dans la Caleta Giuanin où une ferme à saumons s’est installée…Tant pis: il est trop tard pour aller plus loin. Mais le coin est quand même sympa. C’est sans doute que nous retrouvons la civilisation!

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Pêche dans la Caleta Giuanin: finalement on mangera une omelette le soir…

Et Lundi, petite journée de récupération, surtout que le beau temps nous a lâché! 12 milles et mouillage dans la petite Caleta Saudade, où nous trouvons des méduses de belle taille! Enfin une bonne excuse pour ne pas se baigner… Quoiqu’André y soit allé pour pêcher des oursins! Que Nico s’empresse de préparer. Et chose curieuse, du moins pour des amateurs comme nous, chaque oursin semble héberger un crabe parasite de 4 à 5 cm, à la carapace molle!

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La Caleta Saudade, ses méduses, ses oursins…

Durant la nuit, un vison vient même visiter le bateau à la nage…

Et en repartant sur le Canal Puluche, dans moins de 30m d’eau, des baleines: l’eau grouille de petites écrevisses rouges! Les fermes à saumons aux alentours ne sont sans doute pas étrangères à ce phénomène: la nourriture de ces fermes ne va certainement pas uniquement aux saumons…

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Les experts du bord prétendent que ce sont des rorquals de Rudolfi.

Le soir, nous nous arrêtons dans la Caleta Jacqueline, mais, oh scandale! Un catamaran s’est autorisé à mouiller dans la même caleta avant nous… Heureusement pour lui, il y a largement de la place pour deux bateaux. Et finalement nous invitons le skipper, Dave, seul à bord, à venir manger avec nous: malgré qu’il ne parle qu’anglais, c’est bien de voir une autre tête!

Et le lendemain matin, ô rythmes infernaux! , nous reprenons notre route. Et devinez quoi? Il pleut et on a un petit zéphyr entre 20-30 nds dans le nez! Il y avait longtemps! Et les cirés avaient bien eu le temps de sécher… Nous remontons le Canal Errazuriz, bordé de fermes à saumons, et de nouveau nous apercevons des rorquals de Rudolfi, attirés par les bestioles qui viennent se nourrir des déchets des fermes…

Mouillage dans l’Estero Atracadero, pas loin d’une autre ferme à saumons, puis re-départ au matin, de nouveau sous une petite pluie et un vent de 15-20 nds obligeant à tirer des bords.

Jeudi 10 Avril: navigation un peu pénible, toujours le vent dans le nez, et avec la pluie et une mer hachée… Du coup, petite étape aujourd’hui, et arrêt au mouillage de Puerto Americano.

Dauphin PuertoAmericano

Puis ce sera la traversée du Golfo Corcovado, le dernier avant d’atteindre Chiloe. Et, on ne pouvait pas la rater celle-la, mouillage dans la Bahia Tictoc: comme quoi, pour enchainer du tac au tac, tout toqué qu’on soit, notre tactique n’était pas si toc, avec la coque de Kousk dans la crique de la côte pour troquer la trinquette contre le couteau et croquer coûte que coûte la quiche toute cuite, pas crue, à la croûte craquante de notre accort cuistot sans toque, en trinquant le cru du coin, qui l’eut cru? Ça craint: pauvre Bobby…

Note de la rédaction: il semblerait que ce genre de délire soit malheureusement l’un des symptômes liés à une absorption massive de moules contaminées par la « marée rouge » par un esprit naguère brillant, mais ayant largement dépassé la date limite. Un compte a été ouvert dans une banque des Iles Caïman dans le but de récolter vos dons et permettre ainsi une prise en charge du malheureux, afin de le mettre hors d’état de nuire. Le numéro du compte est disponible sur demande. Au cas fort improbable où une inimaginable pingrerie ferait que ce compte restât désespérément à zéro, la rédaction n’aurait alors aucun autre moyen pour espérer empêcher la continuation de ce blog: c’est à vous de voir…

Bon, avant tout ça, comme d’hab, il y a eu les dauphins, les albatros, les baleines, les manchots, … Le tout sur fond de sommets enneigés. La routine, quoi.

En fait de Bahia Tictoc, c’est le tic-tac de la tocante qu’on surveille: la météo, oh surprise, nous a encore réservé un de ces coups de chien dont elle a le secret, nous bloquant sur place à attendre le fameux créneau… Peut-être en fin de journée, ce qui imposerait une navigation de nuit pour pouvoir traverser sur Chiloe dans de bonnes conditions.

Et effectivement, on lève l’ancre sur le coup des 19h30, avant la nuit pour voir les nombreux cailloux qui entourent le mouillage. Temps maussade: brouillard humide et froid, peu de vent… Donc la totale: botte-bonnet-salopette-veste de ciré-goutte sur le bout du nez pour affronter une nuit noire malgré la pleine lune. Et le lendemain matin, nous touchons les côtes de Chiloe… Avec un moteur qui a des sautes d’humeur, le régime passant de 1800 à 1000 tours/minute, voire moins, pour ensuite reprendre, et recommencer quelques minutes après… Ça rappelle furieusement le retour de l’île d’Elbe il y a deux ans, alimentation du moteur complètement bouchée.

Ça y est, me re-voila! Le moteur, c’était bien les filtres à gas-oil. Toute bouchée, l’alimentation! Mais que on s’y fait pas prendre une deuxième fois et qu’on te répare le bousin en moins de deux! Et en attendant, on est à ½ mille de la côte orientale de Chiloe… Avec tout plein de belles maisons et petites fermes sur des prés bien verts. On dirait les bords du Léman. En mieux, bien sûr!

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Dernier repas avant Castro, l’herbe verte et les parcs à moules…

Pour arriver à Castro, capitale de Chiloe, il faut enfiler un canal très sinueux entre de jolies petites îles, toutes habitées, et l’île principale.

Nous mouillons sur ancre sous l’église en bois.

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Devant Castro

Et il restera encore un petit bout de chemin pour arriver à Puerto Montt, après le Golfo de Ancud, au fond du Seno Reloncavi. soit une petite 100e de milles.

Punta Arenas–Puerto Montt – 1e étape: Puerto Eden

13 Mars 2014, 7h30 : c’est de nouveau le départ, cette fois vers l’Ouest par le canal de Magellan, puis le Nord vers Chiloe et Puerto Montt, où nous devrions retrouver MarieJo et Cathy.

Pour cette grosse étape de presque 1000 milles où nous passerons de l’Atlantique au Pacifique, nous serons quatre : Nico, Sarah la Québecoise, André et Claude.

Après les 50nds au quai de Punta Arenas, c’est un bon 25nds qui nous pousse vent arrière dans le Canal de Magellan. Ça démarre bien, mais ça ne dure pas…

Le vent tombe, puis reprend de plus belle: nous nous retrouvons vite avec 30-35 nds dans le nez cette fois, et 2 à 3 m de creux, pour essayer de passer le Cap Froward, cap le plus au Sud de la partie continentale de l’Amérique. Cap évidemment surmonté d’une croix, consacrée by Djaypitou himself, excusez du peu!

Trop dur décidément: on fait demi-tour pour se réfugier dans la Bahia San Nicolas.

Le lendemain, re-tentative de passage du Cap Froward. Et même punition… Mer dure de face et toujours 30 à 35 nds de vent au près… Moins d’une heure après, nous sommes de retour à Bahia San Nicolas où nous avions passé la nuit précédente. Pour se venger, notre Nico à nous (mais est-il un saint, lui?), braconne 3 centollas qui prenaient le frais au bord de la plage, et qui finiront avec de la mayonnaise en guise de crème solaire…

15 Mars : finalement, le vent est tombé dans la nuit, et c’est au moteur que nous repartons sur une mer d’huile.

9h45: ça y est! Nous passons enfin le Cap Froward. Deux jours tout de même pour en venir à bout. A partir de là, nous devrions progressivement remonter vers le Nord.

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Le Cabo Froward

Puis visite éclair à la Caleta Galant, utilisée par d’illustres prédécesseurs, dont Bougainville, un autre skipper remarquable.

Et nous nous arrêtons pour la nuit dans la Bahia Mussel, sur l’île Carlos III, parc national et sanctuaire de la baleine à bosse: ce sont donc des otaries qui nous accueillent.

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 La Bahia Mussel

Ah, au fait: l’Iridium vient juste d’arrêter de bouder, le soit-disant informaticien du bord au titre largement usurpé ayant sans doute fini par cirer les pompes de la divinité qui allait bien… Et donc nous avons de nouveau accès aux fameux gribs, nous permettant d’autoriser un congé bien mérité aux copains qui avaient fait le relais météo par SMS entre temps.

Aujourd’hui, grand beau! Soleil éclatant, mais pas de vent: on ne peut pas tout avoir… Et de nouveau, paysages grandioses et faune exubérante… Pics enneigés, glaciers, forêts, mer, otaries, baleines, albatros, pétrels, skuas, manchots, …

On vous a déjà dit que c’était beau?

Est-il possible de « mesurer » la beauté? Nos montagnes aussi sont magnifiques. Sans parler de nos îles, et la Corse en particulier, de la Bretagne, de nos baleines à nous, de nos fous de Bassan, etc.

Mais ici, on a tout en même temps, et on a l’impression d’être seul à en profiter. C’est comme si la beauté avait plusieurs dimensions, ou s’il y avait des beautés qui englobent les autres… Il faudrait définir l’aleph de la beauté: aleph-0 pour les beautés « de base », dont le nombre de nuances ou de dimensions, même si infini, serait moindre que pour celui d’une beauté qui engloberait ces beautés « de base », d’aleph-1.

Bon: stop! Je sens que je commence à dérailler dur: ah l’effet du froid sur un cerveau en déficit de neurones et dont la sauce blanche doit avoir largement dépassé la date de péremption… Que les matheux, les vrais, me pardonnent! J’arrête avant que Georg ne se retourne dans sa tombe, et sors m’en remettre une couche plein les mirettes…

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Albatros, et skuas essayant de piquer sa proie à une otarie.

On aura surtout fait du moteur aujourd’hui. Et mouillage dans le petit fjord de Puerto Angosto: ancre plus trois amarres à terre, car la place est étroite.

Demain, il faudra avancer car les gribs ne sont pas bons pour dans deux jours: 30 à 40nds prévus pour mercredi et jeudi.

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Puerto Angosto et sortie du Canal de Magellan

Lundi 17 Mars : aujourd’hui, on essaie de sortir du Canal de Magellan, pour entrer dans le Canal de Smyth qui part vers le Nord. Étape d’une 50e de milles, car il n’y a plus de bon mouillage avant, mais les conditions sont bonnes, malgré le temps pluvieux.

La sortie du Canal de Magellan est plus ouverte sur l’Océan Pacifique: on ne profitera plus de la protection du canal et la mer pourra être plus dure, d’où l’importance de passer lorsque la météo est favorable. En voilier, si on peut s’adapter, dans certaines limites, au vent, on ne peut que subir la mer et les vagues: c’est surtout de là que vient le danger.

18h30 : nous quittons le Canal de Magellan. A partir de maintenant notre route est plein Nord jusqu’à Puerto Montt.

Ce soir, nous mouillons au fond d’une toute petite caleta, dans l’anse de Puerto Profundo, où nous sommes accueillis par des flottilles de canards-vapeur : ancre et deux amarres à terre.

Les prévisions météo ne sont toujours pas bonnes pour mercredi et jeudi, et probablement pour vendredi: il va falloir rouler demain, pour s’avancer!

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Canards-vapeur et Puerto Profundo

 Partout, d’énormes moules n’attendent apparemment que de se faire cueillir… C’est sans compter sur la marée rouge, des micro-organismes qui infectent les coquillages, les rendant dangereux à manger… Quel gaspillage!

PuertoProfundo-MoulesCholgas, mais attention à la marée rouge!

Mardi 18 Mars : nous remontons le Canal Smyth sous un ciel gris. Au détour d’une île, une épave, spectacle un peu surréaliste. Celle d’un cargo américain, échouée dans les années 1930, et restée sans doute pour nous rappeler que les canaux ne sont pas cléments tout le temps…

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Nous sortons du Canal Smyth en fin de journée, juste avant d’arriver à la Caleta Victoria.

Où nous allons au moins passer deux jours: les gribs pris en arrivant ne sont pas bons… 30 nds dans le nez, sur un air connu!

Un pêcheur nous a précédé: nous partagerons le mouillage. Nous nous sentirons un peu moins seuls cette nuit.

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Caleta Victoria

Effectivement, mercredi venté et pluvieux… Et série de williwaws toute la nuit de jeudi, qui font brutalement gîter Kousk Eol sur son mouillage, mais les amarres et l’ancre tiennent bon!

Et il a neigé au dessus de 300m durant la nuit!

Une petite fenêtre s’ouvre permettant de gagner quelques milles vers le Nord. En fait de fenêtre, plutôt une lucarne, voire une meurtrière… Les williwaws continuent et par dessus le marché, incompréhension totale avec les Maîtres du Temps qui nous balancent des seaux de glaçons sur la tête en début d’après-midi, au lieu de nous faire un paquet-cadeau pour l’apéro… Manque de savoir-vivre complet!

Et quand nous arrivons à la Caleta Balandra pour la nuit, il fait beau… Mais pas pour longtemps!

Mais la nuit est très tranquille: la caleta est très bien abritée.

Au réveil, re-pluie… Que fait-on? La veille, on a pris des gribs en milieu de journée: pas bon… Vent fort, voire très fort, et dans le nez pour les deux prochains jours.

On a donc repris les gribs le soir avant de se coucher, au cas où: toujours aussi mauvais!

Donc que fait-on le matin? Ben on quitte le mouillage pour vérifier si les gribs sont corrects! Vous n’auriez pas fait ça, vous? On s’équipe sous la pluie, le vent se lève brutalement dès que l’on quitte l’abri du mouillage: une demi-heure après, on est de retour dans la caleta, trempés… Les prévisions météo sont justes! Quelle surprise!

Samedi 22 Mars : journée d’attente dans la Caleta Balandra… Temps gris et venté, pas chaud: ça, c’est nouveau! L’intérieur du bateau est très humide: les ouvertures sont souvent fermées (un comble pour des ouvertures: on croirait de la politique!) et la condensation s’en donne à cœur joie.

Petites statistiques, puisqu’il faut quand même s’occuper un peu… Nous avons fait plus de 10 000 milles depuis le départ de Toulon, le 30 Juin 2013: nous sommes partis du 43°N pour aller jusqu’au 56°S, soit plus de la moitié du globe dans le sens Nord-Sud. Et seulement 4000 si on projette cette route le long de l’Équateur, qui en compte 21600: du 6°E au 73°W, soit moins d’un quart dans le sens Est-Ouest…

Dimanche 23 Mars : nous sommes contents de quitter le mouillage, très beau comme d’habitude, mais les journées coincés dans le bateau sont longues! Et nous avons un de ces créneaux météo qu’il ne faut pas rater, entre deux coups de vent: 20-25 nœuds mais pas trop de mer. Et il faut qu’on fasse tout de même un peu de route!

Trente virements de bord et un certain nombre de manœuvre de réduction/augmentation de la voilure après et nous voici rendus au mouillage de Puerto Bueno: le calme qui y règne fait vite oublier les conditions dures de la journée!

PuertoBueno1  PuertoBueno2 PuertoBueno3PuertoBueno5Puerto Bueno

Nuit très tranquille, à tel point que nous ré-éditons le coup de vérifier si la météo s’est gourée ou non : nous repartons pour essayer de gagner encore quelques milles vers le Nord. D’ailleurs, on vient tout de même de franchir le 51°S: on ne ressent pas encore de grosses remontées de température, mais tout est dans la tête! Et l’idée de passer bientôt des hurlements aux rugissements a un côté plutôt rassurant, non?

La météo s’est effectivement un peu trompée: au lieu des 20 nœuds dans le nez, ce sont 30 à 35 nœuds qui nous attendaient, avec toujours ces vagues courtes… Plus à l’Ouest, hors de l’abri des canaux, c’est entre 40 et 50 nœuds. On retourne fissa à Puerto Bueno, même si Sarah a promis de faire à manger pour midi!

 PuertoBueno4Réparation à Puerto Bueno

Lecteur-marin connaisseur, expérimentée lectrice-marine, vous vous dites certainement: « Les frangins, ils se la pètent quand c’est facile. Mais dès que la brise est un peu plus consistante, on ne les voit plus sur l’eau… ».
C’est vrai. Mais la perspective de se prendre 30 à 35 nœuds au près toute la journée, avec embruns frisant le 0°C et sans échappatoire (les canaux sont étroits et les refuges moins bien répartis que sur une autoroute), cette perspective, donc, fait réfléchir… Sans compter que les voiles et le bateau souffrent!

Un apophtegme1 voudrait que la voile soit le moyen le plus long et le moins confortable pour aller d’un point à un autre: nous avons vérifié pour vous! C’est une école de patience : il vaut mieux attendre des jours meilleurs au mouillage que de faire les cakes sur l’eau glacée et ventée : on est loin d’être sûr de gagner.

Et donc le carré se transforme en tripot, mais tripot classieux: DD a décidé d’apprendre le bridge à Nico et Sarah. Décision sans appel de Nico: « Jeu à la con, tout et codifié, pas de place à la fantaisie! ».

 Note 1: Dans le cas extrêmement peu probable où un béotien inculte se serait perdu au milieu des pages de ce blog, ce dernier serait bien avisé de noter que les dicos ne sont pas faits pour les chiens.

Mardi 25 Mars : c’est décidé, gribs ou pas gribs, on retente! Il devrait y avoir une demi-meurtrière entre 12h34 et 16h28, où le vent devrait tomber en dessous de 20 nds… Juste assez pour aller au mouillage suivant, soit 12 milles, soit 20 milles. Pô pire!

Et en fait, c’est une alternance de voile et de moteur qui nous attend: 15-20nds au près, mais pas de mer, puis 5nds, puis un ch’tit williwaw bien cogné… Puis on recommence. Bon d’accord, ce sera aussi sous le brouillard, que même en Bretagne on connaît pas ça.

Finalement, nous arrivons à la Caleta Paroquet au bout d’une trentaine de milles: pô pire, décidément! Et un bon abris pour laisser passer le coup de vent (un autre) prévu le lendemain.

CaletaParoquet1 CaletaParoquet2

La Caleta Paroquet

Nous passons effectivement Mercredi à attendre que le vent baisse, sous une pluie ininterrompue pendant 24h… Mais les températures remontent progressivement: pas de quoi sortir un maillot de bain, mais on arrive à dormir avec un seul duvet… Un net progrès!

Sarah en profite pour bien intégrer les leçons du DD: « Donc, je résume, dès que les canaux se rétrécissent, il y a des vents-tueries et on doit mettre des voiles plus petites pour passer le plus discrètement possible?»

 Et Jeudi, l’accalmie tant attendue est enfin là: entre 12 et 15 nœuds, et de Sud-Ouest par dessus le marché. Nous faisons pour une fois du largue, avec tout dessus : grand-voile et génois. Une allure que nous avions presque oubliée, un peu comme le soleil!

Journée mémorable : 60 milles, donc 50 au portant sur le même bord, avec pas mal de pointes au dessus de 9 nœuds, sur une eau quasi-plate, et on est même repassé sous les 50eme Sud1 : pas la peine de le hurler, mais on rugirait presque de bonheur… Et c’est dans le havre de la Caleta Shinda, au fond de l’impressionnant Fiordo Gage, que nous savourerons.

 Note 1: Uniquement pour lecteurs un peu mou du bulbe: quand on dit « sous les 50eme Sud » (qui sont supposés hurler), ici, c’est retomber dans les 40eme Sud (dont tout le monde sait que la caractéristique majeure est de rugir) et non pas les 60eme Sud (où il fait tellement froid qu’on n’entend plus rien). Faites pas chier et gâchez pas notre plaisir.

Vendredi 28 Mars : on a bien fait de savourer… Re-pluie et re-vent ce matin : on fait tout de même une tentative, mais le vent est vraiment trop fort. Retour pour attendre des conditions un peu plus clémentes au mouillage de la Caleta Shinda, sous le regard intéressé des cormorans.

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La Caleta Shinda, DD et Sarah, la spécialiste du vent-tuerie

La pluie n’arrête pas, mais nous repartons tout de même sur le coup des 14h: le vent est un peu tombé. Du coup nous avançons de 20 milles pour arriver à la Caleta Parry, sur un petit îlot au milieu du Canal Wide. Le mouillage se fait de part et d’autre d’une ancienne exploitation de cholgas, énormes moules de Patagonie. Et pendant ce temps, le Cisne Branco, 3-mats brésilien de 80 m certes élégant, vient se pavaner devant Kousk Eol, comme s’il pouvait soutenir la comparaison, l’impudent…

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Le Cisne Branco depuis la Caleta Parry

Et aujourd’hui, nous remontons le Seno Eyre (Fjord Eyre), au bout duquel se trouve le Ventisquero Pio XI, avec son front de glace de plus de 50m de haut (3 fois la hauteur de Kousk Eol!) et de près de 4Km de large tombant directement dans le fjord. L’eau est devenue d’un bleu laiteux. Et il faut recommencer à faire attention aux growlers!

Ah la majestuosicité, la grandieusité, la coupe-soufflétude du lieu! Impressionnifiant autant qu’époustoufliciant1 !

 Note1: Comment ça, ils n’existent pas ces mots ? Et alors, vous croyez qu’on peut espérer décrire ce lieu extraordinaire, cette beauté immaculée en utilisant platement des mots qui ont déjà servi, probablement même pour décrire des endroits plus banals (un canal banal, des canaux banals : vive la Français!)? Allons !

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Devant le Glacier Pie XI

Bon d’accord: dommage qu’il pleuve… Mais dans le cas contraire, on n’aurait plus été en Patagonie, non plus.

Le Cerro Chantel (Fitz Roy) et le Cerro Torre ne sont qu’à environ 80Km à l’Est: deux endroits mythiques eux aussi, pour certains dont les rêves ne restent pas au ras de l’eau. D’autres candidats aux hivernales d’un autre genre en plein été: il a neigé à 300m cette nuit, encore une fois…

Et pour nous remettre de toutes ces émotions, mouillage dans la Caleta Sally, juste 2 milles au Sud.

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 La Caleta Sally

Dimanche 30 Mars: pas un souffle ce matin… Et un peu de ciel bleu! Les sommets enneigés se reflètent sur l’eau du fjord, qui s’est recouverte de growlers depuis hier soir, comme par hasard juste avant de rejoindre le Canal Icy… Ça ne s’invente pas.

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Growlers…

Objectif de la journée: arriver à Puerto Eden ce soir, probablement après l’heure de la messe, où nous espérons pouvoir refaire les pleins d’eau et gas-oil, ainsi que de nourriture fraîche.

Calme quasi plat: mais où sont les 30 nds d’antan?

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Kousk Eol sur le lac de Monteynard, avec le Cervin juste en face…

Et à 15h30 nous mouillons devant Puerto Eden, premier signe de civilisation depuis 2 semaines…

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Arrivée à Puerto Eden

Puerto Eden: un autre bout du monde?

« Puerto Eden, mégalopole bien connue du grand Sud, antichambre du paradis, lieu de villégiature célèbre pour ses boites de nuits et son carnaval…. ». Heu: je me suis trompé de guide…

Je reprends: Puerto Eden est une ancienne escale de l’Aéropostale, entre Puerto Montt et Puerto Natales, qui permettait aux hydravions de refaire le plein et aux pilotes d’attendre de meilleures conditions de vol, moins ventées et moins humides pour ne pas décoller les timbres (seulement les hydravions: blague à 10 balles pour Raph/MarieJo).

Avant, il n’y avait rien.

Tout juste quelques indiens qui voulaient vivre tranquilles chez eux, et qui n’avaient rien à faire des hydravions et du courrier.

Donc rien, pour les gens de l’époque…

Puerto Eden ne semble pas avoir beaucoup bougé depuis: moins de 300 habitants, le Pacifique à gauche1, les glaciers à droite2 et les canards-vapeur dans les canaux en haut et en bas, les nuages sombres au-dessus…

Pour l’Éden, je ne sais pas. Le Pandémonium, tout de même pas non plus! Quoique: il y a au moins une église, et pas un seul bistrot… Et je vous laisse découvrir les nombreux commerces.

Note 1: Le terme « Gauche » tel qu’utilisé ici est à prendre hors de tout contexte politique. Quoique…

« Bâbord » aurait très bien pu être utilisé, si le misérable scribouilleur de ces lignes n’avait pas eu peur de paraître plus pédant qu’il ne l’est en temps normal. Pour la clarté de l’exposé, il est aussi de la plus grande importance de noter que « gauche » ici fera référence à un observateur regardant vers le Nord. Les observatrices auront compris d’elles-mêmes.

Question subsidiaire : quelle distance y a t-il entre la gauche dite « caviar » et un tribord prétendument « peuple » ? On utilisera des coordonnées polaires (normal, par près de 60°S), en partant dans le sens trigonométrique inverse comme les dépressions, et on exprimera le résultat à 10-3 près. L’utilisation de la calculette ainsi que du ti-punch est autorisée.

Note 2: Idem que pour « gauche » mais de l’autre côté pour un lecteur normalement constitué. Les lectrices, ne la ramenez pas sur ce coup !

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Puerto Eden

L’âme de St Ex semble encore planer sur ce lieu perdu: «S’il te plaît, Monsieur, dessine-moi un bateau autour du monde!»…

DessineBateauEt après ? Ben, toujours plein Nord, direction Puerto Montt, où nous devrions arriver dans environ 3 semaines.

Mais ceci est une autre histoire…