Avec Cathy et MarieJo en Nouvelle-Calédonie – Juillet 2016

Nouméa 8-12 juillet

Mariejo et Cathy arrivent bien comme prévu le huit à l’aéroport de Tontouta, à plus de quarante kilomètres au nord de Nouméa, un peu cassées par un très long voyage aux multiples escales en classe bestiaux.

Le soir même, Sophie1, enceinte jusqu’au cou, et Benjamin sont à bord : Cathy apporte avec elle un colis de la maman de Sophie, première livraison pour le not yet born baby, dû le mois prochain. Tous les souvenirs, depuis la rencontre éphémère aux Galapagos, y passent…

Dès le lendemain, il ne faut pas perdre de temps, nous partons vers l’ouest du lagon sud, et mouillons devant l’îlot Mbe Kouen avec Thetis et son équipage au complet.

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Kousk Eol au près dans le lagon sud.
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… et avec le Code D.
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Thétis.
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Et re-Thétis.

Premières trempettes dans l’eau cristalline. L’îlot est désert. Le matin suivant, nous changeons de mouillage pour l’îlot voisin de M’Bo, lui aussi sauvage et inhabité, offrant une plage de sable de rêve.

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La plage de l’îlot M’Bo.

Il faut vite mettre un terme à ce week-end de découvertes : nous avons peur que MarieJo et Cathy ne prennent trop goût au catamaran. En effet, Sylvain et Nathalie nous ont invité à manger à bord : c’est probablement là que les arguments pour démolir ces soi-disant voiliers à coques multiples montrent leur limite… Mais bon, il y avait à bord de Thétis un reste de cubitainer de rhum de la Martinique : coup bas de Sylvain auquel nous avons du mal à résister ! Et c’est aussi le dernier week-end à Nouméa pour Clémence et Ianis, qui rentrent en métropole dimanche soir.

Nous retrouvons le soir notre emplacement à la marina de Port Moselle.

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La marina de Port Moselle.

De là, une petite visite du centre de la ville s’impose : le marché couvert, assez bien achalandé, la Place des Cocotiers, les quelques vielles maisons coloniales, le petit quartier chinois…

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La place des Cocotiers.

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Le marché fournira, en plus de légumes et fruits, d’excellentes crevettes élevées en Nouvelle-Calédonie et réputées partout : au curry avec du lait de coco, ça se laisse manger. Évidemment, hors de question d’acheter du poisson : à bord de Kousk Eol on a des principes, on ne mange que la pêche perso remontée avec nos petits bras à nous (et surtout, avouons-le, on a trop peur de se faire engueuler par Maurice).

Nous louons à nouveau une voiture, à la fois pour faire les courses pour la suite de la navigation vers le sud et les Îles Loyauté, et pour nous faire une idée de l’environnement de Nouméa, suite de splendides baies et de promontoires dominés par des montagnes. Le cadre n’a rien à envier à la Polynésie, au contraire. Nous passons au centre Jean-Marie Tjibaou sur la culture kanake, malheureusement fermé ce jour. L’architecture de Renzo Piano est extraordinaire, mais vous n’avez pas été assez sages pour mériter une photo.

Et à nouveau, il faut rentrer au bateau, pour entre autre préparer la suite du programme. Tâche frisant l’herculéanité2 : la Nouvelle-Calédonie, c’est grand ! Nous ne pourrons, une fois de plus, pas tout voir. La question, fondamentalement existentielle qui a pris l’habitude de nous hanter, est donc, je le rappelle : oui, d’accord, mais qu’est-ce qu’on laisse tomber ? Et qu’est-ce qu’on choisit de présenter à nos yeux impatients de continuer à se saturer de beautés tropicales autant qu’exotiques ? Hein ? Vous le sentez, le dilemme ?

Pour ne pas avoir à répondre trop vite, la réponse, temporairement provisoire3, sera : « Les Îles Loyauté, bien sûr ! Sans oublier la mythique Île des Pins, évidemment. Et les baleines. ». Donc, en conséquence et de ce fait.

 

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1
– Rappelez-vous : nous avions rencontré Sophie et Benjamin aux Galapagos, puis à nouveau à Papeete, sur leur voilier Ouma. Et la famille de Sophie vit à Grenoble.

2– Et alors, les coincés constipés du vocabulaire, ça vous gêne ?

3– D’aucun aurait dit : « Pour botter en touche. ». Mais dire que j’ai le foutebale en détestation serait un euphémisme d’une douceur improbable. Donc.

Mais que sont donc devenues les fuites ?

Ce chapitre qui se veut rassurant est à l’usage exclusif des lecteurs assidus qui n’ont raté aucun des épisodes précédents, et qui font preuve de l’empathie la plus profonde pour les quelques soucis récents des pseudo-marins de Kousk Eol, à savoir ici l’aquosité plus que raisonnable régnant dans les fonds du navire…

Vous l’aurez compris : de même que dans un sous-marin, il n’y a jamais de fuite normale sur un voilier. Retrouver les fonds de la coque de son canot1 recouverts de plusieurs centimètres de liquide aqueux provoque toujours, au moins chez le marin réputé sobre et sain d’esprit2, un flot de questions : « Mais d’où ça vient ? Le moteur ? Une vanne ? Un trou ? Pourquoi moi ? Pourquoi tant de haine ? ».

Bref, le déclenchement régulier et incitatif de la pompe de cale, provoqué par une eau moins salée que l’océan, motive pour une inspection en règle. Pour finalement découvrir non pas un, mais deux coupables : la pompe à eau de mer de l’évier de la cuisine, et le réservoir d’eau douce avant.

Pour la pompe à eau de mer, pas grand-chose à faire : elle est scellée et il y a fort à parier qu’une tentative de démontage serait à coup sûr irréversible. Comme les shipchandlers de Nouméa ne font pas cet article, la pompe sera condamnée en fermant la vanne d’arrivée. La vaisselle se fera au seau d’eau, à l’ancienne…

Pour le réservoir d’eau douce, c’est plus délicat… L’eau douce, même si nous prétendons ne pas en être des marins, est précieuse sur un bateau.

Le conteneur fait deux cent cinquante litres, sous la couchette avant : un quart de tonne. C’est la fixation, une simple patte fixée sur le fond par une stratification un peu légère, qui a lâché, donnant au dit baquet une liberté dont les effets auraient pu être désastreux. Deux cent cinquante kilos qui se baladent au gré des vagues et du roulis, ça provoque des dégâts, à commencer par le tuyau de remplissage, à moitié arraché et fendu sur dix centimètres, fente par où le précieux liquide en profite pour se faufiler et se déverser dans la cale. Le réservoir ainsi mobile avait même commencé à arracher le faisceau de câbles électriques desservant l’avant du bateau : il était plus que temps d’agir…

Et quand il s’agit d’agir, sans gîte, l’agile DD s’agite, ajointe, ajoute et ajuste sans jurer. Il faut faire solide, mais sans stratifier : Cathy et MarieJo sont à bord, donc il est hors de question que le carré empeste la résine de polyester ! Du coup, c’est un cadre digne du plus habile des charpentiers qui est concocté et réalisé avec les moyens du bord, solidement fixé, qui devrait ôter toute velléité de vagabondage au récipient.

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Le cadre et le réservoir

Il n’y a plus qu’à remplacer la partie abîmée du tuyau, et miracle, plus d’eau douce dans les fonds !

Ah oui : nous en avons aussi profité pour réparer la douchette de pont, accessoire de seconde priorité lorsque nous naviguons, mais élément essentiel de confort au mouillage après la baignade pour la douceur de nos moitiés.

Nous pouvons donc reprendre le cours de nos navigations d’un cœur plus léger… Jusqu’au prochain petit soucis.

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1– Pour éviter de passer inutilement pour un béotien de base dans le vaste domaine des choses de la Marine (la vraie, pas celle qui encombre notre horizon politique et navigue à vue au gré des événements pouvant exacerber la xénophobie latente), il est rappelé que, tout comme « bout » se prononce « boute », « canot » se prononce « canote ». C’est comme ça.

2– Vous nous connaissez : nous n’avons pas peur de mettre la barre très haut sur Kousk Eol.

Première journée dans le lagon sud de Nouvelle Calédonie

Mercredi 6 juillet 2016. Aujourd’hui nous partons à la découverte de l’immense lagon au sud de Nouméa. Nous copains de Thétis nous proposent d’aller voir le phare à Médée1 sur son îlot, avec Kousk Eol, afin de constater la supériorité écrasante des monocoques par rapport aux catamarans. Et accessoirement découvrir les beautés du lagon.

La sortie démarre très mal : léger vent d’ouest qui permet de gonfler le Code D sur une mer d’huile, ça à la rigueur, on accepte. Mais soudain : « J’ai vu un souffle là-bas sur la droite ! ». Carrément un banc de baleines… Évidemment, il faut se dérouter pour aller voir, et finalement nous perdrons presque deux heures à soit disant admirer la majestueuse grâce de ces monstres jouant à cache-cache entre deux immersions, soufflant leurs jets vaporeux et replongeant en levant la queue. Spectacle limité et assez répétitif somme toute. Mais il y en a qui semble aimer ça.

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Bon là elles soufflent.
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Là elles font le dos rond.
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Ici elles s’apprêtent à plonger…
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Et puis le coup de la queue, qui suscite toujours autant de haa et de hoo…

L’instant attendu du taboulé se faisant imminent, il est temps de changer de cap et enfin de se diriger vers le fameux îlot. Et là, au milieu de nulle part, c’est un serpent qui vient onduler près de la coque : un serpent beige2 qui chasse la murène. Mais qu’est-ce qu’ils vont encore inventer pour surprendre les touristes ?

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Gentille bébête à ne pas chatouiller trop fort…

Et l’heure standard, normale, d’un déjeuner qui se respecte aura été largement dépassée quand nous prenons finalement un corps mort devant le phare Amédée, belle structure métallique blanche de 1862, de plus de cinquante mètres de haut, balisant le récif et la passe nord.

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Le phare Amédée sur son îlot.
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Depuis le mouillage.

Et là, vous vous dites : « Enfin, les pauvres, ils vont pouvoir s’asseoir et déguster leur taboulé mérité autant qu’attendu ! ». Que nenni : c’est juste ce moment que choisit une tortue, avec son rémora, pour nous rendre visite et se pavaner comme une vedette… Et hop que je t’extasie et que je te ressors les appareils photo. Pendant que le taboulé refroidit.

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Tortue et son rémora.

L’îlot est au cœur d’un parc protégé : l’eau est très claire et depuis le bateau le spectacle est féerique. Coraux, poissons multicolores, énormes carangues et becs de canard…*

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Bec de canard.

Au moment de rentrer, le vent est complètement tombé et nous ferons une démonstration de Volvo à nos nouveaux amis, bien sûr avec les dauphins qui viennent faire les marioles autour de Kousk Eol.

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La fine équipe.

Et c’est de nuit que nous retrouvons notre place à Port Moselle, où nous attendait Sophie !

Super journée : c’est plutôt de bonne augure pour la visite de MarieJo e Cathy !

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1
– Bon, il semblerait d’après des avis autorisés que ce soit plutôt le phare Amédée. Si on veut…

2– Aipysure lisse : on a de l’éducation ou non.