Valdivia – Juan Fernandez

Mercredi 18 février 2015 – Ça y est: Jacques nous a quitté comme prévu pour aller vers Santiago, après presque trois semaines avec nous, plus à préparer le bateau qu’à naviguer… Ce n’est que partie remise!

Derniers préparatifs avant de quitter Valdivia, puis nous disons au-revoir à nos voisins de ponton.
Hier soir, nous avons fait un repas à bord avec eux: les antipodes réunis autour de la même table… Nous avons bien essayé d’unir nos idées pour rebâtir le monde, mais nous nous sommes quittés sur un constat d’échec, en ayant le sentiment d’avoir tout de même travaillé à renforcer l’amitié franco-australienne pour les décennies à venir!

Et au moment du départ, Mike, le skipper australien solitaire de Carmen (76 ans!) nous apprend qu’il ne retrouve ni son passeport, ni les papiers de son bateau… « C’est peut-être aussi simple pour moi de rentrer en Australie faire refaire mes papiers! ». C’est sûr: environ 6000 milles, la porte à côté, quoi. Mais personne pour demander les-dits papiers pendant ce temps!

La veille, l’Armada est venue vérifier que Kousk Eol était apte à prendre la mer, et surtout que nous avions bien tout l’équipement de sécurité: un sans-faute, jusqu’au moment où le préposé contrôle la date de péremption de nos fusées de détresse, plus obligatoires en France, mais que nous gardons à bord, au cas où… Petite leçon sur l’importance de ces fusées. Nous nous étonnons que cette vérification ne soit faite qu’au moment de quitter le Chili: c’est vrai que les formalités d’entrée à Puerto Williams avaient été plutôt cool! Mais bon, nous avons tout de même l’autorisation de partir.

Le temps est au beau. Mais l’anticyclone un peu musclé… Nous avions eu l’occasion de tester plusieurs programmes sur Kousk Eol dans la descente de l’Atlantique: lavage grand teint, rinçage XXL avec essorage combiné et vitesse aléatoire (ne cherchez pas: options uniquement disponibles sur Kousk Eol). Ici, nous découvrons en plus la fonction « Essorage à sec »: soleil, 30-35 nds de vent et vagues de plus de 4 m!

L’équipet où sont stockées les soupes n’y résiste pas: grand choix de bouillon, veloutés et autres consommés répandus sur le plancher. De toutes les façons, ça secoue trop pour faire de la cuisine!

Jeudi 19. Le bateau marche bien, mais se fait coucher de temps en temps. Au matin une vague arrache la planche qui retient les bidons de gas-oil: sauvetage in extremis! Il faudra revoir l’arrimage! Alors qu’on avait mis tant d’amour à tailler et fixer cette planche à Piriapolis avec Jacques (D., pas V.: faut suivre!)…
Nous sommes à mi-chemin en milieu de journée: encore 220 milles à courir.

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Sur le Pacifique…

Vendredi 20: Nous avons fait 206 milles pendant les dernières 24h: un record pour Kousk Eol, avec 3 ris dans la grand-voile et sous trinquette! Virgule dix-sept pour les incrédules. Et les esprits chagrins qui prétendront que le GPS a été acheté à Marseille n’ont qu’à passer leur chemin en s’assurant de bien traîner leur dédain derrière eux…

En fait, c’est tout simplement qu’on est vendredi, et qu’on s’était dit que ça ferait quand même classe d’arriver à l’île de Robinson Crusoé un tel jour. Non?

Petit revers à la médaille: la mer est chaotique, les vagues, bien qu’un peu moins fortes (2 à 3 m) aujourd’hui, sont désordonnées pour utiliser un banal euphémisme. Nous avons l’impression que notre normalement irréprochable Kousk Eol s’est transformé en casserole incontrôlable, une espèce d’attraction de Disneyland qui aurait foiré, un Space Mountains demandant de sérieux serrages de boulons…

Le largue avec 3 ris dans la grand-voile n’aide pas à stabiliser le bateau, malgré les 25 nds de vent. Nous relâchons un ris et le génois: léger mieux… Kousk Eol file tout de même à 8-9 nds.

Côté longue houle langoureuse du Pacifique, on s’est un peu fait avoir!

En fin d’après-midi, nous apercevons les sommets de Robinson Crusoé dans les nuages: ça va être juste pour arriver de jour!
C’est vers 22h que nous entrons finalement dans la Bahia Cumberland. Petit tour de reconnaissance avant de jeter l’ancre… Merde: nous nous prenons dans une ligne de mouillage qui barrait la route sur plus de 20 m, invisible de nuit! Il faudra couper tout ça demain matin!

Et encore un rêve de gosse qui devient réel: d’ailleurs, je ne crois pas que nous savions, étant gamins, que l’île de Robinson Crusoé existait vraiment… Alors, y arriver un vendredi, je vous dis même pas!

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