12 février 2015. Départ vers midi après un dernier café avec l’équipage de Denique, et surtout après la visite à bord de l’Armada pour l’autorisation de partir.
Cela fait tout drôle de reprendre la mer après tant de mois à terre… Le temps est beau et nous avons un vent de Sud d’une vingtaine de nœuds, donc quelques bords à tirer. Cet après-midi sera une reprise en douceur: nous nous arrêtons vers 16h30 à un mouillage tranquille devant le petit village de Puerto Calbuco pour la nuit: demain nous repartirons plus tôt pour avoir le courant dans le bon sens au passage du nord de Chiloe.
Comme nous sommes toujours en Patagonie, la faune ne fait pas défaut: manchots de Humbolt, lions de mer, pélicans… Et bien sûr il y a longtemps qu’on ne comptabilise plus les cormorans!
13 février. Nuit calme et lever vers 7h pour un départ à 8h. Le vent s’est établi autour de 20 nds: moyenne des estimations du bord (corroborée tout de même par les GRIBs), car l’anémomètre a décidé que pour lui la pause continuait… Il a du être endommagé au ponton par un oiseau un peu gros: lorsque nous sommes arrivés à Puerto Montt, le secteur de girouette avait été déplacé.
Un peu de près dans les chenaux au nord de Chiloe: le vent du sud est frais! Puis on part cap à l’ouest pour rejoindre le Pacifique: bientôt nous quitterons la Patagonie!. Une cinquantaine d’otaries curieuses viennent tourner autour de Kousk Eol: c’est quand même mieux qu’au zoo! Tellement beau que mieux ça risquerait d’être moins bien.
Et puis ça y est: en début d’après-midi, le Pacifique! Clignotant à droite et on file vers le nord à 10 nœuds, grand largue. Le temps est beau mais ici, bizarrement, le vent du sud est frisquet… Si ça continue, on va arriver de nuit dans l’estuaire de Valdivia: prudence, on va donc ralentir. La grand-voile est ferlée. Et le génois nous tire toujours à 10 nds. Bon d’accord, on en roule un tiers: 9 nds! Finalement, c’est avec à peine un quart de génois que nous continuerons à plus de 6 nds de moyenne… Et sans la grand-voile, le bateau roule inconfortablement dans une houle de 3 m assez courte: 50 m crête à crête.
Pacifique, vous avez dit?
14 février. Premiers quarts de nuit depuis bien longtemps, avec cirés et bonnets. Pas un seul feu de bateau durant tout le trajet, mais un ciel d’une très grande pureté. Nous sommes juste sous la Voie Lactée, et la Croix du Sud confirme que nous remontons bien vers le nord. Et nous repassons les 40°S: s’ils veulent continuer à rugir, ce sera sans nous!
Au petit matin, nous sommes encore à 15 milles de l’embouchure: le vent est presque tombé, et c’est donc une petite risée Volvo qui nous entraîne vers Valdivia, sur une mer presque plate.
10h: nous sommes dans la Bahia Corral, entrée du rio. Et bien sûr, baleines, otaries, pétrels, cormorans, pélicans, etc. Mais ça, on vous l’a déjà dit.
Et toujours les mêmes décalages sur les cartes CM93: la position GPS se retrouve environ 1 mille trop au sud. Heureusement le 2e jeu de cartes est lui bien calibré…
Une heure et demie plus tard, nous mouillons à la marina Alwoplast, quelques milles avant Valdivia, où nous retrouvons Carmen, avec son skipper Mike et Shane.
Bonne remise en jambes!
Juste deux petits mots sur Mike: il va fêter ses 76 ans dans trois jours, vient de traverser seul d’Australie au Cap Horn (50 jours), et rentre dans une semaine chez lui par le sud de la Polynésie… Il y a de l’espoir!