Mercredi 27 avril. Le thon de Maurice fait de l’usage. Après le carpaccio, les steaks, bien saignants. Et comme on n’en arrive toujours pas à bout, on le finira en salade…
Une réunion au sommet est tenue dans l’antre de Cécile et Maurice pour planifier les retours de nos équipiers : Cécile doit être de retour à Tahiti le treize au plus tard, et Maurice aimerait bien rester avec nous jusqu’à Wallis. Le seul problème étant de ne pas rater le vol Wallis-Papeete, qui n’existe pas…
C’est surprenant, mais Irène et Maurice, qui se connaissent à peine, ont décidé de renégocier les termes du contrat de navigation passé pourtant unilatéralement avec nous.
Comme ils sont tout de même deux, motivés les bougres, et que finalement nous, nous sommes seuls, chacun, nous sommes vites tombés d’accord sur une organisation plus simple, sinon moins satisfaisante : chacun à son tour fera la cuisine et prendra les quarts de nuit. Entre André et Claude.
C’est évidemment un tout petit peu moins satisfaisant pour nous, mais nous aurons à cœur de montrer que nous savons nous adapter…
Cet aspect bassement matériel étant évacué, revenons à nos préparatifs.
Hier, impossible de démarrer le moteur hors-bord. On fait appel à un mécano : au plus tôt on récupérera l’engin en fin de journée. Donc pas de départ aujourd’hui : le plan révisé est de partir demain matin, faire un stop pour le déjeuner à Moorea, puis d’enchaîner sur Raiatea pour y arriver le vendredi.
Ce matin, après deux jours de beau temps, un gros grain est venu nous saluer. Vent et trombes d’eau pendant une demi-heure : comme le soleil est vite revenu, on a fait semblant de rien.
Soirée sympa : Jacques V. avait, encore une fois, des copains de passage à Tahiti. Impossible de ne pas les rencontrer. On se retrouve donc tous à bord de Kousk Eol : Cécile, Irène, Maurice, André, Jean-Pierre, Nathalie, Claude.
Nathalie et Jean-Pierre sont ici pour deux semaines, entre Tahiti, Moorea et Bora-Bora. C’est leur première visite : on espère pour eux que la météo saura faire preuve d’un peu de clémence…
28 avril : le moteur hors-bord n’étant pas revenu, nous ne sommes pas partis hier… Ce matin ?
8h30 : le Suzuki revient à bord, non réparé… Le carburateur semble être le coupable, buses bouchées. Tant pis : nous sommes prêts, nous partons vers neuf heures et demie. Il a plu toute la nuit : original, non ? Donc notre départ se fait sous de beaux nuages à grains. D’ailleurs Moorea en profite pour jouer à cache-cache : un coup je te vois, un coup je ne te vois plus…
C’est la première sortie sous voiles depuis plus de six mois : on en profite pour tout re-vérifier. Mais Kousk Eol, encore une fois, et en toute modestie, est un bon bateau avec un équipage au top.
Vers treize heures, nous mouillons, tout mouillés, à l’entrée de la baie de Cook. Nous arrivons à manger entre deux grains dans le cockpit, en faisant vite. La météo ne s’améliore pas : il va continuer à pleuvoir cette nuit, avec un vent peu favorable. Pas la meilleure configuration pour traverser vers Raiatea, à un peu plus de cent milles au nord-ouest.
On tentera demain : il y aura toujours des grains, mais un vent un peu moins défavorable. Le moral chez nos équipiers n’est pas au beau non plus…
29 avril : toujours de gros nuages qui nous lâchent leurs citernes sur la tête.
La météo prévoit quinze à vingt nœuds de vent de sud-est, donc favorable pour Raiatea. Avec des grains bien-sur. Donc on y va, départ vers neuf heures trente, quitte à faire une entrée du lagon de nuit : la traversée fait une centaine de milles, et nous sommes déjà à plus de sept nœuds. Et donc on se prend un grain…