Port Moresby
Port Moresby est la capitale de la Papouasie-Nouvelle Guinée. Vous l’avez deviné, c’est un port, même le plus grand du pays.
La Papouasie a acquis son indépendance en 1975, après une colonisation anglo-hollando-germanique1, suivie de l’invasion japonaise durant la deuxième guerre mondiale puis une administration australienne. Le pays fait partie du Commonwealth : c’est une monarchie constitutionnelle, dont le chef de l’État est la reine d’Angleterre, qui compte entre sept et huit millions de Papous entre autres. La Nouvelle-Guinée est la troisième plus grande île du monde, derrière l’Australie et le Groenland. Mais le pays est aussi constitué d’une pléthore d’îles à l’est. Les habitants sont très attachés à leurs coutumes et à leur tribu d’origine. Certaines tribus, tellement isolées, n’ont été « découvertes » que très récemment. Cet aspect tribal et coutumier complique apparemment l’installation d’une démocratie véritable : on élit un chef de clan plutôt qu’un représentant national.
Encore une fois, le temps nous est un peu compté, et l’océan Indien devant nous une très grosse étape. Le plan est donc de faire un court stop à Port Moresby, bien placé avant le détroit de Torres, pour souffler un peu et reconstituer les réserves de frais.
Port Moresby (environ cinq cent mille habitants) est réputé faire partie des dix villes les plus dangereuses du monde : ça ne donne pas trop envie d’aller flâner dans les rues le soir ! Ni d’y rester trop longtemps. La nourriture pas saine ? Les crocodiles de mer ? Les chauffards ? L’eau impropre à la consommation ? La pollution ? Les poux papous2? Allez savoir : on évitera tout ça.
Vendredi 19 août 2016– Ça y est, nous sommes à Port Moresby, dans la magnifique marina du Royal Papua Yacht Club : c’est à ça qu’on voit que les Britanniques ont été plus fort que nous en tant que colonisateurs. Là où nous nous échinions à faire construire des routes et des infrastructures dans notre ex-empire (avec des bagnards ou autres enrôlés de force, pour piller exploiter les ressources locales, nous sommes d’accord), les lointains rejetons des Angles, pas forcément obtus, y allaient carrément et s’assuraient que leur culture des clubs, avec le portrait de la Reine et l’apparat qui va avec, serait perpétuée. Donc le RPYC est un club avec un commodore et un staff dont la liste des noms ne tient pas sur le mur du hall, pourtant haut. Bien sûr, il faut être membre pour y accéder. Coup de bol, les yachts visiteurs bénéficient d’une adhésion temporaire gracieuse. Et Kousk Eol entre, probablement de justesse, dans la catégorie des yachts pour les Anglo-saxons. Nous l’avons échappé belle…
Trêve de digression, nous sommes donc dans la capitale de PNG3. Donc, supputez vous, il devrait être facile d’avoir de l’internet. Effectivement, le club offre impérialement trente minutes de connexion gratuites. Tout juste le temps de se bagarrer avec Google Mail pour confirmer que c’est bien moi qui essaie de lire mes emails depuis la Papouasie. Pas grave, on prendra l’option payante.
– Oh no, Sir : the system is down.
– No problem ! We will wait until tomorrow.
– Oh no, Sir, the system will be fixed long after you have leaved… Sorry… But we have very good local beer at the bar.
N’étant pas du genre à se laisser abattre par semblable vétille, nous voici donc partis à explorer le centre de Port Moresby à la recherche d’un cyber-café. Centre-ville facilement oubliable il faut bien le dire, malheureusement. La grande gentillesse des habitants n’y peut rien. Si on veut visiter la PNG, ce n’est visiblement pas à Port Moresby qu’il faut aller. Et des cybercafés, alors ? Il paraît qu’il y en a eu. Il paraît… Mais il n’y en a plus. En tout cas pas en ce moment. Donc pas de mise à jour du blog ni d ’emails avant un moment. En attendant, comme on passe devant une galerie marchande, on en profite pour faire quelques courses avant de repartir demain matin.
Dernière soirée à Port Moresby au restaurant du Yacht Club… La viande y est excellente. Mais bien que nous soyons dans le plus luxueux des yachts clubs de NPG, le préposé est surpris que nous lui demandions un bulletin météo. C’est vrai que les bateaux amarrés aux pontons, surtout à moteur, ne semblent pas avoir pour vocation première de beaucoup naviguer. La fonction principale du club semble être tout d’abord de servir de lieu de rencontre pour expatriés.
Nous n’aurons pas été agressés durant ce séjour extrêmement court, ni ne nous serons sentis en danger, mais le métier de garde est largement représenté ici : une bonne dizaine dans la marina, plusieurs devant la plupart des bâtiments, supermarchés, bureaux, banques, etc. Au contraire, nous avons été agréablement surpris par la prévenance des Papous, toujours prêts à donner un coup de main, à discuter.
Samedi 20 août, 10h : après un petit café et la visite de la douane pour le bon de sortie, nous quittons le ponton du RPYC vers le Détroit de Torres, avec d’abord la traversée du golfe de Papouasie sur cent quatre-vingts milles.
Un peu de patience : on vous racontera la suite si on retrouve une connexion…
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1– Les Allemands perdent leur territoire (archipel de Bismarck) lors de la première guerre mondiale. Et les Hollandais rétrocèdent la partie occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée à l’Indonésie.
2– Le bougre : il a osé !
3– Trop ringard de dire Papua-New Guinea : ici, tout le monde préfère PNG. Donc.