Dossier scientifique: la ciguatera

Aujourd’hui, toujours dans ce soucis de partager humblement avec vous nos connaissances encyclopédiques (vous nous connaissez), nous aborderons un sujet qui fait couler énormément de salive chez les nomades des atolls: la ciguatera, aussi appelée entre initiés qui savent la gratte.

La ciguatera c’est quoi?

D’après les gens qui s’y connaissent, eux, c’est une algue microscopique, toxique, qui se développe sur les coraux. Avalée à plus ou moins forte dose par l’homme, elle provoque des démangeaisons, puis un état de fatigue pouvant lui-même dégénérer très gravement.
Donc: c’est une saloperie.

Et Caraïbes ou Polynésie: même combat!

Mais en quoi la ciguatera nous concerne?

Si vous avez l’habitude d’acheter votre poisson au rayon surgelé de Carroufe, cet article n’est pas pour vous. Vous pouvez passer directement à l’article suivant du blog.
Si par contre vous aviez des velléités de sortir votre fusil-harpon pour faire quelques cartons dans les coraux, attendez d’avoir lu ces lignes…

Les poissons non-carnivores des atolls vont se nourrir en broutant le corail, et donc en faisant le plein de l’algue maléfique. Conséquence: il ne faut pas les manger…
Bon: il reste les prédateurs, me direz-vous. Grossière erreur: ces derniers, plutôt en bout de chaîne alimentaire, accumulent via leurs proies un concentré de toxines. Donc à éviter encore plus!
Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi les mérous viennent vous narguer? Ils ont bien assimilé leur statut d’impropres à la consommation!
Les barracudas, c’est pire!

En arrivant aux Marquises, nous nous sommes renseignés auprès des îliens. Ces derniers ont dû subir une forte influence de marins normands, car la réponse-type était: ça dépend. Sur certaines îles, la partie Ouest était infectée mais pas la partie Est. Sur l’île d’à côté, c’était bon au Nord mais pas au Sud. Sur la suivante, il y avait de la ciguatera partout. Et un peu plus loin, pas du tout…
Ce qui était plus inquiétant est que nous avons rencontré des Marquisiens en cours de guérison, dans les endroits réputés non-atteints!

Nous avons eu un peu le même genre de discours aux Tuamotu.
Donc: les critères géographiques ne semblent pas d’une fiabilité incontestable…

On nous a aussi dit que certains poissons n’avaient jamais la ciguatera. Par exemple, le gros perroquet vert. En plus il est facile à pêcher.
En regardant de plus près, il est tout de même toute la journée à gratter le corail avec son bec, non?
Effectivement, plusieurs pêcheurs nous ont dit de faire attention quand même.

Alors, on nous a aussi expliqué qu’il y avait heureusement des moyens infaillibles, scientifiques, de détecter si un poisson était contaminé. Entre autre:

– Ouvrir le poisson: si les mouches se précipitent dessus, pas de ciguatera!
– Donner un bout de poisson à votre chat: s’il le mange, pas de ciguatera non plus.

Soucis quand même: c’est rare d’avoir des mouches aux mouillages… Et je n’ai pas vu beaucoup de voiliers avec un chat à bord.
Et vous feriez confiance à une mouche, vous, pour savoir si un poisson est bon à becqueter? Vous avez déjà vu de quoi elles se nourrissent, les mouches, en général?

Mais alors, on ne peut pas manger sa pêche?

Rappelez-vous: la ciguatera n’est présente que dans les récifs, pas en pleine mer.

Donc tous les thons, thazards et autres mahi-mahi pêchés à la traîne sont comestibles.

A l’intérieur des atolls, troquez votre fusil contre un appareil photo!

Sinon, vous pouvez toujours vous gratter…

7 réflexions sur « Dossier scientifique: la ciguatera »

    1. Il faut bien réaliser qu’on mène une vie intense, sans répit: c’est pas facile tous les jours!
      Bon: il faut aussi admettre qu’internet profite aussi des îles, et se met au vert assez souvent…
      Dur, dur…
      Mais on va s’y remettre!

      1. J’étais , relativement, pas très loin de vous il y a 15 jours, à Nouméa.
        C’est vrai que les lagons ont de belles couleurs.

  1. Salut les valeureux marins marrants !
    Quelle belle traversée vers les Marquises. Je retrouve dans vos récits tout ce que j’y ai vu et entendu aux Marquises, aux Toamotu et aux îles de la Société. En revanche vous ne parlez pas des « nonos ». Ces saloperies de petites mouches qui habitent les forêts primaires des îles du Pacifique (sandfly chez les Kiwis) et qui vous arrachent un bout de peau et génèrent des infections qui elles aussi grattent très fort. 10 ans après j’ai toujours des cicatrices de leurs piqures cannibales .
    En Juin j’ai aussi réalisé un rêve de gosse, très lointain, une aventure modérée car j’ai remonté le cours de la Loire en vélo depuis son estuaire jusqu’à la source. 1100 Km. Cà c’est fait !
    L’autre rêve était d’aller aux Marquises, mais c’était déjà fait en 2005.
    Continuez bien à nous alimenter de vos récits et à vivre vos rêves de gosses !
    Amitiés, Michel

    1. Salut Michel!
      Nous, marrants? Y a pas plus sérieux!
      Si nous ne parlons pas des nonos, c’est que nous n’avons eu que très rarement affaire à eux… Nous n’avions ni moustiques ni nonos (ni autres bibites du même acabit) à bord de Kousk Eol, à bord duquel nous étions en général au mouillage aux « mauvaises » heures…
      Remonter la Loire en vélo, ça c’est un « achievement »! Bravo! Nous, on se contente de se laisser pousser par le vent…
      Bises à tous les deux et à bientôt.

      1. Salut à vous,

        J’ai oublié aussi de vous demander si les chiens errants sont toujours aussi nombreux et c… ainsi que les gallinacés qui, au petit matin, vous réveillent en chantant…. Ah j’oubliais, vous êtes sur l’eau, bien plus peinard que sur terre.
        A bientôt les amis. Biz à vous.
        M&M

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